mardi, mars 19, 2024

Aggravation de la crise arménienne : les partisans de Pachinian bloquent Erevan

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Des dizaines de milliers de manifestants paralysaient mercredi Erevan pour protester contre le refus la veille du Parlement arménien d’élire l’opposant Nikol Pachinian au poste de Premier ministre.

Les protestataires se sont rassemblés dans le centre de la capitale de l’Arménie pour répondre à l’appel à la « désobéissance civile » de M. Pachinian qui mène la contestation depuis le 13 avril dans cette ex-république soviétique du Caucase.

Presque toutes les artères de la ville ont été bloquées, dont la voie d’accès à l’aéroport, et de nombreux magasins fermés, ont constaté des correspondants de l’AFP. Les trains de banlieue et les métros connaissaient de fortes perturbations.

L’Arménie est plongée depuis trois semaines dans une crise politique sans précédent. Des manifestations de plusieurs dizaines de milliers d’opposants ont provoqué le 23 avril la démission de Serge Sarkissian, qui venait d’être élu Premier ministre six jours auparavant par les députés, après avoir été à le chef de l’Etat pendant dix ans.

Mercredi, des dizaines de milliers de personnes, selon une estimation de l’AFP, étaient rassemblées à Erevan, agitant des drapeaux de leur pays, soufflant dans des vuvuzelas et criant « Une Arménie libre et indépendante ! ».

« Chers amis, le métro et les routes ont été paralysés, la route vers l’aéroport fermée », a déclaré M. Pachinian à ses partisans, ajoutant que des universités et des écoles s’étaient jointes au mouvement de protestation. Peu après, M. Pachinian a cependant demandé à ses partisans de rouvrir la route vers l’aéroport.

La police n’est jusqu’à présent pas intervenue pour mettre fin à ces protestations.

« Plusieurs scénarios sont actuellement en discussion. Chaque scénario aboutit à la victoire du peuple », a assuré M. Pachinian qui arborait comme à l’accoutumée un T-shirt kaki et une casquette noire.

« Les gens ne cèderont pas, les manifestants ne reculeront pas », a affirmé à l’AFP Sergueï Konsulian, un homme d’affaires de 45 ans.

« Nous gagnerons parce que nous sommes unis, tout le peuple arménien est uni », renchérissait Gayane Amiragian, une étudiante de 19 ans.

Une nouvelle manifestation est prévue pour 13H00 GMT dans le centre d’Erevan.

Le parlement n’a pas pu se réunir mercredi en l’absence de quorum, dû au refus du Parti de la prospérité de participer aux travaux. « Le pays se trouve dans une situation d’urgence. Notre groupe lance un boycott politique », a déclaré un député de ce parti, Vahe Enfiagian.

– Nouveau vote dans une semaine au plus –

En vertu de la Constitution, le Parlement doit procéder à un nouveau vote dans un délai d’une semaine au plus après l’élection infructueuse de mardi. S’il échoue une nouvelle fois dans sa tentative d’élire le chef du gouvernement, il est dissous et des élections législatives anticipées sont convoquées.

Le Parlement, réuni en session extraordinaire mardi pour élire un Premier ministre, a rejeté la candidature de l’opposant Nikol Pachinian, qui était le seul candidat.

Le Parti républicain au pouvoir, qui dispose de la majorité absolue, a voté contre lui. Sur les 100 députés ayant participé au scrutin, 55 se sont exprimés contre et 45 pour la candidature du chef de la contestation.

« Monsieur Pachinian, je ne vous vois pas au poste de Premier ministre, je ne vous vois pas commandant en chef », a martelé Édouard Charmazanov, le porte-parole du Parti républicain et vice-président du Parlement.

Après le vote, Nikol Pachinian avait promis un « tsunami politique » si le Parti républicain « volait la victoire du peuple ».

– Devenu un héros –

Dès l’annonce de sa candidature, Nikol Pachanian a multiplié les démonstrations de force, réunissant presque quotidiennement ses partisans sur la place de la République.

Son rôle de meneur au cours des dernières semaines l’a transformé en « héros » aux yeux de nombreux Arméniens, assure l’expert indépendant Ervand Bozoïan.

« Depuis les années 1990, les gens n’espéraient plus de changement dans ce pays. Maintenant, ils voient que c’est possible. Les gens sont surpris », souligne-t-il.

Président de l’Arménie de 2008 à 2018, Serge Sarkissian et son Parti républicain sont critiqués par les partisans de M. Pachinian pour n’avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption et avoir laissé aux oligarques le contrôle de l’économie de ce pays de 2,9 millions d’habitants.

La Russie, qui voit d’un très mauvais oeil toute contestation populaire susceptible d’amener au pouvoir dans une république de l’ex-URSS des dirigeants hostiles au Kremlin, comme cela a été le cas en Géorgie et en Ukraine, a adopté une attitude neutre face à la crise en Arménie.

Après avoir d’abord souligné qu’il s’agissait d’une affaire intérieure arménienne, la Russie a joué les médiateurs : Vladimir Poutine a appelé le Premier ministre par intérim Karen Karapetian et plusieurs contacts ont eu lieu entre les autorités russes, des représentants du pouvoir arménien et Nikol Pachinian. RTL

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