Les dégâts causés par le manque d’eau ne se limitent pas qu’aux seuls ménages. Les laveurs de voitures subissent un énorme manque à gagner. Ils se tournent les pouces à longueur de journée, privés de la possibilité de s’adonner à leurs emplois. Affichant une perte de plus de 5000 F Cfa par jour, des laveurs trouvés hier, lundi 16 septembre, à Niarry Tally et à Liberté V crient leur désarroi, non sans exiger un retour à la normale dans les plus brefs délais.
La situation devient de plus en plus intenable pour les habitants des quartiers de Dakar brutalement sevrés d’eau. En effet, depuis jeudi matin, l’eau a cessé de couler des robinets. Obligées de faire de longues distances pour aller chercher le liquide précieux là où il est disponible, les populations crient leur ras-le-bol face à cette pénurie qui perdure.
Une situation qui cause beaucoup de tort aux laveurs de voitures. Ceux qui ont pignon sur rue à Niarry Tally, ne diront pas le contraire. Cheikhou Dramé, un jeune laveur trouvé entrain de nettoyer une voiture se plaint de devoir se livrer à un véritable «parcours du combattant pour chercher de l’eau, afin de pouvoir travailler». Durant ces quatre jours, ces jeunes ont du mal à travailler correctement. Car, souligne Cheikhou Dramé, «les clients vont voir ailleurs quand tu leur dis que tu n’as pas d’eau». Pourtant l’hivernage est la période où les laveurs de voiture se frottent les mains. Mais, certains, moins chanceux que Cheikhou Dramé, se tournent les pouces, comme l’atteste Babacar Guèye.
Assis sous un arbre, Il explique: «c’est pendant la saison des pluies que nous gagnons beaucoup d’argent. Il est vrai qu’il a plu ce week-end. Mais nous n’avons pas d’eau pour satisfaire la demande très forte aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle vous m’avez trouvé sous cet arbre».
Le manque à gagner est donc énorme car, a-t-il poursuivi, «en temps normal, nous descendons chacun avec au moins 7000 F Cfa en poche. Mais ces derniers jours nous n’avons que 5OO ou 1000 F Cfa à la descente».
Même constat à Liberté V. Il est 13h 30mn, les jeunes trouvés à quelques encablures du terminus de Liberté V sont au repos. Pas d’eau pour travailler. Lakhate Diouf, un jeune laveur trouvé sur place se plaint: «depuis le matin je n’ai lavé aucune voiture, car je n’ai pas d’eau pour travailler», dit-il. Cette pénurie fait perdre beaucoup d’argent à ces jeunes si on se fie à Lakhate Diouf qui affirme gagner «des fois jusqu’à 8000 Fcfa la journée. Mais ces quatre derniers jours je rentre avec zéro franc à la maison».
Certains ne manquent pas de souligner que si le lavage de voitures leur permet de régler quelques problèmes quotidiens, il n’est pas pour eux une fin en soi. Ce travail constitue tout simplement un passage pour apprendre à conduire explique Khadim Diop, laveur à Liberté V. Seulement, se désole-t-il : «Avec la pénurie d’eau, nous sommes entrain de vider les économies faites car nous ne gagnons rien ces temps ci». Aussi, lance-t-il: «nous demandons à la Sde (Sénégalaise des eaux) de décanter au plus vite la situation car nous n’avons que ce métier pour subvenir à nos besoins».
La situation n’était pas revenue à la normale hier, lundi 16 septembre, en dépit des assurances du Directeur Général Adjoint de la Sénégalaise Des Eaux (Sde), Babacar Diouf.
Sud Quotidien