jeudi, juin 19, 2025

KOLDA, TERRE NATURELLE DE PAIX ET DE GÉNÉROSITÉ (par Mme Le Gouv.AD)

Ne ratez pas!

14 juillet 2022-14 juillet 2023…, déjà une année que je venais de fouler pour la première fois, Kolda, le Fouladou, terre d’accueil, de paix, de culture et de générosité du roi peulh Moussa Molo BALDE, fils du chef Alpha Yaya Molo BALDE, qui était au XIXème siècle, créateur du royaume du Firdou.

Décrit par Joseph-Simon GALLIENI[1] comme « l’un des chefs les plus intelligents de toute cette partie du Soudan [2]», Moussa Molo est un symbole fort pour tous les koldois et je suis tombée sous le charme de cet arbre gigantesque qui porte son nom et trône fièrement au cœur du quartier Doumassou.

Au quartier Sikilo où j’ai, pour la première fois, posé mes baluchons, la solidarité des habitants me donne encore la chair de poule tellement que j’ai bien été accueillie. Ce vendredi 15 juillet 2022, la découverte de l’inconnu m’a terrorisée et avec l’appui de toutes ces bonnes personnes, hommes, femmes, enfants, que je venais de rencontrer pour la première fois, j’ai pu rentrer dans mon logement l’esprit tranquille, après qu’elles l’aient nettoyé de fond en comble et sans rien attendre en retour.

Je ne les remercierai jamais assez et c’est pourquoi, je les considère comme ma seconde famille qui n’est pas forcément biologique et il faut percer les merveilles et les profondeurs du Sénégal pour s’en rendre compte.

Les grandes vacances constituent également une période importante de culture avec la sortie du Kankourang[3], personnage mythique recouvert de fibres extraites d’écorces d’arbre rouges, très craint, voire souvent violent. Quand il parcourt les rues en terrorisant la population pour protéger les jeunes circoncis pendant leur initiation, l’ambiance festive règne dans tous les quartiers surtout lorsque les femmes sortent leurs plus beaux habits et apparats pour célébrer les jeunes enfants qui sont entrés dans la case de l’homme.

Je ne doute point de l’importance de l’histoire et de la culture dans une société car comme le répète le journaliste Alain FOKA, dans sa célèbre émission Archives d’Afrique « Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme ».

La mobilisation des jeunes autour du Kankourang est à mon avis fortement abusée surtout qu’elle s’étale sur toute la période des grandes vacances scolaires et parfois même au-delà, alors que d’autres activités civiques ou citoyennes autres que les matchs de navétanes devraient les occuper et les placer au service de leur communauté. Ceci me permet de faire un constat chez ces derniers qui pour la plupart, s’adonnent à la conduite de moto Jakarta sous prétexte d’une absence d’alternatives. Je déplore fortement le fait qu’il n’y ait pas d’unités industrielles de grande envergure pour les insérer et leur permettre d’avoir des revenus décents et durables.

Le chômage et l’oisiveté sont des vices qu’il faut combattre chez les jeunes s’ils veulent véritablement contribuer au changement. Le retour à la terre sonne ainsi comme un impératif mais encore faudrait-il que le métier de l’agriculture puisse nourrir son homme et intéresser cette jeunesse, très éprouvée par l’émigration clandestine et qu’il ne rime plus forcément avec pauvreté et vulnérabilité.

Même si les projets et programmes de l’Etat qu’ils soient structurants ou d’ordre social ont sensiblement amélioré les conditions de vie des populations, toujours est-il que sa présence et son action devraient être renforcées dans les zones enclavées et dépourvues d’infrastructures et d’équipements sociaux de base afin de conforter chez certains citoyens, le sentiment d’appartenance à la nation.

Même si une année s’avère peu, que de beaux souvenirs qui s’entremêlent dans ma mémoire qui, au départ était loin de s’imaginer qu’une région aussi éloignée de la capitale nationale et séparée d’elle par un autre pays qu’est la Gambie, pouvait être tellement magnifique avec les nombreuses ressources dont elle regorge.

Et oui des ressources qui nourrissent tes populations tellement braves surtout les femmes. Celles-ci, s’activant dans le domaine de la transformation et alliant persévérance et ingéniosité malgré le caractère encore relativement « rudimentaire » des moyens utilisés, ont acquis toute ma considération et ma plus profonde déférence.

Le développement ne peut se faire sans la participation active des femmes et des jeunes qui, s’ils sont bien formés et encadrés seront inéluctablement au début et à la fin de tout processus d’émancipation d’une nation.

Quand tes fruits dépassent la promesse des fleurs de tes arbres, je pense notamment à la mangue et au madd, la dégustation est à son paroxysme. J’en ai même l’eau à la bouche ! Hum !!!! Les délices du Fouladou vous laisseront subjugués !

Et que dire de la pâte de cajou qui entre dans la préparation du mafé, ce plat succulent que je recommande fortement à ceux qui sont allergiques à la pâte d’arachide. Divers sont les produits locaux excellents pour la santé comme le légendaire fonio, le mil, le maïs, le sorgho, le riz, etc. et qui peuvent considérablement participer à l’amélioration de la santé des consommateurs.

Le « Consommer local » ne doit pas seulement être un slogan mais un vécu quotidien.

Je reste persuadée que tu es un réel grenier pour la nation.

Tu n’es pas pauvre comme souvent le pensent certains, tu es nanti et tu as tant de bonnes choses à offrir. L’exploitation de tes potentialités n’est pas encore totale, tu es véritablement, un terreau fertile. Cette richesse caractérise par excellence, la Casamance naturelle, la belle, la grande verte! Ta population doit elle-même être en pole position et porter le développement qui avant tout, doit être endogène.

Les années passent vite et nous rapprochent davantage de la Vérité, c’est dans l’ordre divin, pour ne pas dire naturel des choses. La Faucheuse a d’ailleurs très tôt arraché à notre affection Thierno KANDE, Chef du Service régional de l’Aménagement du Territoire, un homme qui, malgré son apparence chétive, était très engagé, et dévoué. Le masque toujours méticuleusement attaché, il avait l’habitude de me rappeler à chaque fois que je le taquinais « AD, ce masque est comme une seconde chemise pour moi ». Tu es parti sur la pointe des pieds avec la douceur de Pâques, que ton âme repose en paix et que Dieu veille sur ta famille. Je ne t’oublierai jamais dans mes prières.

Je ne pensais pas que l’allais devoir m’attacher à toi, terre du Fouladou mais je peux affirmer que ta découverte m’as permis de connaître des zones dont le cadre s’avère aussi pictural qu’enchanteur.

Tes réceptifs hôteliers comme Firdou, Hobbé, Kolidado, Moya, le complexe écologique Guedda, le Relais et j’en passe, sont les endroits parfaits pour les envies d’évasion et les moments de réconciliation avec la nature.

De Dioulacolon à Salikégné, voisine de la Guinée Bissau, ta verdure et tes immenses forêts me transportent dans un univers peinard où règne l’extrême béatitude.

De Médina Gounass, la religieuse, terre bénie de l’érudit Thierno Mamadou Saïdou BA à Kandiaye, où j’ai eu l’honneur de connaître ma première homonyme Marième ANNE BALDE, une petite princesse qui venait juste de naître la veille de ma visite, le 23 mars 2023, au niveau du poste de santé de la Commune éponyme avec la Délégation de l’USAID qui s’imprégnait des réalisations faites par l’agence américaine, en passant par Fafacourou, siège de l’ambitieux Programme des Domaines agricoles communautaires ( PRODAC), je reste encore sur ma faim quant aux autres terroirs à sillonner.

Le port de la tenue est une source d’émulation pour les jeunes surtout les filles qui à chaque fois que l’occasion se présente, me regardent lors de mes sorties avec admiration. Le pari de leur scolarisation et de leur maintien à l’école doit être réussi et je le rappelle à chaque fois, laissons nos filles étudier et assurons leur un environnement sécure pour que demain, elles soient des agents économiques et non des charges économiques, qu’elles prennent part aux plus grandes instances décisionnelles. Bien évidemment, les garçons ne doivent pas être laissés en rade et être point discriminés. Garçons et filles, hommes et femmes doivent se donner la main, aller de concert et mutualiser leurs efforts afin d’être les artisans du progrès et de l’émergence du pays.

Je sais que les activités de développement nous conduisent aux coins et recoins les plus improbables mais ça vaut le coup de tenter l’expérience car chaque jour, on apprend encore plus et s’entourer des personnes ressources aux profils aussi divers qu’enrichissants est une grande aubaine.

Le geste fort et solidaire, posé à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes le 08 mars 2023, témoigne à quel point la volonté et l’engagement peuvent repousser nos limites. Le matériel que j’ai acquis grâce à la contribution de toutes les bonnes volontés et remis, ce jour-là aux pensionnaires de la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) a été pour moi, une importante source de satisfaction. Pour la première fois, je mettais les pieds dans une prison, j’explorais le milieu carcéral en sympathisant avec les détenus dont certains vous jettent un regard profond plein de regret et de repentance, moult questions trottaient dans ma tête. La liberté n’a pas de prix, que nos actions soient toujours calquées sur la probité et l’observation scrupuleuse des règles de la morale sociale et des obligations imposées par la justice.

Je suis fière d’être une pionnière, une femme, première adjointe chargée du Développement et de servir aux côtés de Monsieur le Gouverneur Saër NDAO, Administrateur civil chevronné, pétri de qualités humaines, de principes et de convictions qui m’ont littéralement convaincue que l’humilité, l’empathie et l’amour de son prochain demeurent les seuls gages qui peuvent placer l’individu dans le cœur des hommes.

Les autorités administratives, les élus territoriaux, les chefs de service, les Coordonnateurs de projets et programmes, les membres de la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, les autorités religieuses et coutumières, bref toutes les parties prenantes et forces vives régionales m’apportent beaucoup de sérénité, de la confiance et de la valeur ajoutée et me procurent une ouverture d’esprit qui me permet d’écarter toutes les ondes négatives autour de moi.

En tant que jeune novice, je suis toujours heureuse de cheminer avec ma curiosité intellectuelle en bandoulière, sur les routes sinueuses et palpitantes du savoir.

 Je serai très heureuse d’entendre les autres dire que mon passage dans ta demeure a été exemplaire et que mes chers parents, mon tendre et patient époux, ma fille Khadidiatou, ma camarade de bataille qui a partagé avec moi toutes les émotions et tous mes proches, se verront soufflés aux oreilles que cette dame « a bien travaillé» !

Que ta beauté me guide et m’inspire davantage et que ma venue chez toi qui est loin le fait du hasard, soit le début d’une belle carrière professionnelle fortement orientée vers la satisfaction des besoins de mes concitoyens, clients, pour ne pas dire usagers du service public et vers le développement de notre Sénégal à travers son administration qui doit paradoxalement allier la proximité et la distance et rester efficace et efficiente dans ses actions de tous les jours.

Alhamdoulilah ! Louange à Allah, le Tout Puissant ! Que Sa Lumière nous accompagne éternellement !!!

Mme KOUYATE, Marième Pouye ANNE, Administrateur civil, AD Kolda, juillet 2023.


[1]  Il est militaire et administrateur colonial français, né en 1849 et mort en 1916 qui prend une part active dans à l’expansion et à la consolidation de l’empire colonial, notamment en Afrique.

[2] Joseph-Simon GALLIENI, Deux campagnes au Soudan français, 1886-1888, 1891, p.363.

[3] Il désigne à la fois un masque et un rituel célébrant la circoncision parmi les mandingues de la Gambie et du Sénégal notamment en Casamance mais également à Mbour où vit une importante communauté mandingue. En 2005, le Kankourang a été élevé au rang de patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

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