Suneor est sur le point de déposer son bilan et risque d’entraîner dans sa chute toute l’agriculture sénégalaise, grandement dépendante de l’arachide, dont Suneor est le principal acheteur.
En effet, Suneor qui demeure la première entreprise agro-alimentaire du Sénégal et le premier acteur de la filière est confrontée à des graves difficultés, avec un passif cumulé qui met aujourd’hui en péril sa survie.
Depuis maintenant deux ans, l’activité de trituration de l’arachide, qui représentait traditionnellement 50 % de l’activité totale de la société et qui concernait 4 des 5 sites de production, est devenue désuète, notamment en raison d’une insuffisance d’approvisionnement en graines d’arachide. La collecte de la société qui atteignait 200 000 tonnes au cours des campagnes 2009/2010 et 2010/2011, est passée à environ 30 000 tonnes collectées.
C’est la libéralisation de l’exportation de la graine d’arachide, qui s’est traduite par une forte spéculation à l’achat par des acheteurs étrangers, en particulier chinois qui a créé cette situation. Ces derniers ont d’ailleurs fait l’objet d’arrestations pour avoir établis de fausses déclarations d’origine afin de contourner les droits et taxes de douane. Aujourd’hui SUNEOR ne parvient même plus à exporter son stock d’huile d’arachide qui atteint 20 000 tonnes en raison d’une part de ses coûts de production trop élevés par rapport aux cours mondiaux, et d’autre part en raison du boycott des sociétés d’Etat chinoises (qui constituaient la clientèle traditionnelle de SUNEOR) qui n’ont quasiment plus d’importation d’huile d’arachide en provenance du Sénégal.
L’autre aspect qui a aggravé la situation de Suneor est le blocage des prix. En effet, le 29 septembre 2010, un arrêté ministériel a imposé le blocage des prix de l’huile sur le marché sénégalais, cette décision s’inscrivant dans le cadre d’une politique de baisse des denrées alimentaires dans un contexte de hausse des cours mondiaux.
Conséquences pour Suneor : des pertes de marges et des parts de marché qui sont estimées à 18,4 milliards Fcfa.
Il faut rajouter pour conclure à ce marasme la concurrence de l’huile de palme, mais aussi la baisse significative amorcée par le cours des huiles sur le marché international, des importations massives d’huiles raffinées et déjà conditionnées en provenance d’Asie qui ont été réalisées par certains commerçants et sont arrivés sur le marché sénégalais à des prix défiant toute concurrence.
Tous ces éléments expliquent la forte dégradation du résultat des exercices 2012 et 2013 qui cumulent à plus de 35 milliards de déficit. A ce jour les principales banques de SUNEOR ont suspendu leurs financements dans l’attente de décisions et de perspectives d’avenir. Le cumul des pertes sur la période 2005/2013 atteindra 46 milliards Fcfa. Une grave situation qui coupe le souffle industriel de ce géant de l’agro-business.
Dakaractu