jeudi, avril 25, 2024

Entretien avec Lassana Badio Sociologue Koldois sur l’actu politique

Ne ratez pas!

 Ce membre influent de la société civile koldoise se prononce sur l’actualité politique actuelle. Il revient sur les besoins d’une ville comme kolda.

Question : Quelle lecture faites vous du retour de l’ex président puisque c’est l’actualité en ce moment ?

Concernant la venue de Wade, il y a plusieurs lectures possibles à partir de différents points de vue.

Par rapport d’abord à l’acteur Wade, il faut lui reconnaître son génie polico – populiste, sa capacité de mobilisation, son statut d’opposant éternel (salutaire pour une démocratie) et surtout sa stratégie de communication qui suscite toujours un espoir du reste jamais concret. Au-delà de cette force dont il est lui-même conscient, et profitant  d’un contexte économique et social pas tout à fait reluisant pour la majorité des sénégalais, il est entrain de jouer les prolongations d’une élection qu’il a perdue et qu’il n’a jamais digérée.  C’est sur ce registre qu’il n’est pas pardonnable car il nous installe dans une campagne politicienne permanente alors que nous devons aujourd’hui tous travailler pour recoller les morceaux du tissu socio économique qu’il a contribué en mettre en plusieurs morceaux. A mon avis, il doit avoir l’élégance de laisser le président travailler sans gêner à l’image de Senghor et Diouf.

Pour revenir aux sénégalais qui lui ont réservé cet accueil, premier constat : quand on est nu même au premier venu on lui souhaite la bienvenue pour parler comme Tiken Jah. Dans ce sens, le bourreau devient le messie des temps de misère politique et économique. Et c’est ce qui est désolant, ce renversement cynique de situation. N’oublions pas que Wade a été chassé du pouvoir par 65% des sénégalais à la suite de tout un travail de formatage du nouveau type de sénégalais (citoyen responsable, réfléchi et non manipulable) avec à la clé des victimes tombées sur le champ de bataille. Revenir en deux ans accueillir Wade comme un sauveur, c’est faire tomber à l’eau tout ce sacrifice. Ecoutez ma question : Qu’est ce qu’on peut aujourd’hui attendre de Wade, 90 ans, simple secrétaire général de son parti déchiré ? Sinon contraindre à faire de son fils le futur président du Sénégal ?

Enfin, on a l’impression que nous avons affaire d’un côté à un troupeau de moutons désorientés, affamés, pressés de retrouver l’enclos et de l’autre côté un grand berger à la retraite et de petits bergers incapables de ramener les moutons à la maison quand le grand berger est absent. Or ce grand berger quand il est présent, c’est pour croquer du mouton pour lui et pour sa famille. Pour le reste, je vous demande de suivre ma pensée, vous comprendrez. En tout cas, les petits bergers  doivent apprendre à se débrouiller sans le grand berger qui a 95 % de son avenir derrière lui ou venir gonfler le rang des moutons.

Comment jugez-vous l’attitude du pouvoir dans la gestion de la venue de Wade et leur bilan de façon générale depuis l’avènement de Macky Sall?  

En voulant préserver l’ordre public, le pouvoir a par moments montré des signes de faiblesse en accordant une importance capitale à ce qui aurait du être considéré comme un événement à l’allure d’une flamme de paille. Me Wade ne doit plus faire peur, à la limite, il ne doit que susciter la nostalgie, la curiosité à l’image d’un kankouran qui passe. Si on s’amusait à faire une fragmentation de la foule, on verra que tout ce beau monde n’avait pas la même préoccupation.

Pour ce qui est du bilan, mon sentiment, sans être un allié du pouvoir, est qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Il est vrai que la cadence est lente comme le président lui-même l’a souligné, mais avec tous les actes posés sur le terrain du social et les bonnes intentions affichées ça et là, je crois personnellement que le pouvoir est sur la bonne voie. En deux ans, c’est tôt de juger l’action dans sa globalité. Il faut attendre 2017, pour apprécier s’il y aura zéro abri provisoire, si les routes seront réalisées, si le PSE prendra forme, si le pôle Casamance sera une réalité, s’il n’ y aura pas une dynastie Faye Sall, si la bonne gouvernance est effective, si … si    , si…. En ce moment et en ce moment seulement, nous pourrons faire valoir la sanction appropriée. Pour le moment réunissons nos énergies pour l’intérêt général et non à gaspiller ces énergies dans des querelles partisanes.

Question : On a l’impression que vous n’êtes plus du PDS alors que vous avez été conseillé régional sur cette liste ?

Je précise que je n’ai jamais milité dans un parti politique même si par ailleurs j’ai été conseillé régional sur la liste du PDS, et je me sens comptable du bilan par devoir. J’ai accepté de figurer sur la liste car dans ma naïveté, on m’avait fait comprendre que nos idées seraient prises en compte dans la gestion de la collectivité locale. Convaincu et conscient de cette promesse, j’ai accepté de donner ma caution en leur précisant que je garderai ma neutralité politique.

Question : êtes- vous à recommencer avec les investitures en vue ?

Pour ces élections, je ne suis intéressé par aucune investiture sans pour autant démissionner de la mission que je me suis assignée à voir Kolda parmi les meilleures cités du Sénégal. Les politiciens ne sont pas trop fréquentables si on n’a pas une culture politicienne.  J’ai décliné toutes les invitations d’investiture d’autant plus que je ne me sentirai pas utile une fois le pouvoir conquis.. L’expérience que j’ai eu est que d’abord la gestion des collectivités locales n’est pas affaire de politiciens mais affaire «  développement ». Malheureusement, les politiciens ne limitent cette gestion qu’à la seule gestion pouvoir en en faisant un instrument de clientélisme politique. Avant, la conquête, ils sont prêts à faire toutes les concessions pour crédibiliser leur liste mais une fois le pouvoir acquis, ils retrouvent leur état naturel. Notre participation au conseil régional était motivée par le fait qu’on nous nourrissait des convictions fortes pour la région. Mais hélas, ces convictions ont été déçues car à part la présence aux délibérations des votes de budget, nous n’étions associés à rien.  Sur ce, je me suis fait la philosophie, qu’en tant que membre de la société civile, ayant mes convictions et mes orientations, il me sera aujourd’hui difficile d’accompagner des politiciens qui n’ont que le pouvoir comme visée.

Question : Quelle actions allez vous mener en tant que membre de la société civile ?

Nous allons poursuivre notre logique de sensibilisation et de conscientisation des citoyens. Nous nous battrons avec les organisations de la société civile pour  renverser les tendances en donnant plus de pouvoir et de liberté de choix au citoyen électeur afin qu’il cesse d’être un objet malléable et corvéable à la merci de  la poche douteuse du politicien candidat.  Nous avions élaboré le profil de l’élu dans le cadre du CASADES.  Dans les prochains jours, nous allons relancé le travail pour qu’émerge du lot des marchands d’illusions, le meilleur candidat préoccupé par  l’intérêt exclusif de la cité.

Question : Quelles sont aujourd’hui les priorités à Kolda ?

Les chantiers sont énormes, et il y a énormément de la matière pour le futur maire s’il veut travailler. La première des tâches c’est faire de Kolda, une ville sûre. C’est ma vision. Cela s’entend dans plusieurs sens : collaboration avec les services compétents pour  réglementer la  circulation pour qu’on ne rentre pas en cadavre après un tour en ville, mettre fin aux occupations anarchiques de la voie publique par les marchands, les mécaniciens et autres ouvriers, mettre fin au stationnement anarchique des camions dans tous les coins de rue, réorganiser les marchés, trouver une solution définitive à la gestion des ordures ( du temps de Demba Koita pour ne pas dire Senghor, il y avait des poubelles publiques et des camions de ramassage, quel recul !), achever les chantiers, créer des opportunités d’auto emploi pour les jeunes et les femmes, aménager des espaces verts, des édifices publics en rachetant des terrains et maisons en vente, et  surtout, surtout, faire émerger une conscience citoyenne par la participation de tous dans la gestion de la chose publique.

Abdou Diao / Koldanews

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