mercredi, juin 25, 2025

Recul démocratique au Sénégal : l’opposition ne jouant plus le jeu, est invitée à la transhumance bon gré, mal gré !

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L’opposition politique se définit comme « l’ensemble des individus hostiles à un parti, un gouvernement ».

Avec la défaite du parti démocratique Sénégalais (PDS) et l’arrivée au pouvoir de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), l’opposition politique disparait au Sénégal ou du moins devient inactive.

Le BBY qui compte en son sein des dizaines de formations politiques presque les plus grandes (PS, APR, AFP, LD/MPT…..) a considérablement affaibli l’opposition.

Les micro-partis qui restent, ont du mal à porter le flambeau de l’opposition. L’ancien grand parti d’opposition, le PDS, ainsi que sa branche le Benno Bokk Gis-Gis (BBGG), « les frondeurs », après avoir goûté douze (12) années le pouvoir, et qui devraient jouer le rôle d’opposants ont été effrayé par la levée de l’immunité parlementaire de certains de leurs membres députés et plusieurs autres membres du parti libéral sont sous la menace de la CREI. Ainsi, ils ont préféré prendre un grand recule.

En plus, certains membres de l’opposition pour échapper aux audits commandités par le régime en place, ont déposé leurs valises dans le camp du parti au pouvoir (APR) ou des proches du pouvoir (AFP, PS,…). On parle de « transhumance politique ».

Arrêtons-nous un peu sur ce mot transhumance. C’est un mot qui a pris de l’ampleur à partir de 2000, quand des militants socialistes quittaient leur parti pour rejoindre la coalition au pouvoir.

En apiculture ce mot désigne « le déplacement des ruches afin de permettre aux abeilles de profiter des floraisons de lieux différents ». En parlant de troupeaux, il signifie « le changement de pâturages au rythme des saisons », autrement dit, il garde toujours le sens de la recherche de meilleures conditions de vie.

Cette définition du mot transhumance nous permet de comprendre facilement l’objectif visé par les transhumants politiques. Ainsi, ils ne rejoignent pas le parti au pouvoir pour servir leur pays comme ils prétendent souvent mais plutôt pour se servir, rechercher « un pâturage favorable » à leurs affaires. Alors, ne devrait-on pas appliquer ce que disait l’éminent juriste Kéba Mbaye : « déterminons-nous à débusquer et à écarter sans complaisance, au besoin à punir sans faiblesse ce qui ruinent ce pays ou le desservent : les corrompus et les antinationaux, les roublards et les paresseux ».

   Une fois acceptés dans leur nouveau parti, ces transhumants politiques exercent une forte pression pour avoir un poste. Ce qui crée souvent une tension au sein du parti au pouvoir. Ainsi, des querelles de positionnement et des luttes internes opposent les autochtones et les nouveaux adhérents que sont les transhumants. Ces luttes internes paralysent tous les programmes de développement national et retardent la prise en charge des urgences du moment, celles de l’emploi des jeunes, l’éducation, la réduction du prix des denrées de première nécessité, l’appui au monde rural, la santé, etc.

   Chaque fois les autorités font des sorties en évoquant des chiffres élogieux de la croissance économique du pays faisant croire aux citoyens que tout va bien. Au même moment, des grèves minent l’école sénégalaise et elle est même sous la menace d’une année blanche compromettent l’avenir des enfants, le riz, l’huile, le gasoil, le lait… sont devenus de l’or, de pauvres citoyens meurent parce que très éloignés des structures de santé ou n’ayant pas accès aux soins médicaux très coûteux et leurs revenus faibles. Des chiffres totalement contradictoires à la réalité sur le terrain. Comme disait l’autre, un discours sur la révolution n’est pas la révolution donc un discours sur la rupture n’est pas la rupture. Il y a eu trop de discours sur le programme de développement « le yoonu yokkute » du Président de la République (aujourd’hui devenu le plan Sénégal émergent PSE). Le peuple a besoin d’actions concrètes car il a trop attendu.

Dans le passé, les hommes politiques s’identifiaient à une idéologie. Telle personne est socialiste, elle le reste et se glorifiait de cette appartenance et même quelque fois au péril de sa vie. Idem pour un démocrate. Aujourd’hui, cette idéologie politique est morte au Sénégal. On met en avant le profit, l’intérêt personnel.

Dès lors on constate chez les citoyens une sorte de désintéressement pour la chose publique, et même parfois un rejet. Les raisons sont nombreuses et diverses :

Les hommes politiques déçoivent, et les diverses « affaires » qui entourent chroniquement le pouvoir politique peuvent contribuer à détourner les citoyens de leurs représentants (l’affaire des chantiers de Thiès est toujours sans aboutissement, il ne faut même pas espérer un résultat positif sur l’affaire de la drogue dans la police sénégalaise et encore moins sur la traque des biens mal acquis…).

Les citoyens se retrouvent devant des discours contradictoires qu’ils ne peuvent plus maîtriser. Les repères idéologiques, comme nous l’avons souligné antérieurement, ne sont plus aussi clairs et les critères de jugement confus. C’est au Sénégal qu’on voit un démocrate défendre les intérêts socialistes et vice versa.

Aujourd’hui, je suis avec les démocrates parce qu’ils contrôlent le pouvoir. Demain, une fois, les socialistes au pouvoir je change aussitôt de veste pour revêtir celle des socialistes.

En somme, le constat est là très alarmant. Nous entendons tous les jours des discours vides de sens pour justifier le soutien ou le ralliement vers le parti au pouvoir. Tous les moyens sont bons pour rejoindre la classe dirigeante.

Ainsi, il faudrait que les législateurs revoient les règles du jeu démocratique. Que le perdant reconnaisse et accepte sa défaite. Qu’il ait le courage de rester dans son camp et de s’y mettre pour revenir un jour en force.

harouna.balde@koldanews.com

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