mardi, avril 23, 2024

[INTERVIEW] – Diéo Guèye, « une conteuse dans l’âme » native du Fouladou, primée par l’Association des Écrivains Sénégalais

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dieoDieynaba Guèye,  écrivaine conteuse est en train de se frayer un chemin dans le monde des arts et de la culture. Cette femme native du Fouladou a déjà publié quatre œuvres. Elle vient de remporter LE PRIX BIRAGO DIOP DU CONTE  décerné par l’Association des écrivains du Sénégal. Elle a l’ambition  d’apporter sa pierre à l’édifice d’un Sénégal émergent aux côtés  des grands hommes et grandes dames de son pays. Pour cela Diéo, comme l’appellent affectueusement ses proches,   compte sur ses contes pour y arriver. Koldanews vous fait découvrir cette reine du conte à travers cette interview qu’elle nous accordée.   

 

KOLDANEWS – Madame, qui est Diéo Gueye ?

DIEO GUEYE – Je m’appelle Dieynaba GUEYE et Diéo est mon petit prénom.

Je suis née il y a plusieurs hivernages et, en ce moment, je m’occupe de l’Accueil, de l’Espace vert, de l’Hygiène et de la Propreté du siège de la SODEFITEX.

Après ce travail, je m’occupe de cette passion qui m’a conduite à l’écriture, le conte dit en public. Je suis mère de trois grands garçons.

Je suis quand-même tentée de vous proposer cette présentation de moi, faite par une bloggeuse.

BIOGRAPHIE

dieos-allDieynaba GUEYE (Diéo pour les proches et les amis) est une Baol-Baol originaire de Bambey, mais née qui est née et a grandi à Kolda.

Diéo parle couramment le peulh, le mandingue et le wolof.

Après des études à Kolda et à Dakar, en passant par Kaolack, Diéo est recrutée par la SODEFITEX, comme Assistante à la Direction financière. A ce titre, elle a pu sillonner toute la ceinture cotonnière, de Kaolack à Saraya, de Tambacounda à Bounkiling, de Sédhiou à Kolda. Ceci pendant une décennie.

Actuellement, elle occupe le poste de Responsable chargée de l’Accueil, des Espaces Verts, de l’Hygiène et de la Propreté du siège de ladite société.

Diéo est Conteuse dans l’âme. Mère de trois grands garçons, elle adore la lecture  depuis sa tendre enfance, alternant les voyages conteurs aux promenades sous le soleil couchant au bord de l’eau ou à travers les champs fleuris et les espaces boisés.

Diéo a érigé le sort de la femme au plus haut niveau de ses nobles préoccupations. En atteste ses efforts inlassables ayant abouti à la création et l’apport d’une assistance soutenue à un GIE de plus de cent (100) femmes.

Le TEESITOO, c’est son nom, est né à Kolda, au quartier Médina Chérif, derrière la Trypano. Son credo : Se mettre en place et pousser ses membres à connaître et exercer leurs droits, permettre aux femmes à gérer elles-mêmes leur destin dans la dignité.

Expliquant cette préoccupation pour l’émancipation de la femme, elle martèle : «Du sort de la femme, dépend celui de l’enfant ». L’enfant est la prunelle de la plume de Dieynaba.

Diéo conte à la maison ; elle conte à travers les écoles, les festivals, les médias, à travers le monde pour une meilleure éducation de nos enfants, mais aussi pour le plaisir des adultes qui, forcément, gardent toujours en eux, une part indélébile d’enfance.

KOLDANEWS- Diéo Gueye, une cotonnière qui devient écrivaine. Pourquoi?

DIEO GUEYE  – Je ne suis pas vraiment une cotonnière même si avant même d’être embauchée à la SODEFITEX, j’ai aimé le cotonnier avec ses belles fleurs qui donnent naissance à ce duvet si tendre, à la blancheur éclatante. Je sillonnais alors, des champs de coton et les paysans disaient : Oo ko encadreur debbo wonnin !

Mais j’ai été embauchée dans les bureaux et depuis, je n’ai vu un champ de coton que rarement.

Quant à l’écriture, je crois que c’est une destinée. Elle dort quelque part en ceux que Dieu a choisi pour ça et un beau jour, une étincelle jaillit et allume le feu de de la plume. Depuis le primaire déjà, à travers mes devoirs de rédaction, mes enseignants ont soupçonné cette issue. Il m’est également arrivé à plusieurs reprises, d’écrire de petites histoires et des poèmes, je me rappelle aussi un roman que j’ai commencé, je faisais la 4ème, j’ai perdu ce travail, et le conte s’est réveillé, lui qui m’a allaitée et m’a aidée à grandir.

KOLDANEWS- Vous venez d’être primée par l’Association des Écrivains Sénégalais, quelles appréciations faites-vous de cette distinction qui vous a été décernée par vos collègues écrivains?

DIEO GUEYE – En 2009, le Club de Littérature, d’Art  et de Philosophie (CLAP) de Kolda m’a invitée à sa fête de fin d’année. Je venais de publier « Jeunesse de mon pays », mon premier recueil de poèmes. Ils ont présenté le livre et ils m’ont fêtée, ils m’ont présentée comme exemple pour les élèves de Kolda mais surtout pour les filles, pour leur montrer que C’EST POSSIBLE ! Distinction ne pouvait être plus grande pour moi !

J’ai commencé vraiment à être adulée à travers le monde à cause de mes écrits et surtout de mes contes, mais cette distinction des enseignants et élèves de Kolda reste autant mémorable pour moi que celle-là  de l’Association des Ecrivains du Sénégal. Etre distingué chez soi  est beaucoup plus important que de l’être ailleurs. Je rends grâce à Dieu car le conte est tout pour moi. L’élévation de ma société, en tout cas pour les années qui arrivent, me préoccupent au plus haut niveau. Je dis le conte depuis toute petite, il m’a aidé à GRANDIR, je veux apporter ma pierre à l’édifice de ces grands hommes et grandes dames de mon pays et je compte sur le conte pour y arriver. Si l’Association des Ecrivains du Sénégal décide donc que je suis sur le bon chemin, je ne peux que rendre grâce à Dieu et encore redoubler d’effort.

 KOLDANEWS – Combien d’œuvres avez-vous déjà publiées? Etes-vous confrontés à des problèmes pour les éditer ou publier ?

 DIEO GUEYE – Je suis  aujourd’hui à quatre livres :

  • SEEX YI DON WËR SEN YAAY, conte – Editions PAPYRUS, 2015
  • LES AVENTURES DE DESIKALEERUNG, conte – Editions L’HARMATTAN, 2014
  • LES SEINS PERDUS DE LA BELLE FIANCEE, conte – Editions SAEC, 2009
  • JEUNESSE DE MON PAYS, recueil de poèmes – Editions MAGUILEN, 2005

 J’ai en ce moment plein de manuscrits mais voilà que vous parlez de problèmes. Ils se situent surtout au niveau de l’édition qui, semble-t-il, coûte cher alors que les subventions sont petites. Merci au Président de la République qui, dernièrement, a promis d’augmenter le montant alloué.  Mais l’autre problème est que la distribution des œuvres laisse à désirer. Je signale aussi que, par exemple, mes deux premiers livres sont épuisés et donc, indisponibles alors qu’on me les réclame (problèmes au niveau des éditeurs).

 Je travaille surtout pour les enfants et leurs livres doivent être présentés de façon particulière et donc, il faut illustrer, le papier doit être de bon goût avec une couverture cartonnée, le format du livre, etc. Tout cela, disent les éditeurs, coûte les yeux de la tête. Il y a plein de problèmes.


KOLDANEWS – Madame, vous êtes partagée entre votre vie professionnelle et les occupations familiales. Un emploi de temps chargé, à mon avis alors que l’écriture exige une certaine disponibilité. Y a certainement là une difficulté ?

DIEO GUEYE – Oui parce qu’écrire demande certaines conditions comme le calme, la tranquillité. Or, dans nos quartiers et maisons, on est toujours envahi. Des résidences d’écriture, il nous en faut mais s’il faut les payer de sa poche…, eh bien, je vous dis qu’écrire n’est pas toujours être riche.


KOLDANEWS- Kolda, votre ville natale se prépare à organiser le FESNAC à partir du 27 décembre prochain. Quelles sont les attentes de Diéo Guèye par rapport à cet événement ?

DIEO GUEYE J’aime bien quand les populations tirent des profits autres que la joie des festivités à travers ces évènements. Quand on dit artistes, il n’y a pas que les musiciens traditionnels et modernes. Il y a aussi les artisans dans toutes leurs composantes. Qu’ils puissent créer et écouler des produits, que les femmes y trouvent des opportunités pour changer un tant soit peu, leur vie quotidienne…, mais c’est un domaine qui leur incombe à elles, les populations.

Je sais que notre FESNAC sera sans commune mesure avec tout ce qui s’est passé jusqu’ici dans notre pays. Nous l’avons démontré lors du FESTIKOLDA. Unis, nous irons très haut !

PROPOS RECUEILLIS PAR ISMAILA MANSALY

 

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