Douche froide pour le gouvernement du Sénégal. Notre pays vient de plonger, pieds joints, dans le peloton peu envié des 25 pays les plus ‘pauvres’ au monde. Plus que le classement qui constitue, il est vrai, un véritable coup de massue, c’est plutôt le lièvre qui a été levé par ce biais qui devrait retenir toute notre attention.
D’abord une précision importante : Sur les 25 pays avec lesquels nous partageons ce peloton de queue, l’on remarque que la majeure partie a connu la guerre civile et/ou une instabilité politique chronique ce qui n’a jamais été le cas pour le Sénégal. Ce sont : le Burundi qui entre, sauf miracle, dans sa troisième guerre civile avec le forcing du Président en place pour endosser un troisième mandat contre la volonté populaire. La République centrafricaine qui, après les années Bokassa et consorts, est entrain de subir une guerre civile dont personne ne peut prévoir quand et comment elle va se terminer ; Madagascar qui, entre coups d’État et régimes civilo-militaires, cherche encore à sortir de l’ornière. Il en a été ainsi, à un moment ou à un autre, au cours des cinq décennies écoulées du Liberia, de la République démocratique du Congo, de la Guinée-Bissau et de la Guinée-Conakry, de l’Afghanistan, de l’Ouganda, du Mozambique, de l’Érythrée, du Mali, de la Sierra Leone, de l’Éthiopie, du Rwanda et du Népal. Si l’on y ajoute les pays suivants qui, contrairement au Sénégal qui est resté stable, ont connu un ou plusieurs changements de régime non constitutionnels comme le Niger, la Gambie, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin, il n’en reste que trois (3) pour nous tenir compagnie. Les tentatives malheureuses et pitoyables de se dédouaner révèlent plutôt un état d’esprit impropre à une prise en charge rigoureuse et radicale des ruptures nécessaires et urgentes.
Concernant le débat sur la croissance, le porte-parole du gouvernement l’a tranché net en le recentrant sur les faits et en mettant ainsi fin au mensonge d’Etat. Je le cite : » Il faut noter que le PIB par tête est passé de 553.849 FCFA en 2014 à 567.758 FCFA en 2015, soit une progression de 2,5%. Il ne s’est pas arrêté à un simple démenti du ministère des Finances puisqu’il explique avec clarté la signification exacte des 5,3% que l’on clame avec fierté sur tous les toits. Citation : » La vraie appréciation des performances de notre économie doit s’appuyer sur des données en monnaie locale. Pour annihiler l’impact du taux de change dans le calcul du PIB par habitant, il est plus pertinent de prendre en considération le PIB par habitant en parité pouvoir d’achat (PPA)… En réalité, le PIB en parité pouvoir d’achat (PPA) … devrait se situer à 2.1%,. Fin de citation. Merci Monsieur le porte parole ! Telle est la vérité et rien que la vérité. Et les 5,3%, c’est quoi alors ? Réponse du porte-parole : » Le dernier cadrage macroéconomique arrêté avec le FMI table sur un PIB de 8150 milliards FCFA en 2015 contre 7741 milliards FCFA en 2014, soit un taux de croissance en termes nominaux de 5,3%. Si vous redressez par la parité pouvoir d’achat vous avez le vrai taux de croissance qui passe à 2,1%.
Concluons : Nous nous sommes donc enrichis de 2,1% depuis 2014 mais notre population a augmenté, elle, de 2,5% au cours de la même période. Faites le calcul ! Nous nous sommes effectivement appauvris (CQFD). Voilà, pourquoi en 2014 nous étions 27ème et en 2015 nous sommes parmi les 25 derniers. Je signale qu’en 2010, avec le même indice pertinent évoqué par Monsieur Guèye, le Sénégal était classé 111ème sur 180 pays. Donc nous avions devancé 69 pays il y a cinq (5) ans. Aujourd’hui nous devançons seulement 24 pays. Si nous parlons français ça s’appelle recul.
Qui parlait de Yoonu Yokkute ?
Mamadou Diop ‘Decroix’
Avec Setal.net,