Le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, dans un ses poèmes, souhaitait être enterré à Joal après sa mort. Cette volonté n’a pas été respectée et « le royaume d’enfance» continue de réclamer les restes de son fils. Son successeur Abdou Diouf, dans une émission (Micro d’or) sur Rfi, a émis le vœu d’être enterré dans un cimetière mixte pour être plus proche de son épouse de confession chrétienne. Me Abdoulaye Wade lui aussi, très attaché à sa ville natale où sont enterrés ses parents, a exprimé son souhait de les rejoindre après son rappel à Dieu. Il a fait cette confidence à des proches. L’Observateur a visité cet espace.
« Bakhiya », ce nom est donné au cimetière municipal de Kébémer. Situé à l’entrée de la ville à droite de la route Touba-Lompoul, l’endroit est très imposant. Il s’étale à perte de vue, sur des hectares. Il est ceinturé par un long mur peint en jaune. Pour y accéder, il faut passer par une grande porte peinte en rouge et sur laquelle on peut lire ce mot écrit avec une craie blanche : « Refermer.» Il était 11 heures passées de quelques minutes quand nous avons foulé le sol du cimetière « Mbane» rebaptisé « Bakhiya». Ici, rien ne bouge. Silence de cimetière. Des chèvres en quête de fruits sauvages ou de nourriture déambulent tranquillement entre les arbres. Le gazouillement des oiseaux se fait aussi entendre de loin. « A cette heure, les gens n’ont pas l’habitude de venir au cimetière, mais le matin, et surtout les vendredis, il ne désemplit pas», nous apprend Mactar Diop, un conducteur de moto-Jakarta qui nous sert de guide. En effet, après une bonne dizaine de mètres de marche, nous voici en face du caveau familial réservé aux défunts de la famille de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Le mur de clôture fait deux mètres de hauteur et 6 mètres de côté.
Superbement carrelée en blanc, cette place est très entretenue. Sur la première rangée, dorment du sommeil du juste, El Hadji Moustapha Wade (né le 25-12-1923 et décédé le 21-07-2007), Mame Khady Tola Wade (1883-1982), Aïssata Dabo (1902-1972), Momar Tola Wade (1885-1985), etc. Le reste du caveau est vide. En effet, il se susurre que Me Abdoulaye Wade avait donné des recommandations fermes à ses proches de l’enterrer près de ses parents. « Dans notre famille, les morts sont enterrés soit au cimetière de Guéoul ou à Kébémer. Une bonne partie des défuntes sœurs de Me Wade dorment au cimetière de cette ville. Les hommes eux restent à Kébémer», confirme un membre de la famille Wade. Qui précise : « Ce n’est plus un secret à Kébémer, tout le monde est au courant de cette information, Me Wade l’a dit et répété en ces termes : « Si je ne suis pas rappelé à Dieu à la Mecque, je demande qu’on m’enterre à Kébémer près de mes parents». « C’est vrai. Cela prouve nettement qu’il tient à sa ville natale. D’ailleurs, Kébémer lui a rendu aussi pièce de sa monnaie, c’est pourquoi quelle que soit la situation, les habitants de la ville continuent toujours de le porter dans leurs cœurs. C’est en ce sens que nous sommes très décidés à porter son combat», indique Pape Madièye Sarr, petit-fils de l’ancien président de la République.
En outre, Souleymane Ndiaye, le préposé au nettoyage et aux travaux de réfection du caveau réservé à la famille Wade, très prudent, affirme : « Je n’ai jamais entendu cette information de la bouche de Me Wade, mais ces rumeurs me sont parvenues. De toute façon, un grand espace est réservé dans cet endroit.» Pour rappel, lors de son dernier passage au cimetière de Kébémer, Me Abdoulaye Wade s’est longuement recueilli devant les tombes de ses parents.
ABDOU MBODJ / L’OBS