« La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi… Nous avons réuni théorie et pratique: rien ne fonctionne… Et personne ne sait pourquoi! » disait Albert Einstein.
Au moment où la conscience africaine fait l’éloge de ses avancées démocratiques, où l’idéologie du libre marché et de l’économie libérale semblent s’être imposés à tous, il faudra encore rappeler au Président Macky Sall que le changement auquel fait appel le peuple sénégalais tarde à même montrer ses pôles et que l’affection que lui portait ce même peuple se perd peu à peu. C’est juste dire que le chemin emprunté par Macky Sall pour sortir le Sénégal de la crise n’arrive même pas à se dessiner pour permettre aux sénégalais d’avoir une idée sur leur sort, aussi bien au plan économique que social. Avec des promesses non tenues, une situation économique alarmante, des maillons de l’Etat mêlés à des scandales financiers (que le peuple reconnait d’ailleurs), l’acharnement sur certaines personnalités “soi disant” poursuivies par la justice pour un enrichissement illicite, le peuple est plus désespéré qu’il l’était il y a un an et demi. Une telle situation occasionne un désespoir qui, toujours, aboutit à la désapprobation des gouvernés vis à vis des gouvernants.
Au nom d’intérêts calculés et/ou parfois bien sombres, la mouvance présidentielle a enregistré d’énormes transhumances. Parmi ceux qui soutenaient Abdoulaye Wade, d’aucuns lui sont restés toujours fidèles tandis que d’autres ont préféré se ranger derrière le parti au pouvoir pour une manière ou une autre d’éviter les audits entamés par les tenants de ce même pouvoir. Ce qui, à mon avis, explique certaines faillites de la Cour de repression contre l’enrichissement illicite(CREI), dont je ne peux me douter d’ailleurs de la légitimité mais qui manque à poser des procédures judiciaires fiables. Avec ces actions que je qualifie d’égoïstes et de méconnaissance totale des doctrines socio-politiques, les émotions et les illusions populaires deviennent mauvaises conseillères; alors le peuple sénégalais s’emporte parfois et devient collectivement aveugle, voire dangereusement manipulable.
C’est ainsi que la communication rapide et massive devient mère des naïvetés de masse car le monde étant complexe et le pouvoir des médias, dans sa force de communication et d’interprétation, étant un formidable amplificateur d’émotions et d’illusions. Alors, la question que se posent les sénégalais est de savoir où trouver l’espoir du moment que perdre espoir est aussi dangereux que d’entretenir de faux espoirs. Ce qui explique le désaccord des populations et rappelle du coup les soulèvements populaires qui avaient mené à la sanction et coûté le pouvoir à l’ancien régime.
Cependant, combien de temps faudra-t-il au Président Macky Sall de comprendre que la vraie conscience critique commence avec l’appréhension de l’exigence de ces résistances intellectuelles, politiques, sociales, culturelles, économiques et même spirituelles. À la lumière de la destinée du Sénégal et des caractéristiques sénégalaises bien humaines, il ne peut être question d’offrir le pouvoir à ceux qui en abusent sans aucune exigence; la bonne gouvernance et la transparence étant le souhait le mieux partagé des sénégalais. C’est cette conscience qui est le berceau des espérances: où- de Saint Louis à Ziguinchor, de Bakel à Dakar, ces braves hommes et femmes sénégalais exclus de toute décision des cercles de pouvoir, deviennent maitres de leur destin et capables de changer leur propre histoire.
P. Mamadou Yacine Ba
WorldOne USA/MEXICO/CANADA