samedi, avril 20, 2024

Vatican: le pape François cherche à adoucir l’église catholique

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Ce pape  » du bout du monde a-t-il désacralisé la fonction de chef de l’Eglise catholique ou l’a-t-il simplement modernisée ? Le point un an après son élection.

Sa Harley-Davidson a été vendue 241.500 euros aux enchères du Grand Palais en février dernier. Il a fait se prosterner 3 millions de jeunes sur les plages de Copacabana cet été. Il aime lever les pouces pour saluer son public, a été élu l’homme le mieux habillé de 2013, a révélé son passé de videur de boîte de nuit et faisait même coucou en une de  » Rolling Stones le mois dernier… Non, il ne s’agit pas d’une star du rock, mais bien du très Saint-Père, chef de l’Eglise catholique, le pape François rebaptisé le  » pape cool.

Ses coups de fil impromptus à des inconnus qui lui ont écrit sont devenus légendaires. Le réseau social s’emballe à chacun de ses messages. Son compte Twitter a 12 millions de  » followers. Ses audiences du mercredi, qui ont réuni plus de 6,6 millions de personnes en dix mois (trois fois plus que pour Benoît XVI) se terminent inéluctablement en impressionnants bains de foule durant lesquels il peut passer deux heures à serrer les mains, embrasser les enfants, étreindre les handicapés, échanger sa calotte contre une autre ou contre n’importe quel couvre-chef qu’on lui tend – coiffe en plumes, casque de pompier ou de chantier… On l’a même vu arborer un nez rouge avec un couple de jeunes mariés travaillant comme clowns auprès d’enfants cancéreux.

Tout récemment, après s’être essayé au  » selfie avec de jeunes pèlerins à Rome, il s’est lancé dans la  » self-made tape, une vidéo de sept minutes qu’il a enregistrée lui-même sur un smartphone à destination de fidèles anglicans américains. Des images diffusées mi-février lors d’une participation de l’évêque anglican – et ami du pape – Anthony Palmer à l’émission d’un télévangéliste américain bien connu, Kenneth Copeland. On y découvre un pape très informel, pas vraiment à son avantage, s’excusant de ne pas pouvoir s’exprimer en anglais mais désireux d’utiliser  » le langage du cœur pour parler  » de frère à frère et appeler à  » l’unité des chrétiens. Autant dire, du jamais-vu.

Une fonction désacralisée ?

Si le message a été applaudi sur le plateau de l’émission, à Rome, où pour une fois les services de communication du Saint-Siège sont restés discrets sur l’événement, on a entendu quelques dents grincer.  » Il prêche un Evangile facile et  » cherche à éviter le conflit, déplore le célèbre vaticaniste de  » L’Espresso Sandro Magister.  » Quel visage de l’Eglise sous le pontificat de Zavatta François ?, allait jusqu’à demander le blog intégriste Eschaton, évidemment peu enclin à apprécier les écarts de conduite protocolaires d’un pape latino-américain jusqu’au bout du style.
A-t-il  » désacralisé la fonction, comme le lui reprochent les plus conservateurs ?  » Non, il l’a popularisée et il l’a modernisée, estime l’historien Philippe Levillain. Il l’a dit lui-même, il est  » un peu rusé et sait parfaitement jouer de son image.  » Un évangélisateur ne devrait pas constamment avoir une tête d’enterrement, écrivait-il dans son exhortation apostolique  » la Joie de l’Evangile, premier texte magistériel de son pontificat. Il a donc déclaré la guerre aux  » airs de carême sans Pâques. Cela en fait-il pour autant un progressiste échevelé ?

Plutôt  » un ornithorynque spirituel, du nom de cet animal inclassable, selon la jolie expression de Mgr François Bousquet, recteur de l’église Saint-Louis-des-Français.  » Il est conservateur sur la doctrine, mais il a très bien compris qu’il n’est absolument plus possible de parler aux fidèles et à la société moderne en étant doctrinaire, analyse le vaticaniste italien Marco Politi.  » Il a réussi à attirer l’attention sur sa personne, maintenant il doit réussir à reporter son capital sympathie sur l’Eglise et l’Evangile, observe encore un jésuite installé à la Compagnie, à quelques mètres de la coupole.

Un autre François  » normal ?

En créant cette mythologie des petits gestes, Bergoglio a suscité énormément d’attentes. Entre l’image ébouriffante du pasteur qui veut  » sentir la brebis et les convictions du  » bon fils de l’Eglise qu’il ne cessera jamais d’être, un hiatus a commencé de s’installer.

Si les portes se referment brutalement alors qu’on a donné le sentiment de les ouvrir en grand, inévitablement ça risque de faire des déçus, reconnaît François Euvé, directeur de la revue jésuite en France, qui salue, par ailleurs, son audace pastorale.

Sans doute conscient d’un tel risque, dans sa récente interview au  » Corriere della Sera, la troisième accordée par le pape à un quotidien italien, Jorge Bergoglio s’élève contre l’idéalisation de sa personne et rectifie le tir.  » Quand on dit par exemple que je sors la nuit du Vatican pour aller donner à manger aux sans-abri sur la rue Ottaviano. Cela ne m’est jamais venu à l’esprit, précise-t-il pour mettre un terme à une rumeur jusqu’alors mollement démentie par les services du Vatican.  » Dépeindre le pape comme une sorte de superman, une espèce de star, m’offense. Le pape est un homme qui rit, qui pleure, qui dort tranquillement et qui a des amis. Une personne normale. Quant à la doctrine,  » la question n’est pas d’en changer.
 » C’est entendu, conclut un diplomate en poste à Rome, il n’est pas un révolutionnaire, mais c’est tout de même un choc tellurique pour l’Eglise ! Les adorateurs de dentelles n’ont pas fini de pester contre ce  » pape en savates.

Source: 2stv

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