samedi, avril 20, 2024

Bataille au village de Mahmouda Chérif : Les deux parties s’expliquent

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Le village de Mahmouda Chérif a été le mardi 28 avril 2015 transformé en un véritable champ de bataille. Les populations de cette localité située dans l’arrondissement de Kataba 1, située dans la commune de Djignaky, dans le département de Bignona se sont affrontées à coups de machettes à cause de l’érection d’une nouvelle mosquée très controversée. Elles se sont offertes en spectacle aux environs de 8 heures.
Le bilan était lourd avec prés d’une dizaine de blessés dont trois dans un état grave. L’un d’entre eux, Mahfouz Seydi avait fini par succomber des suites de ses blessures. L’Obs s’est rendu dans le royaume chérifien pour rencontrer les deux parties en conflits ainsi que la famille de la victime. Voici leurs versions des faits. Reportage.
Cheikh Abdal Kanine Aidara Ould Cheikh Atab Aidara frère du khalif général de la famille chérifienne: «Nous demandons au Président de la république Macky Sall de prendre toutes les dispositions pour barrer la route à ces intégristes qui cherchent une porte dans notre village.»
Cheikh Moufta Oud Khairy porte parole du jour du frère du Khalif  général de la famille chérifienne, Cheikh Sidaty Aidara Ould Cheikh Hatab Aidara : «Nous sommes tous très attristés à la suite cette perte qui nous a tous frappé. Je dois par ailleurs vous avouer que notre khalif général, ainsi que toute sa famille, ont tous regretté cet événement malheureux qui a été provoqué par la construction d’une mosquée par la famille de Mahfouz Khalifa Aidara, une famille à laquelle appartient la victime Mahfouz Seydi. Ce sont ces derniers qui sont venus nous dire, en présence des oulémas qu’ils vont construire par force la mosquée malgré nos interdits et celui du khalif général de notre cité religieuse. C’est par la suite que nous avons  saisi les autorités administratives, le Sous préfet de Diouloulou et le Commandant de la Brigade de gendarmerie. Ils avaient même procédé, il y a plus deux ans, à la pause de la première pierre de cette mosquée qui est très controversée par nos populations. C’est en 2015 qu’ils sont revenus pour la seconde fois pour nous imposer cette mosquée. Le khalif général informé, nous a renvoyé chez le Sous préfet de Diouloulou avant de nous demander de ne pas agir et de garder notre calme», explique Cheikh Moufta Oud Khairy. Qui poursuit, «notre mosquée a été construite en 1960.
Aujourd’hui, nous avons tous compris que celui qui finance cette famille, est en Gambie. C’est un intégriste et il appartient à une organisation islamiste qui s’appelle «Nassrou». Il s’appelle Atab Kébading Aidara. Avant le mardi 28 avril 2015, nous avons tous appris qu’il est venu dans le village à bord des véhicules 4×4 teintés en noir. Il avait à bord de ces véhicules des fusils. Notre guide religieux alerté, nous a demandé d’alerter aussitôt le Sous préfet et le Cdt de Brigade de Diouloulou. Mais, malheureusement, il n y a aucune suite de la part de ces autorités. Les hommes d’Atab Kébading Aidara vont cacher leurs armes un peu partout dans le village. Voilà tout ce que je peux vous conter de cette histoire.»
Pour le frère du khalif général de la famille chérifienne,  «dans notre village de Mahmouda Chérif, il n y a qu’une seule mosquée dans laquelle tous les musulmans viennent pour prier et pour se recueillir. Celle-ci a été construite en 1960 par le vénéré Atab Aidara qui a ouvert ses portes à tous les fidèles musulmans. Mon grand frère, notre khalif général, n’a voulu de ses histoires et de ses calomnies. Il est au contraire, un homme épris de paix et de justice. Seulement, je dois vous dire que nous n’allons pas tolérer que des tiers personnes viennent d’ailleurs pour troubler notre quiétude et chiper les terres que nos grand parents nous ont légué. Nous ne croyons qu’à l’Islam et nous n’acceptons pas la corruption.»  Et d’avancer avec force, «nous regrettons vivement le comportement du Sous préfet de Diouloulou Youssouf Faye qui nous a dit que tout se qu’il fait, c’est le Président de la république Macky Sall qui lui a demandé de le faire. Il est même allé très loin en traitant nos talibés de tous les noms d’oiseaux. Il a, à la limite, vomi la famille chérifienne. Je peux vous dire que depuis les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade aucun d’entre eux n’a jamais mal traité notre famille.»
L’érudit de s’interroger, «pourquoi Macky Sall fait-il çà ?» «Nous lui demandons de savoir quelle autorité il doit envoyer dans notre terroir. C’est le vendredi 23 avril 2015 que le Sous préfet nous a «insultés» et le mardi 28 avril 2015 la bagarre a eu lieu dans notre village. Une mèche de la confrontation qui a été allumée par Atab Kébading Aidara qui est de connivence avec une organisation de terroriste basée en Gambie. Nous regrettons vraiment se qui s’est passé et nous prions pour que de tels événements ne se reproduisent dans notre cité qui ne doit abriter qu’une seule mosquée. Nous demandons au Président de la république Macky Sall de prendre toutes les dispositions pour barrer la route à ces intégristes qui sont en train de chercher une porte d’entrée au Sénégal et nous ne voulons pas que notre village, Mahmouda Chérif  leur serve de porte d’entrée.  Que le Tout Puissant, dans sa bonté infinie, nous épargne de ces personnes mal intentionnées qui ont envahi notre cité religieuse avec dans leurs valises des centaines de billets de Dollars.»
Mahfouz Khalifa Aidara : «notre mosquée n’a pas été financée par intégriste et ni par un terroriste.»
Accusé de tous les pêchés d’Israël, Mahfouz Khalifa Aidara qui habite le village de Mahmouda Chérif et qui travaille avec le supposé terroriste, Atab Kébading Aidara se veut clair : «C’est eux qui nous ont retrouvé dans notre quartier et dans notre mosquée avant de nous attaquer avec des armes. Nous sommes les habitants authentiques de ce village de Mahmouda Chérif  qui a été créée en 1921 par le marabout Cheikh Mohamed. Décédé en 1929, Cheikh Aba va le remplacer jusqu’en 1946. C’est après la disparition de ces derniers que les frères de ceux là qui sont aujourd’hui nos «ennemis» vont arriver.»  Mahfouz Khalifa Aidara d’ajouter, «le maire de Djignaky pouvait pourtant régler le problème. Nous sommes un village est nous devons avoir notre mosquée comme les autres. Et pourtant, la solution a été trouvée quand nous nous sommes retrouvés chez le Sous préfet. C’est par la suite qu’ils sont venus, pour la deuxième fois, saccagé notre mosquée. Nous avions porté plainte mais nous n’avions jamais obtenu gain de cause. Et pourtant le khalif général, qui a procédé à la pause de la première pierre, nous a donné l’autorisation son aval de construire notre mosquée.»
Pour son frère Samsidine Sarani Aidara, «cette histoire n’est pas une affaire de famille. Elle concerne deux villages, c’est-à-dire Mahmouda Chérif et Kariaye dont Maleyni Sambou est le chef du village. La construction de cette mosquée controversée a été bien autorisée par le khalif général de la famille chérifienne. Aucune autre personne ne nous a demandé de le faire. Mieux, il ne s’agit pas de dispute entre Diolas et Chérif comme nos adversaires l’ont dit un peu partout. Cette mosquée n’a pas été financée par intégriste et ni par un terroriste. Leur mosquée et la nôtre ont été entièrement financées par deux frères de même père et de même mère. Chacun avait son organisation : Nassrou et Muslim Hands. Toutes ces organisations sont bel et bien reconnues par l’Etat du Sénégal, à travers le Ministère de l’Intérieur. J’avoue que tous les chérifs sont peinés, outrés et indignés car, les chérifs doivent être des modèles de sainteté, de pureté, de savoir vivre et de savoir être. Nous présentons toutes nos excuses à toute l’humanité, aux musulmans en particulier et spécifiquement à nos frères talibés.» Et de signifier avec force, «nous voulons faire comprendre à tout le monde que si ce problème a persisté, c’est parce que ceux là qui nous combattent et qui sont nos adversaires ont toujours été des impunis, des hors la loi. Ils sont peut être sous la couverture de la justice. Nous avons plusieurs antécédents avec eux. Mus par leur impunité, nous sommes septiques quand à l’arrestation du commanditaire de ces événements malheureux qui continue de déambuler tranquillement dans le village au vue et au sue de tout le monde. Ce commanditaire n’est autre que le nommé Sidaty Cheikh Atab Aidara. N’eût été l’intervention du Sous préfet, le pire allait se produire car, les populations étaient prêtes à se faire justice. Si une justice rendue ne peut pas être appliquée, pourquoi devons nous demander justice ? »
Le village de Mahmouda Chérif placé sous haute surveillance par les forces de l’ordre
La mobilisation est générale à Mahmouda Chérif même si le clame régnait ce vendredi dans le village. Le niveau d’alerte est haut dans la zone occupée par les forces de l’ordre notamment par les gendarmes. Devant la mosquée controversée, les gendarmes armés montent la garde avec leurs armes en bandoulière. Des forces de l’ordre, venues de Ziguinchor, qui assurent la sécurité du site (la mosquée controversée) et qui veillent sur la sécurité des populations et de leurs biens.
La famille de Mahfouz Seydi réclame justice : Dans la concession des Seydi, à Mahmouda Chérif, la consternation est grande. Tristesse et désolation se lisaient sur les visages des enfants et de la femme de Mahfouz Seydi qui a succombé des suites de ses blessures 24 heures après les événements malheureux du mardi 28 avril 2015. Mahfouz Seydi, muezzin du village a été inhumé ce jeudi dans son village de Mahmouda Chérif.  Adama Seydi, fille ainée de Mahfouz Seydi raconte : «Mon père n’avait qu’une seule femme, notre mère. Il était père de 6 enfants, 4 filles et 2 garçons. J’étais un témoin oculaire du drame. Mon père a été lâchement agressé par ses bourreaux qui avaient des armes blanches par devers eux. Je revenais du marché, quand j’ai rencontré ces derniers avec leurs armes blanches. C’est par la suite que je les ais suivi. Quand mon père a fait son apparition à la mosquée, ils l’ont roué de coups. Quand mon père est tombé, j’ai crié et j’ai dit à un de ses bourreaux que c’est toi qui a fait ca à mon père. Ce dernier m’a répondu aussitôt en me disant que si tu ne disparais pas tu risque de subir le même sort que ton géniteur. Des coups qui lui ont été finalement fatals 48 heure après. Je reconnais son principal bourreau, il s’appelle Adramé Kanine Aidara et il vit dans le village. Mon père était tout pour nous, c’est pourquoi nous réclamons justice.  Nous demandons à la justice de l’arrêter parce que nous avons pas le droit de nous faire justice nous-mêmes.»
Pour rappel, Mahfouz Seydi, muezzin de la mosquée chérifienne, la soixantaine d’année, est la victime collatérale des marteaux et des coupe-coupe de ses principales adversaires qui, selon des sources hospitalières l’avaient atteint grièvement au niveau du cou. Il avait succombé des suites de traumatisme. C’était dans la nuit du mardi 28 avril au mercredi 29 avril 2015 aux environs de 22 h 30mn.

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