vendredi, mars 29, 2024

Cette peinture qui a failli être vendue 1.500 euros pourrait être un Caravage à… 150 millions d’euros

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Il devait être mis à prix 1.500 euros. Le gouvernement espagnol a bloqué jeudi, à quelques heures des enchères, la vente d’un tableau, pensant qu’il pourrait s’agir d’un Caravage, le maître italien du clair-obscur.

Une huile sur toile, appelée « Le couronnement d’épines » et considérée jusqu’alors comme l’oeuvre d’un peintre issu de l’école de José de Ribera, a été déclarée « inexportable » et ne pourra pas sortir d’Espagne, « par mesure de précaution », ont indiqué à l’AFP des sources gouvernementales.

Une décision prise sur la base d’un rapport du musée du Prado mettant en lumière « des preuves documentées et stylistiques suffisantes » pour envisager que l’oeuvre soit de Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage.

La salle des ventes Ansorena, qui était chargée des enchères, a confirmé le retrait du tableau de la vente.

Etant donnée la « rapidité des événements », il faudra à présent procéder à une étude technique et scientifique « approfondie » afin de déterminer, « au cours d’un débat académique, si l’attribution au Caravage est vraiment plausible », ont encore souligné les sources gouvernementales.

« Nous allons voir si c’est un Caravage », a confirmé, lors d’une visite dans une foire d’art contemporain à Madrid, le ministre de la Culture espagnol, José Manuel Rodriguez Uribes.

Si c’est confirmé, selon un expert cité par The Guardian, sa valeur dans la filière privée est estimée entre 100 et 150 millions d’euros. Si le tableau est vendu à un musée, sa valeur serait « limitée » à 50 millions. 


 Source: Ansorena.com

Les experts divisés

Spécialiste du Caravage, Maria Cristina Terzaghi, professeure d’histoire de l’art moderne à l’Université de Rome III, qui a exprimé des doutes sur l’auteur de cet « Ecce Homo », pense qu’il pourrait s’agir d’une toile du maître italien (1571-1610).

« C’est lui », a-t-elle assuré dans les colonnes du journal italien La Repubblica. « Le manteau pourpre dont on vêtit le Christ a la même valeur que le rouge de la Salomé (avec la tête de saint Jean-Baptiste) du Prado à Madrid », du Caravage, selon elle.

« Cette oeuvre présente un lien profond avec les peintures réalisées » par Le Caravage « au début de son séjour napolitain », a-t-elle encore dit.

Expert reconnu par toutes les maisons françaises, Eric Turquin n’est pourtant pas de cet avis.

« Je n’ai pas vu le tableau, mais je n’ai pas du tout été convaincu par la photo. On ne peut être sûr, mais je ne crois pas qu’il soit du Caravage. (…) Je ne vois pas la main de Caravage dans ce tableau. Le sujet est certes caravagesque, et il a été probablement peint entre 1600 et 1620 par un bon peintre, mais pas Caravage », a-t-il déclaré.

Le Caravage, rappelle La Repubblica, avait peint à Rome en 1605 un « Ecce Homo » pour le cardinal Massimo Massimi.

Un tableau sur le même thème, dont la description correspond au tableau dont la vente a été bloquée, est inventorié en 1631 dans la collection de Juan de Lezcano, ambassadeur d’Espagne au Saint-Siège, et se trouvait en 1657 à Naples, dans la collection de García de Avellaneda y Haro, comte de Castrillo et vice-roi de Naples.

La « Salomé », qui fait partie des biens royaux espagnols depuis 1666 et est visible au Prado, appartenait aussi à la collection du vice-roi. Les deux tableaux pourraient donc avoir quitté l’Italie pour l’Espagne avec leur propriétaire en 1659.

Dans un grenier à Toulouse

Une autre toile, découverte dans un grenier à Toulouse (sud-ouest de la France) et attribuée au Caravage par des experts, dont Eric Turquin, a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années.

Mise à prix pour 30 millions d’euros et estimée de 100 à 150 millions, « Judith et Holopherne » avait été vendue en juin 2019 à un acheteur étranger, 48 heures avant sa vente aux enchères, qui avait donc été suspendue.

Après sa découverte en 2014, ce tableau avait été classé par l’Etat français « trésor national », afin d’empêcher là aussi sa vente à l’étranger.

Mais le manque de certitude sur son authenticité, qui a divisé les experts, et sa valeur avaient finalement joué dans la décision de l’Etat de ne pas s’en porter acquéreur.

Quelques jours après la vente, l’acheteur avait été identifié par des médias comme un collectionneur d’art américain proche du Metropolitan Museum of Art de New York.

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