Emmanuel Macron a réveillonné avant l’heure vendredi avec des centaines de soldats français déployés au Niger, leur assurant que « l’effort » sera « maintenu » en 2018 pour lutter contre les groupes jihadistes au Sahel.
« C’est une immense fierté d’être là avec vous ce soir », a déclaré Emmanuel Macron, qui avait tenu à respecter la tradition présidentielle de rendre visite aux troupes à l’étranger à l’occasion des fêtes de fin d’année.
« Pour vous la trêve (de Noël) n’est pas permise et cela nous ne l’oublions pas », leur a-t-il dit devant le foyer de cette vaste base installée au bout de l’aéroport de la capitale nigérienne.
« Nous avons une pensée pour vos familles, elles portent le poids de votre absence. Elles méritent notre reconnaissance et notre soutien », a-t-il ajouté, le ton grave.
Après la Marseillaise, le président a pris place, au milieu de quelque 700 convives, essentiellement des soldats, pour le dîner de gala spécialement préparé par le chef de l’Elysée, Guillaume Gomez, arrivé de Paris la veille.
Avec des produits entièrement offerts par les grossistes du marché de gros de Rungis, près de Paris, le chef a préparé un menu de haut vol: pâté en crôute Elysée veau-foie gras, volaille des Hautes-Pyrénées rôtie aux morilles avant le gâteau Intense chocolat.
Le chef de l’Etat a ainsi soigné l’armée, cinq mois après le trouble provoqué par la démission choc du chef d’Etat major, le général Pierre de Villiers, en désaccord sur des coupes budgétaires. Son successeur, le général François Lecointre, est présent à Niamey.
« Rien ne serait possible sans votre engagement, sans votre dévouement », a déclaré aux soldats Emmanuel Macron, accompagné de la ministre des Armées Florence Parly.
« J’ai confiance en vous », en particulier pour mener à bien la lutte au Sahel, qui « est une priorité » car « c’est là que se joue notre sécurité, l’avenir d’une partie du continent africain ». « Nous ne devons pas laisser le Sahel aux organisations terroristes (…) (il ne faut pas) que nous leur cédions la moindre once de territoire ».
Pour lui, l’action engagée depuis 2014, par l’intervention Serval au Mali puis par Barkhane, a « porté des coups d’arrêt significatifs aux groupes » jihadistes, qui ne sont « plus capables d’ébranler un Etat ».
– ‘effort maintenu’ au Sahel –
Désormais, « dispersés en bandes mobiles », ils « cherchent à frapper de manière asymétrique » dans cet immensité désertique où « le moindre acacia est une cache potentielle », a-t-il dit.
C’est pour cela, a-t-il ajouté, que « l’effort sera maintenu, fortement » en 2018, avec « la volonté: obtenir des victoires claires, importantes, face à l’ennemi », a ajouté le président français.
Le chef de l’Etat devrait de nouveau discuter samedi de ce dossier, dont il a fait l’une des priorités de son début de quinquennat, avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, qui l’a accueilli à l’aéroport.
Il devrait le féliciter pour sa décision d’engager des moyens militaires supplémentaires dans la force G5 Sahel, qui monte actuellement en puissance avec l’objectif d’atteindre d’ici mi-2018 5.000 hommes venant des cinq pays partenaires.
Le président français va parallèlement annoncer, selon l’Elysée, des « projets concrets » de développement, notamment pour scolariser davantage de jeunes filles, l’une des priorités qu’il avait fixées dans son discours à la « jeunesse africaine » prononcé à Ouagadougou en novembre.
« Le fond du problème n’est pas le terrorisme. C’est le sous-développement, les trafics et l’impact de la croissance de la population. C’est cela qu’il faut résoudre », résume le colonel Colcombel, adjoint au commandant de Barkhane, le général Guibert.
L’éducation est un immense défi pour le Niger qui compte 20 millions d’habitants et l’une des croissances démographiques les plus élevées au monde, à près de 4%. Or il se situait en 2016 en avant-dernière position du classement mondial de l’indice de développement humain de l’agence de l’ONU, le PNUD.
Dans la matinée, Emmanuel Macron rencontrera les unités présentes sur la base aérienne avancée de Niamey qui, avec 500 hommes, des avions de chasse Mirage 2000, des appareils de transport et des drones, est le « hub aérien » de Barkhane, la plus importante opération militaire extérieure menée actuellement par la France.