vendredi, mars 29, 2024

Lilian Thuram présente son « vaccin antiracisme » au public dakarois

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L’ouvrage  » Mes étoiles noires : de Lucy à Barack obama » a été présenté samedi dernier à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (ucad) en présence de son auteur, Lilian Turam, ancien footballeur international français. Cette cérémonie à laquelle a pris part d’éminents intellectuels et autorités politiques marque la sortie officielle au Sénégal de cette œuvre antiraciste rappelant l’histoire d’hommes et de femmes qui ont participé à l’Histoire de l’Humanité.

C’est entouré d’intellectuels de renom, à l’image de Cheikh Hamidou Kane, Abdoulaye Elimane Kane ou du Professeur Iba Der Thiam, que l’ancien footballeur international français, Lilian Thuram, a présenté, samedi dernier, son livre  » Mes étoiles noires : de Lucy à Barack Obama », coédité par les éditions Papyrus Afrique du Sénégal avec onze autres maisons d’éditions d’Afrique et d’Haïti.

Œuvre foisonnante,  » Mes étoiles noires… » est une galerie de portraits sur des personnages au masculin et au féminin, aux parcours singuliers, reconnus pour leur engagement, qui ont marqué l’Histoire de l’Humanité. Qu’ils s’appellent Ota Benga, Marcus Mosiah Garvey, Nelson Mandela, Matthew Henson, Battling Siki, Barack Obama ou Cheick Modibo Diarra, ils ont influé à jamais sur le cours de l’histoire.

Ce livre est destiné à une génération en mal de repère. Une jeunesse qui, happée de fond en comble par l’angoisse, ballotée par une uniformisation des modes de pensée, s’interroge sur son passé, son présent et son futur. Epris de justice, l’auteur veut, à travers son ouvrage, mettre un terme au racisme, à la discrimination.

Un combat qui ne peut être gagné que dans le changement de  » nos imaginaires » qui nous permettra de nous rapprocher des autres et de faire tomber nos barrières culturelles. Ce faisant, Lilian Thuram invite à connaître des hommes et des femmes noires, ceux qui ont accompli des actions louables en faveur de la science, de la paix et du respect des droits de l’Homme. Il réfute l’idée selon laquelle les qualités de l’homme noir se résument à la danse, au sport et au chant.

Pour le natif de la Guadeloupe, le travail consiste à interpeller la société pour lui faire comprendre que le racisme est avant tout une violence faite aux gens ; que ses conséquences peuvent ne pas être immédiates.  » C’est une image extrêmement négative parce que parfois, on intériorise une image négative de soi-même. C’est la pire des choses… », avance-t-il.

Ce que veut montrer Thuram, c’est le fait que la couleur de la peau n’a rien à voir avec les qualités et les défauts d’une personne. Il déplore que beaucoup de parents ne s’arrêtent de discuter d’un tel sujet avec leurs enfants.

D’après lui,  » nous avons été conditionnés culturellement pour penser de la sorte car, dans toutes nos sociétés, il y a une hiérarchie » de ce genre, reproduite de manière inconsciente, de génération en génération.  » La colonisation, ce n’était pas seulement l’occupation d’un territoire, mais aussi d’un imaginaire », dit-il, précisant que l’éducation est un moyen efficace pour lutter contre le racisme.

Pour le Professeur Iba Der Thiam, Lilian Thuram a réalisé un travail monumental d’identification, de repérage, de collecte et de formalisation. Un travail présenté dans un style sobre avec une iconographie brûlante  » pour nous faire connaître quelques-uns de nos ancêtres qui ont joué un rôle essentiel dans la  » civilisation de l’Universel ».

THURAM DANS LE TEXTE

L’intelligence, des pieds à la tête

 » Je savais que tu avais de belles et fortes jambes. Je sais, aujourd’hui, que vous avez un beau cerveau ». L’éloge à Lilian Thuram porte la signature de Djibril Ly, l’un des pionniers des Falm (Forces armées de libération de la Mauritanie). Il y a seize ans, grâce à deux coups de patte, le footballeur avait donné du bonheur à des millions de Français et à leurs supporters refroidis par l’ouverture du score par Davor Suker.

La déferlante  » Blanc-Black-Beur » s’est emparée de la France de Zidane, Thuram, Petit, Blanc ou encore Karembeu. Après sa retraite sportive, l’homme reste droit dans ses convictions. Il est le chantre d’un humanisme décomplexé. Le passé n’est pas un chapelet de complaintes. Il indique l’horizon : regarder l’avenir avec foi. Le footeux est aussi teigneux avec le cuir qu’avec les idées émancipatrices.

As de la communication, il appelle à ses côtés l’enfant de notre confrère Alassane Cissé du ministère de la Culture, au moment de démarrer son speech aux côtés de Cheikh Hamidou Kane, le Professeur Iba Der Thiam ou encore Racine Senghor (lire le compte- rendu de Ibrahima Bâ).  » Viens avec moi. Montre leur que tu es beau et fort ».

Le message est clair :  » Nous devons dire à l’enfant : ‘C’est possible. Tu peux y arriver. Il ne faut pas qu’il se dise : ‘Je ne suis pas capable de… » Pour surmonter les limites psychologiques, l’ancien défenseur qui s’arrachait pour protéger ses buts propose le renforcement des capacités intellectuelles.  » La colonisation, ce n’est pas seulement l’occupation du territoire ; c’est l’occupation de l’imaginaire », explique-t-il.

Il rejoint le Pr Iba der Thiam qui parle de  » décérébration ». La foi en ses possibilités est un rempart contre la victimisation contreproductive. L’auteur de deux buts en demi-finale contre la Croatie sur le chemin du sacre de la France lors du Mondial 1998 se retrouve sur le terrain de la lutte contre l’idéologie de la domination. Il se paie même une passe décisive dans le match crucial pour la révolution mentale :  » Il faut développer l’estime de soi ».

L’estime de soi libère l’imaginaire du peuple noir des préjugés. Lilian Thuram raconte une expérience réalisée aux Etats-Unis à titre illustratif. Des poupées ont été remises à des enfants noirs. Une première question leur est posée :  » Des poupées blanches et noires, les- quelles concentrent toutes les tares » ? Réponse :  » Les poupées noires ». Seconde question :  » Quelles sont les poupées qui vous ressemblent ? » Réponse :  » Les poupées noires ».

Pour l’auteur de  » Mes étoiles noires : de Lucy à Barack Obama », rappelle que l’histoire de l’homme noir n’a pas commencé avec l’esclavage. De même, il réfute toute infériorité. Pour schématiser, il propose une version inédite du globe renversé. Un pied-de-nez contre les idées reçues qui tendent à conforter les thèses de la domination.

 » A force de voir l’Europe en haut, on intériorise une certaine infériorité ». Joli tacle de l’ancien latéral et défenseur central à la logique immuable des flux de vérités  » scientifiques » à sens unique. Tout l’éclat d’une lumière noire qui croit bien en… ses étoiles que sont Mandela, Obama, Lucy et autres !

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