Lettre ouverte à Madame Eva Marie Coll SECK, Ministre de la Santé et de l’Action Sociale
- Les contractuels : sacrifiés du système
C’est avec une douloureuse émotion et des cœurs meurtris que nous prenions la plume pour vous saisir de la situation des contractuels de votre institution que nous estimons être injuste, anormale et mérite une attention particulière de votre part.
Madame le Ministre,
Il s’agit, de la situation que vivent les contractuels de votre ministère sur le plan des droits et du respect des lois et des règlements. En effet, les conditions de vie de plus en plus critiques, les considérations et pratiques arbitraires dont ils sont victimes peuvent se voir entre autres sur ces considérations:
- La nature des contrats est déplorable car ne reposant sur aucune base juridique et légale. Ne respectant pas les dispositions du code du travail car l’Article L. 42. du Code dispose : « Aucun travailleur ne peut conclure avec la même entreprise plus de deux contrats à durée déterminée, ni renouveler plus d’une fois un contrat à durée déterminée. La continuation des services en dehors des cas prévus à l’alinéa précédent (L.41) constitue de plein droit l’exécution d’un contrat de travail à durée indéterminée». Par conséquent, les contrats à durée déterminée de ces dits agents sont devenus indéterminés. Cela se justifie du fait qu’il existe des agents qui sont contractuels depuis plus de dix ans et leurs contrats se renouvèlent chaque année. Ceci est une faute grave qui ne respecte pas les règles élémentaires de la législation du travail. Du point de vue social, l’agent ne pourrait même pas bénéficier d’un prêt bancaire lui permettant d’avoir un toit et d’entretenir sa famille. C’est comme qui dirait que les contractuels ne sont pas des sénégalais encore moins des êtres humains.
- La non attribution des avances de Tabaski et de Korité sur les salaires qui sont accordées à tous travailleurs jouissant d’un contrat légal. Les contractuels de votre ministère sont exempts de cette mesure sociale ;
- La non jouissance des indemnités relatives aux heures supplémentaires pour tous les employés exerçant plus de 40 heures par semaine. Les bénéficiaires de ces dits contrats sont la plupart en zone éloignée et difficile à tout point de vue et travaillent plus de 75 heures par semaine.
- Le retard des salaires injustifié chaque mois. Comment expliquer vous l’annualité du budget et l’inscription de nos salaires dans les lignes budgétaires de votre ministère? Et vous saviez plus que nous, ceci est une gestion élémentaire de la planification. La sacralité du salaire est un principe inaliénable pour tout travailleur et donne un sens et une valeur à son existence. Et à chaque fin du mois, c’est tout un scenario de gymnastique entre votre ministère, les syndicats et le trésor public pour colmater et collecter ce qui nous est de droit, le salaire. Pour preuve jusqu’au 17 septembre à l’approche de la tabaski prévue le 25 septembre 2015, les salaires des contractuels de votre institution ne sont encore pas payés. Quelle honte!
Madame le Ministre,
Ces aspects énumérés ci-dessus traduisent le mal généralisé qui hantent le sommeil et finissent d’installer un malaise profond au sein de ces dignes serviteurs du système de santé.
Et toutes ses pratiques d’injustice devenues monnaie courante font des travailleurs contractuels depuis ces dernières années des laissés pour compte, humiliés devant leur famille, réduits comme des outils au sein de leur lieu de travail, manipulés comme des objets et des marchandises qu’on vend et revend par votre ministère, utilisés comme des non ayant droit qu’on place et replace dans un système où nos droits sont bâillonnés et esquivés, et du reste nos intérêts bradés avec la connivence et la complicité de ceux qui sont censés les protéger.
Cette situation ne serait-elle pas créée volontairement par une guerre grossière et un dictat de vos agents en charge de ces questions qui risquent encore de coûter cher humainement parlant aux contractuels, qui se trouvent pris comme otage d’un système.
Et nous avons l’impression qui a fini par devenir une conviction que cette situation est corroborée par un manque de considération, une sous estimation de nos virtualités mais surtout par un système trompeur et imaginaire.
Il ne s’agit nullement dans cette lettre, de revendications, mais le ressentiment de notre misère, une misère alimentée par vos collaborateurs chargés de la gestion et de la promotion sociale du personnel.
Et nous n’avons pas aussi la prétention de vous offrir des leçons de gestion mais que vous découvrez dans chaque ligne la souffrance morale que vivent au quotidien les contractuels.
Madame le Ministre,
Notre contractualisation au sein de votre Ministère n’est pas le fruit d’une offrande ou de la pitié mais il s’agit du mérite des femmes et des hommes de valeurs ayant des diplômes reconnus par l’Etat du Sénégal.
Nul n’ignore des efforts faits dans le renforcement des ressources humaines mais la non valorisation du capital humain, la base illégale des contrats, la non promotion sociale du personnel contractuel entre autres facteurs demeurent des épines dans nos âmes.
C’est parce que nous aimons notre ministère et pour qu’il retrouve une énergie indépendante et un profond respect de l’humain que nous nous battrons.
Nous vous demandons d’agir au plus vite pour régulariser cette situation qui risque d’amener un mouvement de panique intolérable et une colère de la part des contractuels.
Nous sommes persuadés, Madame le Ministre, devant cette situation inquiétante, perplexe et embarrassante, nous trouverons en vous, une cheffe engagée et une facilitatrice pour une issue heureuse au profit de l’honneur, de la dignité et du respect des droits des contractuels.
Veuillez agréer, Madame le Ministre, l’expression de notre profond respect.
Collectif des Contractuels du Ministère de
La Santé et de l’Action Sociale du Sénégal