mardi, avril 16, 2024

Le conservateur du cimetière de Pikine se confie sur les maux de ce lieu

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La banlieue dakaroise continue de réclamer des terres pour y ériger de nouveaux cimetières. Celui de Pikine a atteint ses limites depuis bien longtemps, mais il continue d’accueillir de nouvelles tombes, chaque jour. Cette situation avait poussé les délégués de quartier de la localité à briser le silence pour réclamer l’ouverture d’un nouveau cimetière. Cette situation de saturation à laquelle est confrontée le cimetière local, a été confirmée par M. I. Sarr, le Conservateur du cimetière de la Ville de Pikine » attaché au service de la municipalité. Ce dernier, chargé de veiller à l’enregistrement, au maintien et à toute autre forme de respect de règles et pratiques exercées dans ces lieux sacrés, a bien voulu accorder un entretien à Dakaractu. Durant les échanges, il évoque la nécessité d’ouvrir un nouveau cimetière. Mais, il a également parlé de certains phénomènes inédits constatés dans l’enceinte de ce cimetière municipal.

M. Sarr, vous êtes l’actuel Conservateur du cimetière de la Ville de Pikine, pouvez-vous nous dire depuis quand vous avez commencé à exercer cette fonction ?

Je suis un agent municipal. Mon arrivée ici, en ces lieux date de 1993. Je suis en charge de la gestion et de la sauvegarde de tous les permis d’inhumation. Mais nous pouvons dire que depuis notre arrivée dans ce cimetière de Pikine, nous nous focalisons sur les règles et pratiques qui sont recommandées sur les procédures d’inhumation.

Est-ce que ce cimetière a dépassé sa capacité initiale, comme le soutiennent souvent les populations locales ?

À vrai dire, c’est des cimetières pleins à craquer. Même les gens qui viennent inhumer leurs corps, savent carrément que ces cimetières ont atteint leurs limites. Mais il faut logiquement savoir qu’il faut que ces corps soient inhumés. D’où la nécessité d’aménager des espaces pour accueillir d’autres dépouilles. C’est une réalité ! Les gens n’ont même plus où mettre les pieds quand ils franchissent ces lieux de culte. C’est quelque chose de très déplorable. Mais j’ai récemment eu des informations selon lesquelles, la mairie de Wakhinane Nimzatt, à Guédiawaye a trouvé un espace déjà clôturé et qui est scindé en deux parties. Espace qui pourrait accueillir des défunts qu’ils soient de confession musulmane ou chrétienne. C’est une chose à saluer. Car, la situation dans les cimetières empire de jour en jour. Par ailleurs, là où sont inhumés d’ailleurs les naufragés du Bateau Le Joola, à Mbao, un espace aurait dû être aménagé pour permettre au cimetière de Pikine de souffler.

Combien de personnes ont été inhumées dans ce cimetière depuis son ouverture ?

C’est énormément de corps que nous avons reçu depuis que ce lieu a été ouvert. C’est des milliers et des milliers en à plus finir. Déjà, quand j’ai commencé à prendre les permis d’inhumation, ils étaient innombrables. Quand je vous sors les permis que j’ai reçus, c’est déjà beaucoup. Il faut savoir que ce cimetière date de très longtemps. Il a été aménagé depuis 1952 avec une superficie d’environ 3 à 4 km². C’est vraiment un espace énorme. Il nous faudrait dès le début, bien aménager le lieu pour une meilleure organisation et aussi faire des délimitations biens structurées. Ceci pouvait se faire dès le début. Mais cela a été apparemment raté. Si on avait pris soin dès le début d’en faire un cimetière organisé avec une numérotation des tombes, cela aurait pu nous aider aujourd’hui à disposer d’un espace vraiment organisé.

D’accord. Et qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis que vous êtes nommé conservateur de ce lieu sacré ?

Je vous parle par expérience. C’est vrai qu’il y a énormément d’événements qui m’ont marqué depuis que je suis venu ici. Premièrement, en ce qui concerne les relations avec ceux qui viennent inhumer leurs proches, ils ne sont pas tous pareils. Même si ce lieu est sacré et doit être respecté, certains font preuve d’une indiscipline notoire. Ces gens ne comprennent pas le travail que nous faisons. Ils vous appellent parfois et veulent coûte que coûte que vous veniez vous mettre à leur disposition. Ce, alors qu’il y a des préalables et des procédures à respecter. Je fais des sacrifices pour quitter chez moi, même si mon état de santé est fragile, juste pour répondre aux multiples appels de gens. Des gens qui ne peuvent se mettre à votre place et qui ne sauraient comprendre ce qu’on endure. Il y a aussi certains risques qui sont liés au métier tels que cette situation où le permis d’inhumation n’est pas encore livré. Cela peut conduire à certaines situations qui peuvent influer négativement sur la marche du cimetière.

DakarActu

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