vendredi, avril 19, 2024

ET LA MORT DU GENIE NOUS RAMENA AU CINQUIEME SIECLE

Ne ratez pas!

Après être né dans un environnement éminemment culturel, la Casamance, Omar Mané, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne se contenta pas de cet acquis naturel pour exercer ce pour quoi il semblait être prédestiné : la musique. Il suivra un cursus couronné de succès à l’ENA (Ecole Nationale des Arts), avant de faire les beaux jours de son groupe originel, le NJAMA ñAABA de Niafor, dans le Balantacounda. Auteur-compositeur-arrangeur et Chef d’orchestre, il y jouait de la guitare, du balafon, du clavier, tout en étant le lead vocal.Si ce n’était pas un génie… Le groupe Njama ñaaba et son leader, finiront par devenir le fer de lance de la culture balante, voire de celle de toute la région naturelle  de la Casamance. Il enregistrera deux(2) Albums sortis en 2007(Baluusnagijaa go), et en 2009 (DUWA).Le troisième, intitulé « Binino », et  qui ne restait plus qu’à être dupliqué, sortira à titre posthume, puisqu’OMAR vient de nous quitter de !
façon subite et inattendue, victime d’un infarctus du myocarde, selon le médecin qui a assisté à ses derniers soupirs le 09 janvier 2015 à l’hôpital régional de Ziguinchor.
Comme on peut l’imaginer, cette triste nouvelle, en sus de s’être répandue « comme une trainée de poudre », donnera lieu à toutes sortes d’interprétations, les unes, aussi saugrenues que les autres ! Nous aurions pu vous éviter tout malaise en taisant ces élucubrations grotesques, liées pour la plupart à des croyances éculées. Mais vous les livrer,vous ferait percevoir l’étendue de leur nuisance et les conséquences liées à de tels phénomènes dans des milieux comme les nôtres,encore profondément ancrés dans…la superstition !Car, que n’aurait-on pas entendu après la mort d’Omar ? Pour d’aucuns, il aurait été empoisonné, pour d’autres, il serait victime de l’action d’esprits malveillants, d’anthropophagie, de Djin, de « missiles invisibles », et j’en passe.
Mais ce qui nous aura  le plus déstabilisé et qui continue de nourrir la rumeur, entrainant ainsi sa force de nuisance et de destruction, c’est le fait de faire porter le chapeau de cet acte naturel à la personne à laquelle Omar était le plus proche, son confident de toujours, …la coépouse de sa mère ! Hélas ! Le mal est fait, et depuis, il continue d’étendre son champ maléfique au sein même de la famille d’Omar dont beaucoup de membres sont sociétaires de Njama ñaaba et d’autres, compte tenu de leurs talents, en attente d’être intégrés. Au-delà de cette famille, le groupe également se trouve profondément affecté par cette situation qui, si rien n’est fait, risque d’en sonner le glas !
Toutefois, nous comprenons parfaitement que les populations de la Casamance naturelle, fussent secouées par la perte d’une jeune star, qui aura contribué de manière probante, à vulgariser l’une des musiques du Sud, au point de penser qu’il serait irremplaçable. C’est pourquoi, il nous plait de rappeler aux uns et aux autres, Laba Sosseh, Amadou Touré du Tourékounda, Ndiaga Mbaye, Ndongo LO, Demba Dia et autres Abdou Kounta Diaité de l’Ucas, Foga Mané de Sorano ainsi que l’inoubliable Andiya dont les chansons ont bercé nos jeunes années.
L’angoisse, la peur que la dimension atteinte par la culture balante, avec l’avènement de Njama ñaaba se rétrécisse comme peau de chagrin, fut le sentiment le mieux partagé. Il est vrai que l’un des tous premiers porte-étendards de la culture balante, Pascal Kéno Diatta et Fatou Batéta ne se présentent plus ; le Pobar wasu, le Katmandou ou autre Mama Sadio de St-Louis, ont toujours véhiculé cette même culture, mais c’est avec le Njama ñaaba que la culture du balantacounda, espace qui regroupe tous les locuteurs balante, a fini par avoir droit de cité, aussi bien au Sénégal que dans la sous-région.
Pour ceux qui ne le savaient pas, Njama ñaaba est d’abord une famille avant d’être un groupe musical, pour preuve, Omar Mané y compte encore des frères de sang et beaucoup de membres du groupe ont des liens de parenté très proches. L’autre fait, est que le professionnalisme de ses musiciens n’est plus à démontrer, ce qui en soi, reste un gage suffisant pour affirmer qu’ils sont conscients de leur mission, qu’ils doivent continuer à assumer, malgré ce coup dur !
Cette mission, en dehors du fait, pour eux, d’être les catalyseurs de cette culture jugée minoritaire, le groupe Njama ñaaba a très tôt choisi d’unir l’utile à l’agréable en mettant en place, le concept : « Un concert, une salle de classe », pour aider les autorités publiques, les parents d’élèves, les professeurs et les élèves, et venir à bout des abris provisoires dont souffrent, plus que tout le monde, ceux  de la Casamance. Pour exemple, ils sont les derniers à regagner les classes, puisqu’il pleut jusqu’en Octobre, Novembre, et les premiers à arrêter les cours, pour cause de pluie, d’autant qu’il y commence à pleuvoir en Mai, Juin…
Les résultats de ces actions de développement – réhabilitation et constructions de salle de classes-sont visibles aussi bien dans le Balantacounda, le Boudhié, qu’en Guinée Bissau (Begene et Ingoré). Dans la même lancée, beaucoup d’actions sociales ont été entreprises en Gambie, auprès de la forte communauté qui y réside.
Un artiste multidimensionnel est certes parti, mais les idéaux pour lesquels se battaient Omar, ne sauraient mourir.

Madigoye Sadio / manager du  groupe Njama Ñaaba / madigoye@yahoo.fr / 77 536 22 81
Téléphone Mobile: 77536221

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