jeudi, mars 28, 2024

La Birmanie va libérer plus de 5.000 manifestants emprisonnés depuis le coup d’Etat

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La Birmanie va libérer plus de 5.000 personnes emprisonnées pour avoir protesté contre le coup d’État de l’armée en février, a annoncé lundi le chef de la junte.

Au total, 5.636 prisonniers seront graciés et libérés avant la fête bouddhiste de Thadingyut qui débute mardi, a déclaré le général Min Aung Hlaing, quelques jours après avoir été exclu du prochain sommet de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est).

Le putsch militaire du 1er février a mis fin à une brève parenthèse démocratique d’une décennie dans le pays.

Depuis, l’armée mène une répression sanglante avec plus de 1.100 civils tués et quelque 8.000 arrestations, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. Elle chiffre à plus de 7.300 le nombre de personnes actuellement toujours en détention.

Le chef de la junte n’a pas donné de détails sur les personnes qui seraient incluses dans la liste et les autorités pénitentiaires n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.

Fin juin, les autorités avaient libéré plus de 2.000 opposants au coup d’Etat qui étaient détenus dans les différentes prisons du pays, dont des journalistes locaux arrêtés pour avoir critiqué la répression sanglante de la junte.

Le rédacteur en chef du média Frontier Myanmar, Danny Fenster, de nationalité américaine, reste détenu dans la prison d’Insein, près de Rangoun, depuis son arrestation le 24 mai.

Plus de 1.300 des personnes devant être libérées le seront à condition qu’elles signent un document promettant qu’elles ne récidiveront pas, a déclaré le général Min Aung Hlaing.

– « Liberté conditionnelle » –

Il s’agit pour ceux-là « fondamentalement d’une forme de liberté conditionnelle qui implique une surveillance constante et menaçante », a déclaré à l’AFP l’analyste David Mathieson, spécialiste de la Birmanie.

« Cela n’absout pas le SAC (State Administration Council ou Conseil d’administration de l’État, comme la junte se désigne elle-même, NDLR) de neuf mois d’extrême violence ».

Cette nouvelle décision de remettre des prisonniers en liberté intervient après que l’Asean a exclu vendredi Min Aung Hlaing d’un prochain sommet en raison de la gestion de la crise par le gouvernement militaire.

Les ministres des Affaires étrangères du bloc ont convenu qu’un « représentant non politique » birman serait invité à sa place au sommet prévu du 26 au 28 octobre.

L’organisation, qui regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est dont la Birmanie, a pris cette mesure exceptionnelle après que la junte a rejeté les demandes d’envoi d’un représentant spécial pour dialoguer « avec toutes les parties prenantes », dont l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi.

Renversée par l’armée en février, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et âgée de 76 ans, est visée par une multitude de procédures judiciaires qui pourraient lui valoir de longues années d’emprisonnement.

Le communiqué de l’Asean a fait état de « progrès insuffisants » dans la mise en oeuvre d’un plan en cinq points, adopté en avril, qui devait contribuer à rétablir le dialogue en Birmanie et faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire.

La junte birmane avait critiqué cette décision, accusant l’Asean d’avoir enfreint la règle de non-ingérence dans la politique intérieure de ses Etats membres.

La semaine dernière, le principal avocat d’Aung San Suu Kyi a déclaré que la junte lui avait interdit de parler aux journalistes, aux diplomates ou aux organisations internationales.

L’équipe de défense de l’ex-dirigeante birmane était l’unique source d’information sur son procès qui se tient à huis-clos. Aung San Suu Kyi est appelée à témoigner pour la première fois le 26 octobre.

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