Le prévenu, Alpha Mbaye, a été attrait hier devant la barre du tribunal, pour les délits d’escroquerie et de charlatanisme. Si le tribunal suit les réquisitions du parquet, il passera 3 mois en taule. Le verdict sera rendu le 11 avril prochain.
L’homme voulait gagner davantage d’argent. Il ne se suffisait plus des «miettes» amassées avec la vente de café. Il rêvait plus grand. Alpha Mbaye voulait gagner plus que ce que lui offrait son petit commerce. Et le seul bon moyen pour lui était d’ensorceler des personnes «naïves» pour les escroquer. Ces tours de charlatanisme lui ont valu une audience au temple de Thémis. Attrait hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour les délits d’escroquerie et de charlatanisme, le prévenu, Alpha Mbaye, a tenté de mener les magistrats en bateau. Il a servi une version cousue de fil blanc. Tantôt, il nie, tantôt il acquiesce de la tête pour dire oui. La dose de café servie par le jeune marchand n’a pas été du goût des juges. Qui, en hommes avertis, font toujours la différence entre le vrai et le faux.
L’histoire remonte au 18 avril 2015. Ce jour-là, aux environs de 20 heures, la nommée Fatou Diaw et deux de ses amies revenaient des entraînements, à hauteur du marché Petersen. En cours de route, les basketteuses discutent de tout et de rien. C’est qu’elles croisent Alpha Mbaye. Ce dernier, se présentant comme un étranger, leur dit qu’il ne communique qu’en français. L’homme entame les salutations d’usage. La discussion s’installe. Sachant que la confiance s’est établie entre eux, M. Mbaye leur fait part de ses dons pour faire des miracles. Flanqué d’un de ses «lieutenants», le charlatan commence ses tours de magie. Il crée des hallucinations dans l’esprit des basketteuses. La bande à Fatou Diaw tombe sous le coup de l’envoûtement de l’ensorceleur. Elles deviennent dociles et serviables. Convaincu que l’affaire est dans le sac, Alpha Mbaye commet son forfait. Il ordonne à ses victimes de lui remettre leurs sacs. Puis, il leur dit de marcher sans se retourner jusqu’à un point X. Chose dite, chose faite. Les «naïves» s’exécutent, sans sourciller. Sans piper mot. Les jeunes filles avaient fini par mordre à l’hameçon. L’instant d’après, Fatou Diaw et Cie reprennent leurs esprits. Elles retournent dare-dare à l’endroit où elles avaient croisé leur bourreau. Mais une fois sur les lieux, les victimes seront surprises de n’apercevoir aucune silhouette de Alpha Mbaye. Le charlatan a pris la tangente et s’est fondu dans la nature. Les basketteuses ont ainsi compris qu’elles sont malencontreusement tombées dans le panier d’un escroc. Qui leur a chapardé cinq téléphones mobiles, un ordinateur portable, entre autres. Quelques jours plus tard, par hasard, Mariama est interpellée par la même personne vers l’hôpital Abass Ndao. Alpha Mbaye n’avait pas reconnu sa victime. Pour une seconde fois, il tente le même coup. Seulement, cette fois-ci, les choses tournent mal. La jeune fille avait reconnu le bonhomme. Elle crie à se rompre les cordes vocales : «Au voleur !» Une foule se forme. Les badauds jouent la carte des négociations. Mariama met ses amies infortunées au parfum de la chose. Les échanges s’enveniment et tournent au duel entre les deux parties. Les victimes interpellent les hommes en bleu. Le vendeur de café est épinglé et mis aux arrêts.
Devant la barre du tribunal, les trois victimes du présumé coupable sont restées constantes et claires dans leurs déclarations. Mariama et Cie n’ont pas fait dans la langue de bois. Elles ont enfoncé le prévenu et ont réclamé des dommages et intérêts. Le procureur de la République a estimé que le prévenu est bien coupable des délits à lui reprochés. Le parquetier a ainsi requis 3 mois de prison ferme contre le prévenu. Le tribunal, après avoir fustigé l’attitude «naïve» des trois basketteuses, a mis l’affaire en délibéré. Le verdict sera rendu le 11 avril 2015.
Avec l’Obs