jeudi, avril 25, 2024

Investissements dans le ciment Dangote peine dans ses projets africains (Par Cheikh Tidiane MANE)

Ne ratez pas!

L’histoire de la cimenterie Dangote en cours de construction à Pout ressemble à un roman sans fin. Démarrée en 2008, les travaux de l’usine ne sont pas encore terminés à cause du marathon judiciaire qui accompagne le projet. Personne ne peut prédire aujourd’hui quand le premier sac de ciment sortira de cette usine en chantier depuis déjà 6 ans. Alors qu’une cimenterie de cette taille est construite et mise en service en 2 ou 3 ans. Tout a commencé quand, en 2007, l’industriel nigérian obtient une convention minière qui sera suivie en 2008 d’un décret du président de la République Abdoulaye Wade lui octroyant une réserve de 800 hectares de terres dans la forêt classée de Pout pour y construire une cimenterie, la troisième du pays. Mais, signé par Wade dans la précipitation, au pied de son avion présidentiel un samedi, le décret recèle un empiètement de plus de 120 hectares sur un terrain précédemment attribué à Serigne Saliou Mbacké l’ancien khalife général des mourides décédé en décembre 2007 et destiné à une exploitation agricole. Il est utile de relever que le domaine accordé à la cimenterie empiète également sur des terres initialement promises à Serigne Mansour Sy, khalife général des Tidianes. Si bien que le projet Dangote a eu la tare congénitale de démarrer avec des contentieux l’opposant aux chefs spirituels des deux confréries religieuses les plus puissantes du Sénégal. Avant que les travaux ne débutent, le chef religieux signifie aux autorités et à Dangote l’empiètement, mais cela restera lettre morte et l’industriel nigerian encourage par le pouvoir entreprend ses travaux avec les compagnies chinoises Sinoma et indienne Csl en travaillant nuit et jour, et ne laissant d’autre possibilité à la famille de feu Serigne Saliou que d’aller ne justice.

Marathon judiciaire

En décembre 2010, le tribunal de Thiès, après avoir ordonné un arrêt des travaux jamais effectif assorti d’une astreinte jamais payée, va débouter les héritiers de Serigne Saliou Mbacké de leur demande d’expulsion de Dangote sur le site litigieux. En juillet 2012, la Cour d’appel de Dakar annulera cette première décision et l’autorité administrative ordonnera l’arrêt des travaux, pour risque de troubles à l’ordre public. Un arrêt des travaux qui mettra plus de 6 mois à être effectif et qui sera prononcé le 8 janvier 2013. En effet, les disciples du marabout qui ne voyant toujours pas la décision de justice s’exécuter menaçaient d’occuper la propriété de leur guide. Dangote finalement contraint d’arrêter son chantier, introduit alors un pourvoi en cassation que la Cour suprême arbitrera en sa faveur en cassant l’arrêt de la Cour d’appel en aout 2013, tout en renvoyant l’affaire pour un autre jugement en appel. Ce qui signifie que l’affaire n’est pas encore terminée devant la justice sénégalaise. Parallèlement, comble de maladresse ou activisme de Dangote, un chef religieux tente de manipuler l’opinion en faisant croire, le 21 septembre 2013, que l’actuel khalife général des mourides a formulé une recommandation (Ndigël) pour que les travaux de construction de l’usine reprennent. Une information qui a été démentie immédiatement par le porte-parole officiel du khalife et qui fit un tollé dans la communauté mouride qui se mobilisait autour du défunt guide.

Rebondissements

Plus grave encore, à la suite d’une visite dominicale de Dangote chez le président de la République, le dimanche 29 septembre, un nouvel arrêté du préfet de Thiès ordonne la levée de la mesure de suspension des travaux dès le lendemain 30 septembre. Cette mesure va déclencher la ire de Serigne Moustapha Saliou, le représentant des héritiers de l’ancien khalife attributaire des terres contestées, qui dans une déclaration relayée par la presse sénégalaise, va violemment critiquer les pouvoirs publics sénégalais et le Président de la République, coupables à ses yeux de parti-pris en faveur de Dangote. Les rebondissements à répétition de cette affaire rappellent curieusement les difficultés que connaissent tous les projets d’implantation de cimenteries que le groupe Dangote rencontre en Afrique. Alors que le milliardaire nigérian annonce régulièrement de nouveaux projets d’investissements tous plus importants les uns que les autres, aucune usine n’a encore démarré ses activités dans aucun des pays ciblés : Zambie, Tanzanie, Congo Brazza, Ethiopie, Cameroun, Ghana, Côte d’Ivoire, Libéria, Guinée, Sierra Leone. Comme au Sénégal, certains projets annoncés semblent buter sur d’inextricables conflits fonciers, comme au Cameroun, où la communauté des chefs traditionnels Sawa lui reproche de convoiter un terrain sacré destiné à abriter des cérémonies religieuses. Tout comme à Lagos, plus récemment, où ATM, l’opérateur en charge du terminal du port d’Apapa a fini par raser, au début du mois d’octobre, une unité de ciment appartenant à Dangote qui n’avait jamais fonctionné.

Cheikh Tidiane MANE

Expert-Financier

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Articles récents

Kendji Girac blessé par balle: son autre visage se dévoile au grand jour sur fond de problème d’alcool et de drogue

Trois jours après que le chanteur à succès Kendji Girac a été blessé par balle sur une aire d'accueil...

Notre sélection pour vous