Ex-conseiller du président Abdoualye Wade, Cheikh Diallo a connu la descente aux enfers. Soupçonné par la justice d’être un complice de Karim Wade dans l’acquisition illicite de divers biens, il aura connu la prison avant d’être blanchi le 16 avril. Entretien.
Jeune Afrique : la commission d’instruction de la Crei vous a blanchi. C’est un soulagement ?
Cheikh Diallo : Oui. J’ai passé six mois en prison, six autres mois sous contrôle judiciaire. Ce fut une épreuve très difficile, longue et harassante, même si je n’ai jamais été inquiet, car j’étais persuadé qu’un jour viendrait où mon innocence serait établie. Je n’ai pas d’amertume, je n’en veux à personne, j’ai déjà pardonné. Maintenant que la justice sénégalaise m’a indiscutablement blanchi, je veux tourner la page.
Avez-vous côtoyé Karim Wade et ses autres complices présumés à la prison de Rebeuss ?
Non. Nous n’étions pas dans le même secteur. Il arrivait que l’on se croise, mais il était en permanence entouré de gardes et nous avions interdiction de nous parler. Même quand je suis sorti, on m’a interdit de rendre visite à tous ceux qui sont concernés par l’enquête. Je n’ai pas non plus été en contact avec le président Wade.
Dans l’entourage de Karim Wade, on affirme que vous avez été blanchi parce que vous l’avez chargé lors de vos auditions devant les juges. En gros, vous l’auriez balancé…
J’ai dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Quelle est-elle ?
Je ne peux pas être propriétaire d’un groupe dans lequel je ne détiens que 30% des parts. C’est mathématique.
Qui est le propriétaire de CD Médias ?
Karim Wade. Mais ce n’est pas un crime. Ce groupe n’a jamais été source de profits, au contraire, il a plus été source de coûts. (Devant les enquêteurs, Karim Wade a longtemps nié être le propriétaire de ce groupe, NDLR).
Quand vous avez lancé ce groupe et notamment son titre phare : « Le Pays au quotidien », quel était l’objectif ?
C’était un objectif citoyen. Il s’agissait de faire un journal comme les autres, d’information générale.
Devait-il soutenir Karim Wade dans la perspective où il se présenterait à une élection ?
Non, pas forcément. Mais on soutenait sa cause. Il n’a pas créé ce journal pour se faire insulter !
Que pensez-vous du mode de fonctionnement de la Crei ?
Je n’ai rien à dire sur ce sujet.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
J’ai des ambitions en Afrique de l’Ouest. Je réfléchis. Je vais soutenir ma thèse de doctorat en sciences politiques. J’ai eu le temps en prison de réfléchir sur les paradoxes de la consultation démocratique en Afrique.
Le contact est rompu avec Abdoulaye Wade, duquel vous étiez proche ?
Dans cette épreuve, je ne l’ai pas entendu. Je suis sorti voilà six mois, et je n’ai pas eu un seul coup de fil. Seule sa femme, Viviane, a rendu visite à mon épouse quand j’étais en prison. Cela me laisse perplexe.
Jeuneafrique
Source: ferloo