vendredi, mars 29, 2024

Egypte: Le maréchal Abdel Fattah al Sissi est candidat à la présidence

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Le maréchal Abdel Fattah al Sissi, chef de l’armée égyptienne et ministre de la Défense, s’est officiellement déclaré mercredi soir candidat à l’élection présidentielle dont il sera le grandissime favori.

Sissi, qui a évincé en juillet dernier Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et premier président élu de l’histoire du pays, a précisé dans une allocution télévisée qu’il ne ferait « pas de miracles » mais s’est engagé à « travailler dur ».

« Me voici humblement devant vous pour vous annoncer mon intention de briguer la présidence de la République arabe d’Egypte », a-t-il dit.

« Je ne peux pas faire de miracles. Je propose en revanche de travailler dur et de faire preuve d’abnégation (…) Il faut être francs avec nous-mêmes: notre pays a de grands défis à relever. Notre économie est faible. Des millions de jeunes sont victimes du chômage en Egypte. C’est inacceptable », a-t-il poursuivi.

Le maréchal Sissi, qui a démissionné de son poste de ministre de la Défense et de chef des armées – « il s’agit de mon dernier jour sous l’uniforme -, a également promis de continuer à « lutter chaque jour pour une Egypte libérée de la peur du terrorisme » en évoquant les attentats qui se multiplient depuis l’éviction de Morsi.

Sa candidature à la présidentielle ne faisait pas l’ombre d’un doute. Lui-même avait déclaré à plusieurs reprises dans la presse qu’il ne pouvait ignorer « l’appel du peuple ».

La date du scrutin n’a pas encore été fixée mais il devrait avoir lieu avant la fin juin, comme le prévoit la Constitution. Le seul rival déclaré du maréchal Sissi est pour l’heure le candidat de la gauche nassérienne Hamdine Sabahi, troisième de la présidentielle de 2012.

UN MORT ET HUIT BLESSÉS AU CAIRE

Nombre d’Egyptiens voient dans l’ancien chef des services de renseignement militaires, âgé de 59 ans, l’homme fort qui pourra sortir le pays des trois années d’instabilité politique, d’insécurité et du naufrage économique qui ont suivi la « révolution du Nil » contre Hosni Moubarak, en janvier-février 2011.

Le camp islamiste le voit au contraire comme le chef d’orchestre d’un complot qui a conduit au renversement de Mohamed Morsi et l’accuse de mener une répression implacable contre les Frères musulmans, dont des milliers de membres ont été tués ou arrêtés pour avoir participé à des manifestations, et plus généralement contre toutes les voix discordantes en Egypte.

Lundi, un tribunal de Minya, en Moyenne-Egypte, a ainsi condamné à mort 529 partisans de la confrérie à l’issue d’un procès de quarante-huit heures, décrié par les organisations des droits de l’homme, l’Onu et les capitales occidentales.

Plus de 900 autres ont été renvoyés devant ce même tribunal de Minya pour répondre de meurtres et de terrorismes, a-t-on appris mercredi.

Cette justice expéditive a été dénoncée par plusieurs centaines de jeunes qui ont manifesté mercredi à l’Université du Caire à l’appel des « étudiants contre le coup d’Etat » et lancé des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes. Le ministère de la Santé a fait état d’un mort et de huit blessés.

Des membres de la confrérie ont bloqué la circulation et tenté de dresser un camp sur le campus, a rapporté le ministère de l’Intérieur, qui a signalé plusieurs blessés parmi les policiers.

« Si Sissi n’a pas de véritable plan de réconciliation de la société égyptienne, il échouera à coup sûr », a relevé Hassa Nafaa, qui enseigne la science politique à l’Université du Caire. « Mais je ne sais pas s’il sera en mesure de le faire. »

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est élevé mercredi contre les 529 condamnations à morts de Minya. « J’exhorte le gouvernement intérimaire égyptien à revenir sur ce verdict, à garantir un procès équitable aux accusés. Toute autre décision déshonorerait ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour les valeurs démocratiques », a-t-il dit.

Au nom de l’Union européenne, Herman van Rompuy, président du Conseil européen, s’est lui aussi dit scandalisé.

« Nous invitons les autorités égyptiennes à rétablir l’Etat de droit », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue d’un entretien avec Barack Obama, qui était en visite à Bruxelles.

(Bertrand Boucey, Tangi Salaün et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Henri-Pierre André)

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