Souvenez-vous, en août dernier, les talibans prenaient le contrôle de l’Afghanistan. Cinq mois après, malgré leurs promesses, les intégristes religieux ont limité les droits des femmes. La majorité des refuges, qui accueillent les victimes de violences conjugales, sont également fermés. Aujourd’hui, de nombreuses femmes sont littéralement prises au piège.
Fatema vit désormais dans l’un des rares refuges resté ouvert en Afghanistan. Mariée de force à 7 ans avec un homme de 80 ans, puis remariée, elle a enduré les viols, la faim et les coups avant de tenter de se suicider. « Je suis très inquiète pour mon avenir. Je veux savoir ce qui va m’arriver. Les employés du refuge m’aident, mais j’ai peur de ma famille, des talibans et de Daesh. Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer dans ma vie », confie-t-elle.
Dans ce refuge, une vingtaine de survivantes se cachent de leurs anciens bourreaux. Les talibans ne se sont pas prononcés officiellement sur ces foyers mais ils inspectent régulièrement ceux qui sont restés ouverts. « Ils ont visité mon refuge de fond en comble, ils l’ont fouillé. Plusieurs groupes de talibans sont venus plusieurs fois et l’ont examiné, ont regardé notre travail et tout ce que nous faisions. Et ils sont partis », explique Mahbouba Seraj, militante pour les droits des femmes. Des femmes qui étaient en attente d’un divorce ont perdu tout espoir. Les victimes de violences n’osent plus fuir, déplore la militante.
A Kaboul, une trentaine de femmes ont osé manifester pour réclamer le droit à l’éducation et au travail. « Les talibans veulent éliminer les femmes. La communauté internationale ne nous écoute pas », regrette une manifestante.
Depuis quelques jours, une femme ne peut plus se déplacer à plus de 70 kilomètres de chez elle sans un homme. « Les talibans disent ‘N’entrez pas dans une voiture sans un homme’, mais où est-ce que je trouve cet homme ? Et que doivent faire les veuves ? Nous ne sommes pas les femmes d’il y a 20 ans, nous sommes éduquées et nous n’allons pas rester silencieuses face à ce régime », assure une autre manifestante.
Les talibans ont aussi annoncé être contre l’éducation mixte. Ils précisent qu’ils sont pour la scolarisation des filles, mais dans un environnement islamique.