dimanche, février 9, 2025

Sahara occidental: Rabat plus ferme que jamais sur fond de lutte contre le terrorisme

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Le Maroc s’efforce de prévenir tout mouvement de l’ONU ou de ses partenaires qui contrarierait sa position sur le Sahara occidental, territoire qu’il contrôle, jouant sur son rôle incontournable dans la lutte contre le terrorisme, selon des analystes.

Les Européens « ont besoin d’une coopération étroite avec le Maroc dans la lutte contre le terrorisme, on l’a vu récemment avec les échanges entre ce pays et la France ou la Belgique », note le journaliste Ignace Dalle, spécialiste des pays arabes.

« Cela met le Maroc en position de force pour avancer ses pions sur tous les dossiers qu’il traite avec l’Europe », et le Sahara occidental est ultra-prioritaire pour les dirigeants du pays, ajoute-t-il.

Le Premier ministre belge Charles Michel s’est ainsi rendu à Rabat fin février pour parler coopération sécuritaire, les deux pays ayant collaboré pour traquer des suspects des attentats de Paris (130 morts, 13 novembre 2015).

Les relations entre Rabat et les Nations unies, et plus précisément leur secrétaire général, connaissent une poussée de fièvre depuis la visite de ce dernier début mars dans un camp de réfugiés sahraouis en Algérie.

Le Maroc reproche à Ban Ki-moon d’avoir employé le terme d' »occupation » pour décrire le statut du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975 et revendiquée par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.

Le gouvernement marocain a annoncé dans la foulée une « réduction significative » de sa participation à la mission de l’Onu au Sahara occidental. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Rabat contre Ban Ki-moon qui, vu le climat ambiant, a renoncé à se rendre au Maroc.

Avant une réunion du Conseil de sécurité, jeudi à New York, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar a menacé l’ONU de nouvelles de rétorsions.

Et il a fait valoir le rôle du Maroc dans la lutte antiterroriste, en particulier contre le groupe jihadiste Etat islamique.

– Coup de gueule –

Depuis 2007, Rabat propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire de moins d’un million d’habitants, riche en phosphates et aux côtes poissonneuses, alors que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination.

A ses alliés traditionnels américains et français, le roi du Maroc Mohammed VI a ajouté, lors d’une visite au Kremlin cette semaine, le soutien de la Russie.

Au delà des richesses économiques de ce territoire, « l’enjeu est politique, c’est le dossier numéro un pour le Maroc, sur fond de rivalité avec l’Algérie », note Khadija Mohsen Finan, spécialiste du dossier.

La crise a plusieurs volets, note encore cette analyste: Ban Ki-moon, dont c’est la dernière année à son poste, « voudrait, sur ce sujet, partir soit avec une avancée soit sur un coup de gueule. »

Le Maroc soupçonne lui l’Onu d’envisager pour ce morceau de désert un projet d' »Etat libre associé », dont il ne veut pas entendre parler, car il y verrait « le début de l’indépendance », selon Mme Finan.

Dans ce contexte, Rabat redouble d’efforts pour prévenir tout mouvement contrevenant à sa politique.

Le gouvernement suédois a ainsi annoncé en janvier qu’il renonçait à son projet de reconnaître l’indépendance du Sahara occidental, au terme d’une bagarre symbolisée par le report durant plusieurs mois de l’ouverture du premier magasin Ikea marocain, près de Casablanca.

« Le Maroc est devenu un interlocuteur privilégié en matière de lutte contre le terrorisme. A ce titre, les Occidentaux ne veulent pas le braquer sur la question du Sahara », note l’analyste Hasni Abidi, basé à Genève.

Mohammed VI a rappelé mardi qu’il attend « le plus rapidement possible » une décision en sa faveur dans le bras de fer qui oppose son pays à l’Union européenne, après l’annulation d’un accord agricole par la justice européenne au motif qu’il concerne aussi le Sahara occidental. Rabat a, dans cette affaire, annoncé la « suspension de tout contact » avec l’UE, avant de revenir jeudi sur cette décision.

« Les Européens doivent collaborer avec les Marocains, ils sont prêts à leur passer beaucoup de choses pour ne pas leur déplaire. Ce sont les Marocains qui savent ce qui se passe dans les mosquées françaises », ajoute Ignace Dalle.

Et pour compliquer encore les choses, les Occidentaux doivent ménager la chèvre et le chou: ils ne peuvent se mettre à dos l’Algérie, partenaire aussi important que le Maroc dans la lutte anti-terroriste.

Source:RTLInternational

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