Place à l’économie et aux entreprises avec Bel RTL Eco. L’économiste Bruno Wattenbergh parlait ce matin du BREXIT, le risque de départ de du Royaume-Uni de l’Union européenne!
Bruno Wattenbergh: Oui et sincèrement, cette semaine, je pourrais vous parler chaque matin des différents aspects de cette crise politique, économique et financière !
Nous allons beaucoup parler du BREXIT cette semaine, … et nous en avons d’ailleurs déjà beaucoup parlé, mais d’abord un pronostic peut-être … ?
Bruno Wattenbergh: On m’a beaucoup posé la question ce week-end, mais je ne peux que répéter ce que les sondages préfigurent, avec le NON, ce qu’on appelle le BREMAIN, qui semble dépasser le BREXIT. Mais difficile de prévoir une décision aussi irrationnelle …
Il serait irrationnel pour les Britanniques de quitter l’Union européenne ?
Bruno Wattenbergh: Oui il n’y a aucun scénario crédible susceptible de démontrer qu’une catégorie d’entreprises ou de citoyens puisse bénéficier d’une sortie de l’Union. Ni à court terme, ni plus que probablement à long terme. Et l’histoire témoigne que l’avenir de la Grande-Bretagne a toujours été inextricablement lié au continent européen. Toutes les périodes d’isolement insulaire 1808, 1914 ou 1939 se sont terminées par un conflit armé. A l’inverse, depuis qu’il a rejoint l’Union européenne, le Royaume-Uni en a bénéficié, sans même parler de son influence sur la construction européenne. Autre élément plus rationnel, quand on veut avoir quelque chose à dire, il faut être à l’intérieur, pas à l’extérieur. L’Angleterre bénéficie aujourd’hui d’une grande influence, mais aussi d’un droit de véto. Un BREXIT ferait de facto disparaître celui-ci, laissant aux Anglais un simple droit d’évocation dans la construction européenne.
Pourtant cette construction est loin d’être parfaite ?
Bruno Wattenbergh: Effectivement, elle est éminemment critiquable. D’abord parce qu’elle est compliquée et parfois difficile à expliquer, il y a un espace euro, un espace Schengen, un espace de l’Europe de la défense, … Difficile pour les Européens de comprendre cette lasagne, surtout pour des Britanniques qui ont besoin de structures politiques simples à comprendre. Un éventuel BREXIT compliquerait d’ailleurs encore plus ce système. L’autre critique, c’est l’impression que l’Europe a été peu efficace en matière d’emploi et de croissance. Une critique un peu injuste, car on ne peut pas demander plus à la BCE, ensuite, parce que ce sont les États membres qui ont empêché cette BCE de réagir plus rapidement … ou enfin, parce que la balle est clairement aujourd’hui dans le camp de ces états qui rechignent à s’adapter à la croissance molle actuelle. Nous avons donc franchement besoin d’une Europe un peu différente de celle que nous avons construite jusqu’à présent.
Est-ce qu’il faut plus ou moins d’Europe selon vous ?
Bruno Wattenbergh: Plus sans nul doute, nous sommes au milieu du gué, dans la position la plus inconfortable. La construction européenne doit continuer autour des pays de la zone Euro. Et les pistes sont connues, un budget, un ministre des finances et un parlement propres à cette zone Euro. Ce ministre présiderait l’Eurogroupe et le parlement serait un sous ensemble du parlement européen. Et tant qu’on y est rajoutons l’adoption de la majorité simple ou qualifiée selon les sujets traités. Pour avancer ensemble et un peu plus rapidement. On ne peut pas vouloir continuer à bénéficier des avantages de la zone Euro, sans la développer pour qu’elle survive. Et que ceux qui ne sont pas d’accord fassent un référendum et en sorte éventuellement.
Bruno, pour conclure, le chiffre éco du jour ?
Bruno Wattenbergh: 100.000 c’est le nombre d’emplois britanniques directement liés à l’exportation de services financiers dans l’UE, et dont une partie pourrait être relocalisée sur le continent.
Source: RTLInternational