vendredi, avril 19, 2024

Transhumance industrielle : Dangote coopte en masse les travailleurs venus de la Sococim

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Il y a quelques années,  » Le Témoin, rendant compte d’un banal vol d’ordinateurs dans un hôtel de la place, avait, en poussant ses investigations, découvert que les victimes de ce vol — des Chinois — travaillaient à la construction d’une troisième cimenterie à Pout. C’était celle de Dangoté qui a, par la suite, fait couler beaucoup d’encre et de salive du fait notamment du contentieux qui a opposé le milliardaire nigérian aux héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké, défunt khalife général des Mourides. Au moment où nous révélions l’arrivée d’un troisième larron dénommé  » Dangote Cement, les Ciments du Sahel, deuxième cimenterie de la place et appartenant à la famille libanaise des Layousse, venaient juste de s’installer et peinaient à  » cimenter leur part de marché. Pendant ce temps, la Sococim, la plus vieille cimenterie du pays, rachetée quelques années auparavant par le groupe français Vicat, avait du mal à cacher la gêne que lui causait l’apparition d’un concurrent… bientôt suivi par un second ! Depuis l’indépendance de notre pays, en effet, sans remonter plus loin, la Sococim, qui appartenait alors à la famille Crémieux, exerçait un monopole sur la vente de ciment au Sénégal et approvisionnait même des pays de la sous-région. Elle imposait donc ses prix et c’est à peine si, sur les sacs qu’elle vendait, il n’y avait pas l’étiquette  » à prendre ou à laisser collée. Inutile de dire que lorsque la Sococim était seule sur le marché, et avec le boom immobilier connu dans notre pays à partir de la fin des années 90, l’offre n’arrivait plus à satisfaire la forte demande. D’où les multiples pénuries qu’a connues notre pays, qui se sont traduites par une spéculation sur le prix du ciment. C’est justement cette très forte demande qui a poussé la famille Layousse à investir dans le secteur en créant les Ciments du Sahel. Les deux industries ayant beaucoup investi dans les capacités de production, le marché se trouva bientôt inondé de ciment. En effet, alors qu’on assistait à des pénuries jusque-là, ce fut bientôt l’inverse, la production annuelle cumulée des deux cimenteries, soit 4 millions de tonnes, dépassant largement la demande qui tournait autour de trois millions de tonnes. Il y avait donc un surplus qui était exporté principalement vers le Mali. Pourtant, conformément à la loi de l’offre et de la demande, les prix auraient dû logiquement baisser du fait de cette abondance de ciment. Il n’en fut rien malheureusement et étonnamment. Comme s’il y avait une entente sur les prix entre les deux cimenteries concurrentes… Des prix élevés que rien ne peut expliquer puisque l’essentiel des matières premières nécessaires à la fabrication du ciment à savoir le calcaire et l’argile est extrait des carrières bordant ces unités industrielles. Seul le clinker est importé. Mieux, pour une usine comme la Sococim, même les pneus usagés utilisés comme combustibles dans les fours de la cimenterie sont ramassés dans les rues. Bref, rien ne justifie que les prix du ciment n’aient pas baissé à la suite de l’entrée en activité des Ciments du Sahel. Pendant plus d’une décennie, donc, ces deux cimenteries ont régenté le marché, se plaignant de la surproduction mais refusant obstinément de baisser leurs prix.

Dans ces conditions, évidemment, l’annonce de l’arrivée de la cimenterie Dangoté a provoqué la panique au niveau aussi bien de la Sococim que des Ciments du Sahel. En particulier, une tempête de ciment trouble la visibilité des propriétaires et du management de la Sococim. Avec la reprise des travaux de la cimenterie Dangote suite au règlement du différend qui opposait le magnat nigérian aux héritiers de Serigne Saliou Mbacké, cette tempête a provoqué une véritable panique chez les Vicat. Lesquels se sont rendus à l’évidence du fait que la cimenterie Dangote n’est plus un rêve, mais une réalité appuyée par l’avancement des travaux à grande vitesse !

Transhumance industrielle

À la Sococim où les cadres et ouvriers manquent de motivation du fait de la modicité relative des salaires qui leur sont payés, et ce contrairement au traitement royal des  » toubabs de la maison, on nous révèle que beaucoup d’ingénieurs et techniciens ont déjà déposé leur demande pour rejoindre la nouvelle cimenterie Dangote. Or, les ingénieurs et techniciens de la Sococim, correspondent justement aux profils opérationnels et expérimentés que cherche Dangote pour démarrer ses activités. En effet, avec ces professionnels rodés, nul besoin de formation puisqu’ils sont immédiatement opérationnels. Toujours est-il qu’il y a au moins deux cadres de la Sococim qui sont soupçonnés, à tort ou à raison, de vouloir rejoindre Dangote. Une affaire qui pollue l’atmosphère à la cimenterie de Rufisque. Ces suspicions de transhumance industrielle aux airs de grand  » yolékou ont fait que chacun se méfie de l’autre actuellement dans la maison Vicat. Certaines sources interrogées nous parlent de traçabilité informatique qui aurait permis de repérer des demandes d’emploi que des cadres et techniciens de la Sococim auraient envoyées à la cimenterie Dangote par le biais de la messagerie électronique interne exclusivement réservée aux employés de l’entreprise. Dans le lot des accusés, un cadre que  » Le Témoin a rencontré dans le plus grand secret. Lequel nous a confié ceci :  » Depuis un certain temps, des rumeurs annoncent le départ des uns et des autres. Ce ne sont que des rumeurs… Moi, je n’ai plus rien à prouver à la Sococim… Et si je veux partir, je partirais ! Quant à utiliser le réseau interne de l’entreprise pour envoyer une demande à Dangote, c’est faux ! Et dans le cas où certains l’auraient fait, ce serait uniquement pour prouver leur appartenance à la Sococim afin de gagner la confiance des recruteurs de Dangote nous explique ce cadre de la Sococim. Et de laisser entendre qu’il existe des méthodes souterraines de débauchage plus efficaces que la voie électronique qui peut toujours laisser des traces.  » Les vrais partants pour Dangote vont emprunter ces voies souterraines au moment opportun comme l’avaient fait d’autres lorsqu’ils partaient à la Cimenterie du Sahel,…

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