jeudi, mai 2, 2024

Hollande plus seul et impopulaire que jamais à mi-mandat

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Il avait franchi les portes de l’Elysée en 2012 en ambitionnant d’incarner une présidence « normale » et consensuelle: deux ans et demi plus tard, François Hollande se retrouve plus seul que jamais, en butte à la colère des Français et à la déception mêlée de ranc?ur de son propre camp.

« C’est dur », « c’est pas facile », a lui-même reconnu le président de la République lors de sa dernière grande conférence de presse, maniant l’anaphore pour évoquer les épreuves traversées depuis son arrivée au pouvoir.

De fait, l’optimiste qui s’imaginait en « Sisyphe heureux » a vu progressivement son parcours présidentiel se transformer en chemin de croix.

Le premier président socialiste depuis François Mitterrand est devenu le plus impopulaire de la Ve République, avec aujourd’hui seulement 4% des Français qui le considèrent comme le meilleur candidat du PS en 2017.

Manque de résultats sur le front du chômage et de la croissance, déchirements dans sa majorité, image dégradée par l’étalage de sa vie privée sur la place publique, François Hollande sort éreinté de sa première moitié de mandat. Il l’avait entamée sans état de grâce, happé dès son élection par l’ampleur de la crise.

Décortiquées par les analystes, les raisons de cette dégringolade font aussi l’objet de nombreuses exégèses parmi ses proches, avec un point commun: des interrogations sur la personnalité du président et sa capacité à rebondir.

– Horde d’aigris –

Pour le politologue Frédéric Dabi (Ifop), c’est notamment « le style Hollande » qui est en cause: « Le président de la synthèse qui veut contenter tout le monde a donné l’impression d’un exécutif indécis qui ne va pas droit ». Et « son éternel optimisme (+la reprise est là+, +je sens un frémissement+, +la courbe du chômage va s’inverser+) a été finalement interprétée comme de la tromperie ».

« Il n’avait peut-être pas la psychologie qu’il fallait pour affronter la crise », estime de son côté Gérard Grunberg, politologue à Sciences Po, évoquant un président ayant perdu « une grande partie de son autorité personnelle, laissant tous les mécontents libres de faire un peu ce qu’ils veulent ».

Paradoxalement, M. Hollande, réputé pour son art de la synthèse et de la conciliation, se retrouve aujourd’hui avec à ses trousses une horde d’aigris: ex-ministres ou anciens conseillers animés par la ranc?ur et jusqu’à son ex-compagne Valérie Trierweiler qui le poursuit de sa vindicte et reste « une épée de Damoclès » après son livre rageur « Merci pour ce moment ».

Mais d’autres n’oublient pas l’homme de la traversée du désert, qui sut se reconstruire après avoir quitté la direction du Parti socialiste par la petite porte en 2008. « Il est doté d’un extraordinaire sang-froid. C’est sa principale qualité politique. Il peut attendre très longtemps le moment décisif », confirme un hiérarque du PS.

– « Combatif » –

« Tout est possible. Quand je l’ai connu, il était à 3% », souligne un ministre proche du président rappelant le sobriquet de « monsieur 3% » dont était affublé François Hollande avant la primaire en 2011. Il avait finalement gagné haut la main, avec plus de 56 % des suffrages. Certes, « il a eu un passage à vide en septembre », mais aujourd’hui « il est combatif, il y croit, il cherche à rebondir », rassure un autre.

D’autres fidèles s’inquiètent de la solitude du président. « Il n’entretient pas bien son clan amical comme avait su le faire en son temps François Mitterrand. Il ne réunit jamais ses amis », se lamente l’un d’eux, évoquant également le « naufrage personnel, familial » de l’homme, éclaboussé par les confidences au vitriol de son ex-compagne et l’étalage dans la presse people de sa liaison avec Julie Gayet.

Pour tenter de sortir de l’ornière, François Hollande a remanié de fond en comble son équipe à l’Elysée: son fidèle ami Jean-Pierre Jouyet nouveau secrétaire général (en dépit de son incartade de ministre sous Nicolas Sarkozy), nouveaux conseillers, nouvelle équipe de communication.

Il a surtout propulsé à Matignon Manuel Valls, chargeant celui qui incarnait l’aile droite du PS de mener les réformes tambour battant.

Face à l’activisme du Premier ministre et ses coups de boutoir contre « la gauche passéiste » qui ont crispé la maison socialiste, M. Hollande a toutefois fixé au successeur de Jean-Marc Ayrault les limites à ne pas dépasser.

Profitant de la traditionnelle décoration du Premier ministre après six mois d’exercice, M. Hollande, qui a toujours revendiqué l’humour comme une « arme » en politique, en a fait une belle démonstration, rappelant notamment à son potentiel rival que son modèle Georges Clemenceau, « personnage controversé » de la gauche française, avait échoué aux portes de l’Elysée.

« C’est une mesquinerie qui ne grandit pas le président. C’est la preuve de son cynisme absolu. C’est pathétique », confiait à l’issue de la cérémonie un conseiller ministériel, déplorant « une mi-mandat qui ressemble à une fin de règne ».

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