La première session de la Cour d’Assises de Ziguinchor pour l’année 2014 a condamné, hier, à cinq (05) ans de travaux forcés, la dame Diénabou Sylla, reconnue coupable d’infanticide sur son nouveau-né de sexe féminin issu d’une relation adultérine et qu’elle a jeté dans les latrines de sa concession familiale. Divorcée de son mariage, Diénabou Sylla, âgée de 37 ans, est née à Saré Yoba. Commerçante de profession, elle a été inculpée pour infanticide et placée sous mandat de dépôt le 25 novembre 2011. Cela, après que les éléments de la Brigade de gendarmerie de Kolda ont reçu, le 23 novembre 2011, une information selon laquelle, la dame Diénabou Sylla aurait fait disparaître son nouveau-né après accouchement. L’enquête subséquente permettait aux gendarmes-enquêteurs de découvrir que le bébé de sexe féminin, bien portant à la naissance, a été jeté vivant dans la fosse septique par sa mère. Interrogée, Diénabou Sylla avait contesté les faits qui lui sont reprochés en faisant valoir que l’enfant était mort-né avant de finir par avouer que c’est elle qui l’a introduit dans les latrines. « Je n’ai pas commis un crime. Les accusations portées sur ma personne sont fausses. Je dois avouer, cependant, que l’enfant n’avait montré aucun signe de vie à la naissance», a dit hier, devant la barre, Diénabou Sylla. Et d’ajouter : « C’est un militaire, basé à Dakar qui m’a engrossée et quand je l’ai interpellé, il a reconnu qu’il était le père de l’enfant que je portais. Seulement, je dois dire que j’ai été possédée par Satan qui m’a demandé d’inhumer mon enfant dans les latrines. Je reconnais d’ailleurs avoir fait honte à ma famille et à mon entourage. C’est pourquoi, je sollicite la clémence de la justice.»
Pour l’Avocat général, Pape Ismaïla Diallo, les faits de la cause sont simples et ne souffrent d’aucune contestation. « Il y a bel et bien infanticide d’autant plus que l’accusée a reconnu avoir été enceinte et accouchée d’un enfant», dit-il. Et de poursuivre dans son réquisitoire : « Le crime établi, les faits sont d’une gravité particulière. C’est pourquoi, je demande à la Cour de déclarer Diénabou Sylla coupable d’infanticide et de la condamner à 10 ans de travaux forcés. Et justice sera faite.» Pour l’avocat de la défense, Me Aboubacary Barro, « ma cliente n’a pas occasionné la mort de son bébé. Mieux, aucun élément objectif dans le dossier ne peut confirmer que Diénabou Sylla a tué son enfant et l’accusation n’a pas prouvé le bien fondé de ses poursuites», se défend-il. Avant de reconnaître : « Ma cliente n’a pas respecté les lois et règlements de l’inhumation. C’est d’ailleurs le délit qu’on peut lui reprocher et peut être retenu en espèce dans ce dossier. C’est la raison pour laquelle, je demande à la Cour de l’acquitter purement et simplement du chef d’infanticide et de retenir le non-respect de la loi et des règles d’inhumation d’un cadavre.»
La Cour, dans son délibéré, a déclaré Diénabou Sylla coupable d’infanticide et l’a condamnée à cinq (05) années de travaux forcés.
ABDOURAHMANE THIAM / L’OBS