jeudi, mars 28, 2024

« Carnets du pouvoir » de Rama Yade : les confessions d’une ancienne « Sarko-girl »

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Sept ans de bruits de couloirs gouvernementaux, de coulisses, de batailles d’ego, mais aussi ses rencontres avec Kaddafi, Mandela, ATT, ou encore l’affaire du discours de Dakar par Nicolas Sarkozy – « une vraie cata », dit-elle… Le livre de confessions de Rama Yade, « Carnets du pouvoir (2006-2013) », sorti fin septembre aux Éditions du Moment, relate les rencontres, mais aussi les nombreuses couleuvres qu’a dû avaler l’ancienne secrétaire d’État française aux Droits de l’homme, d’origine sénégalaise. Morceaux choisis.

Le 18 mai 2006, à Bamako, lors d’un voyage de Nicolas Sarkozy. Rama Yade est alors secrétaire nationale de l’UMP chargée de la Francophonie.
« Vers 12h30, nous arrivons dans les jardins luxuriants d’ATT, le président malien commence en racontant l’histoire d’un grand tableau impérial, accroché au-dessus du canapé où il s’est assis avec Nicolas Sarkozy. Celui-ci l’écoute, tête baissée, comme un élève. ATT m’offre un tableau. Nicolas Sarkozy lui dit que je suis « de la région ». Nous nous rendons ensuite sur le balcon pour admirer la vue (le fleuve, en fait). Pendant que les deux présidents dissertent, le reste de la délégation se disperse. Un journaliste malien veut m’interroger sur l’immigration choisie. Il vaut mieux que je m’éloigne. »

Le 19 juin 2007, lors de sa nomination au gouvernement.
« Toujours pas mon nom. Je stresse d’avoir été squeezée au dernier moment. Même Amara est avant moi. Finalement, je suis avant-dernière (avant Luc Chatel, secrétaire d’État à la Consommation et au Tourisme). Je suis secrétaire d’État aux Affaires étrangères et aux Droits de l’homme !! J’appelle Amy qui est en ce moment au Sénégal. Elle me dit que tous les voisins viennent la voir. Je pleure à chaudes larmes. Le moment est très fort. »

Le 19 juin 2007 (suite).
« Mon destin vient de basculer dans l’inconnu. J’avais la certitude depuis longtemps que quelquechose de particulier devait arriver. Mais quand même, ministre à trente ans, dont huit passés au Sénégal… Quel parcours ! Une enfance sénégalaise heureuse. Ce départ pour la France, Colombes, les premiers pas en France, les problèmes d’argent, de loyer, l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc, la vie dans la cité, une prépa à Paul-Valéry, Sciences Po, le Sénat… tout défile. (…) C’est l’aboutissement d’une vie et le début d’une autre. »

Le 14 juillet 2007, à l’occasion du défilé militaire sur les Champs-Élysées. Rama Yade est secrétaire d’État aux Affaires étrangères et aux Droits de l’homme.
« Guéant : « Il paraît que vous refusez de voir Sassou au motif qu’il a du sang sur les mains. »
Moi, feignant la surprise : « Non, monsieur le secrétaire général ! En fait, Bernard Kouchner le voit déjà. Comme plein d’autres ministres. Qu’est-ce que j’ajoute, en tant que modeste secrétaire d’État ? »
Guéant : « C’est votre rôle. C’est un ami de la France. »
Moi : « Je préfère d’abord rencontrer les ONG, mes amis à moi. » »

Le 25 juillet 2007, à l’occasion d’une visite de Nicolas Sarkozy en Libye.
« Kadhafi serre les mains, hilare. Arrivé devant moi, il a le sourire. Il s’étonne : « Vous êtes jeunes pour une ministre. » Je rétorque : « À moins de trente ans, vous aviez déjà fait un coup d’État. » Il rit. Fort. Trop fort. »

Le 26 juillet 2007, à l’occasion de la visite de Nicolas Sarkozy à Dakar.
« Les gens n’ont retenu que la phrase où il explique que « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’Histoire »… C’est la cata. Et pourtant, j’avais bien vu qu’il n’avait pas lu (ou relu) le discours de Guaino… Je suis tétanisée. Quand je pense que tout le sens de mon engagement politique est de prouver l’inverse ! »
Arrivé devant moi, Mandela me parle dans sa langue. Nicolas Sarkozy rit : « Mais elle est française ! ». Mandela répond : « Eh bien ! La France a bien changé.

Le 5 septembre 2007, alors que Nelson Mandela, en visite privée à Paris, est reçu à l’Élysée.
« Arrivé devant moi, Mandela me parle dans sa langue. Nicolas Sarkozy rit : « Mais elle est française ! ». Mandela répond : « Eh bien ! La France a bien changé. » »

Début décembre 2007, alors que Nicolas Sarkozy s’apprête à accueillir Mouammar Kadhafi en visite officielle.
« Ce n’est pas le moment d’accueillir Kadhafi. Je le sais. Je l’ai dit. Des contrats commerciaux ne peuvent justifier un accueil de cinq jours et ce silence sur les droits de l’homme. »

Le 23 juin 2009, Rama Yade est nommée secrétaire d’État chargée des Sports.
« Je vais travailler sous la tutelle de Bachelot, celle qui avait dit à mon sujet dans L’Express en 2007, avant même que je ne sois véritablement engagée dans la politique : « Elle est femme. Elle est noire. Elle sera ministre. Si elle était lesbienne et handicapée, elle serait Premier ministre. »

Le 19 mars 2011, l’ancienne secrétaire d’État aux Droits de l’Homme, puis aux Sports, est alors ambassadrice de la France auprès de l’Unesco.
« Nicolas Sarkozy décide du lancement des opérations militaires contre Kadhafi. Bravo !
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« Carnets du pouvoir (2006-2013) », Rama Yade, Éditions du Moment, septembre 2013, 22 euro

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