vendredi, avril 19, 2024

Retour du socialisme ou conservatisme, l’Equateur vote pour élire son président

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Les Equatoriens votaient dimanche pour désigner leur prochain président entre un jeune économiste, dauphin de l’ex-dirigeant socialiste Rafael Correa, et un ancien banquier de droite, dans ce pays pétrolier confronté à une crise sévère, aggravée par la pandémie de Covid-19.

« Je déclare cette journée électorale officiellement ouverte », a annoncé la présidente du Conseil national électoral (CNE), Diana Atamaint, en présence notamment d’observateurs internationaux.

Quelque 13,1 millions d’électeurs sont appelés à voter jusqu’à 17h00 locales (22h00 GMT) entre Andrés Arauz, quasi inconnu de 36 ans, mais adoubé par Correa qui a dirigé l’Equateur pendant dix ans, et Guillermo Lasso, un vétéran conservateur de 65 ans, aspirant pour la troisième fois à la présidence.

Le vainqueur succèdera à l’impopulaire Lenin Moreno, qui achèvera son mandat de quatre ans le 24 mai dans ce pays de 17,4 millions d’habitants, affecté par la chute des cours du pétrole.

L’économie dollarisée a terminé 2020 par une contraction de 7,8% du PIB. La dette atteint 63,88 milliards de dollars (63% du PIB), dont 45,19 milliards (45% du PIB) en externe.

Avec quelque 340.000 cas de Covid-19, dont plus de 17.000 morts, l’Equateur est en outre très touché par la pandémie.

« Celui qui gagne devra tout reprendre du début car la situation est compliquée », a déclaré à l’AFP Judith Viteri, 41 ans, vendeuse en pharmacie, qui votait dès l’ouverture à 07h00 (12h00 GMT).

Le candidat de la coalition Union pour l’espérance (Unes, gauche), qui parie sur la social-démocratie, est arrivé en tête du premier tour le 7 février avec 32,72% des voix, contre 19,74% à son rival du mouvement Créer des opportunités (Creo, droite), adepte du libre-échange.

– Incertitude sur l’issue du duel –

Ces résultats ont été contestés par Yaku Pérez, avocat indigène de gauche, arrivé troisième à seulement 0,35% derrière Lasso.

Sur fond de polarisation entre corréistes et anti-corréistes, le vote des amérindiens devrait peser. Ils ne représentent que 7% de la population, mais constituent une force sociale redoutée.

Les indigènes ont mené les violentes manifestations de 2019 contre l’austérité, qui ont fait 11 morts et plus de 1.300 blessés. Auparavant, ils ont contribué à renverser trois présidents entre 1997 et 2005.

C’est la première fois qu’un des leurs parvenait si loin à une présidentielle. Mais le parti Pachakutik, deuxième force parlementaire depuis les législatives de février, a appelé à voter nul.

Ils sont néanmoins divisés et « ce ne sera pas un vote homogène », a déclaré à l’AFP Wendy Reyes, professeure à l’université de Washington.

Le doute plane sur le choix que vont faire les 19,39% de votants de Pérez, quand les sondages annoncent un duel serré entre Arauz et Lasso, dont la cote est remontée en fin de campagne.

Le directeur de l’institut Market, Blasco Peñaherrera, présage d’un scrutin « totalement incertain », soulignant une hausse aussi du « nombre d’indécis à 15% » ce qui « peut faire varier » le résultat.

Deux modèles sont en jeu, entre retour du socialisme et accentuation du virage à droite, initié par Moreno, qui s’est rapproché du patronat et des organismes financiers, au grand dam de son prédécesseur Correa qui l’avait initialement parrainé.

– Poids des indigènes et du vote nul –

L’ex-président, qui a modernisé l’Equateur grâce à la manne pétrolière, vit en Belgique, pays de son épouse, depuis son départ du pouvoir en 2017.

S’il reste populaire, son tempérament polémique et les scandales de pots-de-vin éclaboussant son gouvernement lui nuisent. En 2020, il a été condamné par contumace à huit ans de prison pour corruption, dans un procès selon lui frauduleux. Cela l’a empêché de viser la vice-présidence.

Si Arauz l’emporte, « le premier point à l’agenda du gouvernement sera le retour de Correa », estime le politologue Santiago Basabe de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso).

Son protégé se défend d’être une marionnette. « Nous aurons une relation très dynamique, très profitable pour le pays (…) mais celui qui gouvernera, ce sera moi! », a-t-il affirmé à l’AFP. Il entend « renégocier l’accord » avec le FMI, signé en échange d’un prêt de 6,5 milliards de dollars.

De son côté, Lasso vise un développement des échanges et un « déficit zéro pour ne pas aggraver la dette ». S’il gagne, il devra composer avec l’opposition: sans être majoritaire, l’Unes s’est imposée comme premier groupe au parlement monocaméral.

Pour l’analyste Oswaldo Moreno, le vainqueur quel qu’il soit devra « se concerter avec de nombreux acteurs », a fortiori en cas de vote nul important qui « légitimerait de futures manifestations » affectant « la gouvernance du prochain président ».

« Celui qui l’emporte, devra améliorer le pays (…) surtout l’emploi car avec la pandémie, le peuple est fichu », lance Jhonny Changoluisa, un employé de 40 ans, après avoir déposé son bulletin dans l’urne.

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