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OIM : Il n’y a pas de migrants illégaux, il n’y a que des migrations irrégulières

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Migrants illégaux ! « Un migrant, un être humain n’est pas illégal, ce sont ses actions qui peuvent l’être. » C’est un des exemples donnés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Sénégal pour illustrer comment les termes employés notamment par la presse à propos des migrants sont connotés négativement.

Du 20 au 21 décembre à Dakar, le bureau Sénégal de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a organisé un atelier de formation sur « le traitement de l’information liée à la migration à l’ère du numérique » destiné à la presse, aux étudiants en journalisme et à certains acteurs de la société civile.

Dans son allocution d’ouverture de l’atelier, la représentante de l’OIM au Sénégal Mme Jo-Lind  Roberts-Sene a insisté sur le « rôle fondamental que jouent les médias, [qui] doit amener les journalistes, bloggeurs, reporters et autres, à chercher les mots justes, à utiliser les bons termes, afin que le message produise l’effet escompté ».

La chargée de la communication et des médias de l’OIM Afrique de l’ouest et du centre, Mme Florence Kim a, dans un jeu de questions-réponses, voulu tester les connaissances des participants dans ce domaine de la migration mais aussi tordre le cou à quelques préjugés.

Notamment en ce qui concerne une définition du migrant international : il n’y en a pas et il n’y a pas de cadre juridique à proprement parler ni de convention internationale pour la migration. Si l’expression « migrant économique » est souvent utilisée pour décrire des candidats à l’exil n’ayant pas quitté leur pays pour les motifs exposés dans la Convention de Genève de 1951 sur le statut de réfugié (risques de persécution, etc.), elle n’existe pas en droit international.

Les participants à l’atelier ont été surpris en apprenant que la migration est un droit fondamental consacré dans l’article de 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 mais qui n’est pas toujours reconnu comme tel. Chaque pays demeure souverain et est libre de décider qui a le droit de passer sa frontière et comment.

Il s’agit donc de démystifier et de remettre les choses en perspective notamment les termes employés par rapport aux chiffres. Par exemple, cent vingt mille migrants sont arrivés en Italie en 2017. Peut-on parler d’une invasion de l’Union Européenne quand celle-ci compte plus d’un demi-milliard d’habitants ?!

Vous êtes convaincus que des centaines de millions de migrants africains passent les frontières pour se rendre en Europe et en Amérique du Nord ? Il est vrai qu’à la télévision, ce sont surtout eux qu’on voit ! Mais la Terre compte quelque 7 milliards d’êtres humains, parmi ceux-ci on compte environ un milliard de migrants mais ils sont seulement 244 millions à être des migrants internationaux. Les plus nombreux parmi ceux-ci viennent d’Asie suivis par les Européens puis les ressortissants d’Amérique du sud et centrale.  Les Africains sont en queue de peloton. Ils représentent 14% du total et la moitié d’entre ces derniers ne dépassent pas les limites du continent africain.

En ce qui concerne tous ceux qui décident de migrer en quête d’un avenir meilleur et d’un travail, l’OIM recommande l’expression juridique de « travailleurs migrants » plutôt que celle de « migrants économiques ».

« Migrant clandestin » ! Ecrivons plutôt migrant irrégulier

Les migrants irréguliers qui ne bénéficient d’aucune protection internationale contrairement aux personnes reconnues comme étant « réfugiées », sont plus vulnérables parce que n’ayant pas d’existence légale dans le pays où elles se trouvent, elles peuvent être plus facilement victimes de la traite des êtres humains.

On estime que 27 millions de personnes sont victimes de la traite dans le monde. Elles peuvent être soumises entre autres choses, à l’exploitation sexuelle et au travail forcé. Traite qu’il ne faut pas confondre avec le trafic d’êtres humains qui est l’activité des passeurs. Ceux-ci font passer illégalement les frontières aux migrants avec le consentement de ceux-ci mais en enfreignant les lois des pays.

Et quel est le rôle de l’OIM ? « Faire ouvrir les frontières et donner plus de droits aux migrants ! », c’est ce qu’on peut entendre de la bouche des détracteurs de l’OIM.

Depuis septembre 2016, l’OIM est l’organisme des Nations Unies chargé des migrations et à sa création en 1951, elle se limitait à la logistique mais par la suite l’agence intergouvernementale a eu pour rôle d’encadrer les migrations, protéger les migrants, les aider à rentrer chez eux quand ils le souhaitent, les aider à se réinsérer, aider les Etats dans la mise en place de leur politique migratoire mais aussi favoriser une meilleure compréhension des migrations et de leurs aspects positifs pour le développement économique et social, du pays d’origine, de transit ou de destination.

La deuxième et dernière journée de l’atelier a été consacrée à la partie technique, à savoir le journalisme à l’ère du numérique et le traitement des migrations. Pour ce faire, le journaliste et directeur de publication de PressAfrik, Ibrahima Lissa Faye a puisé dans son expérience de la presse en ligne au Sénégal et dans l’ouvrage du journaliste belge Jean-Paul Marthoz « Couvrir les migrations ».

Placide Muhigana,

Dakar, 30 décembre 2017

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