dimanche, juin 8, 2025

La bombe H testée par la Corée du Nord serait près de 4 fois plus puissante qu’Hiroshima

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Alors que les dirigeants mondiaux, y compris les Chinois pourtant seuls alliés de la dictature nord-coréenne, préparent une nouvelle salve de sanctions économiques destinées à couper les vivres à Kim Jong-Un, plusieurs questions se posent.

Pyongyang a affirmé dimanche avoir testé une bombe H (à hydrogène ou thermonucléaire) « d’une puissance sans précédent » et pouvant être installée sur son nouveau missile intercontinental testé dernièrement et qui place les Etats-Unis à portée de tir.

Pas sûr qu’il s’agisse d’une bombe H

Il s’agit du 6ème essai nucléaire nord-coréen et le plus puissant à ce jour. Même si des experts l’estiment probable, il n’y a pas encore eu de confirmation indépendante qu’il impliquait une bombe H, beaucoup plus puissante que la bombe atomique classique déjà testée par Pyongyang.

La bombe H, basée sur le principe de la fusion nucléaire, libère une énergie supérieure aux températures et aux pressions régnant au coeur du soleil. Les Etats-Unis l’ont testée le 1er novembre 1952 et l’URSS un an après.

La plus grosse à avoir jamais explosé, lors d’un essai soviétique en octobre 1961, avait une puissance de 57 mégatonnes, théoriquement près de 4.000 fois plus que la bombe larguée sur Hiroshima. Aucune bombe H n’a à ce jour été utilisée en dehors de tirs d’essai.

La bombe A, elle, communément appelée « bombe atomique », utilise le principe de la fission nucléaire et a été larguée sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Deux filières ont été développées d’entrée, l’une à l’uranium enrichi, l’autre au plutonium.

« Seulement » près de 4 fois plus puissante qu’Hiroshima

L’énergie dégagée lors de la secousse sismique (6,3 de magnitude) provoquée par l’essai était, selon les services météorologiques sud-coréens, 5 à 6 fois supérieure à celle de la secousse provoquée il y a un an par l’essai précédent.

L’explosion de septembre 2016 (5e essai, lors duquel Pyongyang n’a pas déclaré qu’il s’agissait d’une bombe H) avait provoqué un séisme de 5,3 de magnitude et dégagé une énergie de 10 kilotonnes, moins que la bombe d’Hiroshima (15 kilotonnes). Selon ces comparaisons, on peut donc estimer l’énergie de cette nouvelle bombe nucléaire à 50 à 60 kilotonnes.

Le Nord, qui a réalisé son premier essai nucléaire en 2006, avait déjà affirmé lors de son 4e essai en janvier 2016 avoir testé avec succès la bombe H. Mais les experts en ont douté en raison de la faible puissance détectée de l’explosion (6 kilotonnes).

Dimanche, la télévision publique nord-coréenne a évoqué une bombe « d’une puissance sans précédent ». Il semblerait cependant qu’ils soient encore très loin du record russe cité ci-dessus.

Cet essai pourrait être le dernier

Pyongyang a affirmé que l’essai marquait « une occasion très importante, le fait d’atteindre le but final qui est de parachever la force nucléaire de l’Etat ».

« Je pense que le Nord a atteint le stade où il n’a plus besoin de procéder à des essais. Davantage d’essais n’aurait aucun sens », a dit à l’AFP Koo Kab-Woo, professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul.

Il souligne que le Pakistan, dont le programme nucléaire serait lié à celui de la Corée du Nord, a effectué six essais nucléaires au total et n’a peut-être pas trouvé nécessaire d’en faire d’autres. « Si nous prenons l’exemple du Pakistan, le Nord pourrait en être aux étapes finales », ajoute-t-il.

Pour Cha Du-Hyeong de l’Institut Asan des études politiques de Séoul, le Nord a fait une ultime démonstration de force avec l’essai d’une bombe H et veut que les Etats-Unis croient ce qu’il dit. « Tous les essais technologiques peuvent être interprétés comme un jeu de poker », dit-il. « Vous voulez que votre adversaire interprète votre coup comme vous le souhaitez ».

La Corée du Nord voudrait se faire reconnaître comme puissance nucléaire… mais ne semble pas encore au point

Les analystes sont divisés pour savoir si de nouvelles provocations du Nord pourraient suivre l’essai de dimanche ou bien s’il pourrait permettre l’ouverture d’un dialogue.

Pyongyang a effectué en juillet deux essais réussis d’un missile balistique intercontinental ou ICBM, le Hwasong-14, censé mettre le territoire américain à portée de ses frappes. Mais des interrogations subsistent sur la fiabilité du missile et la capacité nord-coréenne à maîtriser la technologie du retour dans l’atmosphère d’une tête nucléaire. Pyongyang, qui doit aussi prouver qu’il a réussi à miniaturiser la charge, pourrait lancer un autre ICBM ces prochains mois, estime M. Cha.

Le Nord pourrait aussi déployer son nouvel arsenal tout en cherchant une ouverture diplomatique avec Washington, pense le politologue Yoo Ho-Yeol, professeur à l’Université de Corée à Séoul. Ce déploiement interviendrait « au moment le plus propice pour maximiser son impact diplomatique », dit-il à l’AFP.

Pyongyang cherchera à faire reconnaître son statut de puissance nucléaire au sein de la communauté internationale, estime Go Myong-Hyun, chercheur à l’Institut Asan des études politiques.

Le reste du monde prépare de nouvelles sanctions diplomatiques et économiques

Le président sud-coréen Moon Jae-In a réclamé « la punition la plus forte » contre Pyongyang, notamment via de nouvelles sanctions dans le cadre de l’ONU. Le Sud discutera du déploiement des « actifs stratégiques les plus forts de l’armée américaine », selon lui, une référence potentielle à l’arsenal nucléaire tactique retiré de la péninsule par Washington en 1991.

Le président américain avait promis le mois dernier à Pyongyang « le feu et la fureur » après deux essais réussis d’un missile balistique intercontinental (ICBM) censé mettre le territoire américain à portée de frappes nord-coréennes. Jugeant que toute politique d' »apaisement » ne « fonctionnera pas », Donald Trump a estimé dimanche que l' »Etat voyou » était désormais devenu « une grande menace et une source d’embarras pour la Chine », mettant à nouveau la pression sur le géant asiatique pour contrôler son turbulent voisin.

Pékin, principal soutien économique du régime stalinien, a cependant « condamné vigoureusement » l’essai nucléaire de dimanche, à l’origine d’une secousse tellurique ressentie jusque dans le nord-est chinois. Dans un communiqué au ton cinglant, la Chine a exhorté Pyongyang à « cesser ses actions erronées qui aggravent la situation et ne servent pas ses propres intérêts ». L’essai nucléaire a par ailleurs largement éclipsé le vaste forum diplomatique réunissant dimanche en Chine les puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

De leur côté, Moscou, Tokyo, Séoul, Paris, Berlin et Rome n’ont pas tardé à condamner cette nouvelle violation de multiples résolutions de l’ONU exigeant la fin des programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Dès l’annonce d’un séisme imputé à une probable « explosion » en Corée du Nord, le premier ministre nippon Shinzo Abe a déclaré ce nouvel essai nucléaire « absolument inacceptable ». Le président sud-coréen Moon Jae-In a de son côté demandé d’infliger « la punition la plus forte » contre Pyongyang, notamment via de nouvelles sanctions dans le cadre de l’ONU afin d' »isoler complètement la Corée du Nord ».

Lui faisant écho, le président français Emmanuel Macron a appelé la communauté internationale à réagir « avec la plus grande fermeté », estimant que le test nord-coréen portait « atteinte à la paix et à la sécurité ». M. Macron et la chancelière allemande Angela Merkel sont tous deux favorables à « un durcissement » des sanctions de l’Union européenne contre Pyongyang, à l’heure où la « dernière provocation en date » du régime nord-coréen a « atteint une nouvelle dimension », a précisé Berlin.

A l’inverse, Moscou, tout en condamnant « le mépris » manifesté par Pyongyang pour les résolutions onusiennes, a surtout lancé un appel à la retenue, jugeant « impératif de rester calme et d’éviter toute action qui conduirait à une nouvelle escalade ».

La collaboration de la Chine est capitale

Une septième salve de sanctions internationales avait été adoptée début août par le Conseil de sécurité des Nations unies, visant à priver la Corée du Nord de recettes cruciales tirées de ses exportations de plomb, de fer, de minerais et de sa pêche. La Chine, destinataire de 90% des exportations nord-coréennes, avait approuvé ces sanctions tout en continuant de plaider pour une solution pacifique et la reprise de pourparlers. Elle a assuré dimanche qu’elle allait continuer « à s’associer à la communauté internationale (…) pour promouvoir de façon inébranlable l’objectif de dénucléarisation de la péninsule coréenne ».

Ce dimanche, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a mis en garde la communauté internationale et dévoilé la teneur des prochaines sanctions: « Ceux qui font des affaires avec eux (la Corée du Nord) ne pourront pas faire des affaires avec nous », a-t-il affirmé.

Parmi les organisations internationales, l’Otan, par la voix de son secrétaire général Jens Stoltenberg, s’est dite « inquiète du caractère déstabilisant de l’attitude de Pyongyang, qui menace la sécurité régionale et internationale ».

Source: RTLMONDE

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