mardi, mai 14, 2024

A mon grand Latif !

Ne ratez pas!

Cher Latif, mon grand, j’ai peine à vous reconnaître et votre sort m’attriste. Je me souviens les années avant 2000 et après 2000. Elève, étudiant  puis jeune professeur dans un lycée de l’intérieur, admiratif de votre parcours et de vos articles, opinions, attendant votre point de vue avec impatience sur des sujets nationaux puisque vous étiez pour nous une sorte de voix autorisée pour infirmer ou confirmer une opinion qui fait objet de discussion entre camarades et plus tard collègues.

Ces derniers temps votre talent a pris des formes inattendues, notamment au contact des hommes politiques que vous voulez servir et assurément au contact grisant des plateaux de télévision où, faut-il le rappeler (à l’époque de la télé unique), vous étiez persona non grata. Est ce là, une forme de revanche personnelle déjà?

Au début, je vous ai observé mi-circonspect, mi-dubitatif. J’ai vu votre sens du marketing dans des postures qui cherchaient l’argumentation intellectualisante (sans convaincre personne). Manifestement, au début, vous y croyiez et cela vous faisiez plaisir et plus le temps  passait, de la peine.

J’ai vu que votre sens de l’argumentation acrobatique a pu trouver le bon segment de marché. Vous correspondez pour partie à un curieux air du temps qui, sous couvert de dénoncer les dérives du règne de Wade and co, cherche la « rupture » en tordant au cou les principes même de la République, ceux pour qui, vous vous êtes battu jusque là et qui vous a valu cette réputation d’homme libre.

Lors  de votre passage à une télé de la place avec certains patrons de la presse sénégalaise, j’ai trouvé votre sens de l’humour arrosé à la sauce anecdotique assez limité, manifestement ce n’était pas l’avis de quelques rigolards professionnels malgré le sérieux du débat posé: la chasse aux biens supposés  mal acquis. Sur cette question la dérive visible et risible adoptée par les nouveaux gouvernants continue et, hélas, vous semblez en être le porte étendard après la vraie fausse promotion de la Mimi « national ».

J’ai vu que votre soif de reconnaissance n’a pas plus de limite que votre orgueil, cette volonté qui peut devenir aveugle d’avoir seul raison contre tous. Les libéraux semblez vous soutenir,  sont tous pourris, tous voleurs ! Pathétique Latif, pris au piège à la fois des formules qu’on exige de vous (monnayant belles rétributions ?) et des raccourcis les plus faciles et honteux et qui font le jeu des antirépublicains que constituent hélas la majorité des hommes politiques dès qu’ils accèdent au pouvoir. Et comme vous êtes féru d’histoire politique, vous le savez bien. C’est en cela que votre obstination à surfer sur ce type de courant a atteint son point limite, qui appelle la réprobation active de tous les républicains.

Je vous ai vu vous enfermer dans ce piège que vous croyez pouvoir instrumentaliser avec quelques alliés de passage et le mutisme parlant de quelques hommes et femmes dits « de la société civile » d’antan. Je sais que la pédagogie républicaine est nettement moins simple que la démagogie politicienne dont vous et vos « alliés» semblez apprécier la marge de progression possible. Continuez comme cela, avec vos tribunes médiatiques  et vos réactions guidées et progressera ce qui fait la honte de nos intellectuels convertis : l’amnésie.

Nous sommes arrivés à une situation ubuesque dans laquelle les tenants du pouvoir disent le droit à la place des juges et décident de celui qui est coupables et de celui qui est innocent en toute impunité.

 Vive la République, celle de mon grand Latif !

Tidiane NDIAYE ZAGALO,

Professeur de Lettres Modernes.

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