Ce matin dans le Bel RTL Eco, le chroniqueur et économiste Bruno Wattenbergh a analysé les politiques populistes, tels que Donald Trump, d’un point de vue économique.
Etats-Unis, France, c’est le retour des discours populistes, mais quel est le programme économique de ce que l’on qualifie de populistes?
Et bien des économistes se sont penchés sur la mécanique économique des politiques populistes, notamment en Amérique latine. Et le discours et les propositions de ces populistes, que ce soit en Argentine, au Brésil ou au Venezuela sont finalement assez proches du programme de Donald Trump. Leur discours repose sur 3 grands principes. Premièrement, la mobilisation du peuple, en faveur du peuple. Les pauvres, notamment paysans, en Amérique du sud, les ouvriers blancs pour Trump. Deuxièmement, un état, souverain, qui veut hausser les salaires et réindustrialiser le pays par exemple en rapatriant les usines délocalisées à l’étranger. Enfin, la négation de réalités économiques contraignantes qui s’appellent « dette », « inflation », « déficit budgétaire », « taux de change »… Ce programme des populistes trouve sa source et son carburant dans une économie qui stagne et qui engendre des insatisfactions croissantes des plus faibles, ou de celles et ceux qui s’adaptent moins bien à ce monde qui change.
Au-delà des discours politiques, de ces constats, comment décrire les solutions proposées par ces populistes ou qualifiés de tel?
Reprendre sa souveraineté, contrôler l’économie, et ensuite dépenser. Notamment en augmentant les salaires, ou en baissant les impôts, pour redistribuer les richesses. Ensuite dépenser encore, par exemple dans de nouvelles infrastructures, pour relancer la croissance.
Et est-ce que cela fonctionne?
Oui ou en tous cas au début. Ces reprises en main sont d’ailleurs en général saluées par les bourses. Mais l’histoire sud-américaine montre que cela ne dure pas. La relance de la consommation provoque l’augmentation des importations, creusant le déficit commercial et augmentant l’inflation. Ce qui fait fuir les capitaux et baisser la monnaie. Ce qui pousse à contrôler les prix. Et à un moment la conjonction de l’inflation et de l’encadrement des salaires fait baisser le pouvoir d’achat. Rapidement, l’économie échappe alors au gouvernement et reprend sa liberté.
Quelle est la recette qui fonctionne alors?
Le temps manque d’abord pour décrire des solutions qui dépendent d’un pays à l’autre, mais ensuite parce qu’il n’existe pas quelques recettes simples miracles … comme le propose les populistes. Et surtout comme le rappelait Eric Le Boucher, chroniqueur français du journal les Echos: il faut « une intime connaissance des mécanismes des marchés, une grande humilité, une pédagogie et une vision« . Ce n’est pas tout-à-fait l’impression qui se dégage du leadership de Donald Trump.
Source:: RTLMONDE