samedi, avril 20, 2024

Une poignante cérémonie en hommage à George Floyd à Minneapolis (Etats-Unis)

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Le défunt George Floyd est à l’honneur au Etats-Unis. Huit minutes et 46 secondes de silence ont été observées. C’est le temps qu’a passé, agenouillé sur lui, un policier blanc lors de l’interpellation au cours de laquelle il est mort.

Plusieurs centaines de personnes ont participé, jeudi 4 juin, à une cérémonie à Minneapolis (Minnesota) en hommage à George Floyd, l’homme noir de 46 ans dont la mort, lors de son arrestation par la police le 25 mai, a déclenché de vastes manifestations émaillées de violences et réveillé le débat sur les questions raciales aux Etats-Unis et au-delà.

Famille, responsables religieux ou politiques et célébrités étaient rassemblés à l’université chrétienne North Central de Minneapolis pour honorer sa mémoire. La cérémonie, en présence de personnalités noires comme le rappeur T.I. ou le comique Kevin Hart, a commencé par une émouvante interprétation de Amazing Grace après que le maire blanc de Minneapolis s’est agenouillé en pleurs devant le cercueil.

Elle a également été marquée par une période de silence de 8 minutes et 46 secondes, le temps pendant lequel le policier blanc Derek Chauvin est resté agenouillé sur le cou de George Floyd malgré ses supplications. Prenant la parole, le frère du défunt, Philonise Floyd, a dénoncé sous les applaudissements « la pandémie de racisme et de discrimination » qui l’a emporté.

« Tu as changé le monde George » : le leader américain des droits civiques, Al Sharpton, a prononcé, lors de la cérémonie, un émouvant éloge funèbre, aux accents politiques empreints de tristesse mais également d’espoir pour un monde meilleur, avec la promesse de « continuer le combat ». Voyant dans le genou qui a écrasé le cou de George Floyd le symbole de l’oppression des Afro-Américains aux Etats-Unis, il a déclaré :

« George Floyd ne devrait pas être parmi les morts. Il n’est pas mort d’un problème de santé commun. Il est mort d’un dysfonctionnement commun du système judiciaire américain. »

Appelant la police à rendre des comptes, le révérend a lancé :

« Ce qui est arrivé à Floyd arrive tous les jours dans ce pays, dans les secteurs de l’éducation, des services de santé et dans tous les aspects de la vie américaine. Il est temps pour nous de nous lever en hommage à George et de dire “Enlevez vos genoux de nos cous”. »

A Donald Trump, qui a fait évacuer manu militari les abords de la Maison Blanche lundi soir pour poser devant une église, bible à la main, le pasteur baptiste de 65 ans a conseillé d’« ouvrir la bible »« Je prêche depuis mon plus jeune âge, et je n’ai jamais vu quelqu’un tenir une bible comme ça, mais passons », a-t-il dit.

·       « Il y a un genou sur le cou de l’Amérique noire »

Au même moment, à Minneapolis, devant le mausolée improvisé dressé à l’endroit où George Floyd a été tué, les messages du révérend étaient parfaitement compris par les manifestants. « Il y a un genou sur le cou de l’Amérique noire, a déclaré à l’Agence France-Presse Kayla Peterson, une responsable des ressources humaines de la banlieue de la ville. Nous n’avons jamais été réellement libres. »

Les manifestations se poursuivaient à travers le pays. Au dixième jour de mobilisation, la situation semblait s’être apaisée, après plus d’une semaine de débordements – la police a procédé au total ces derniers jours à près de 10 000 arrestations dans le pays, selon une estimation reprise par les médias américains. Les couvre-feux nocturnes, décrétés ces derniers jours par plusieurs grandes villes américaines pour tenter de contenir les violences, avaient été levés à Los Angeles et Washington. Dans ces deux villes, des milliers de manifestants, toutes origines confondues, manifestaient pacifiquement.

Washington, les manifestants se sont rassemblés au Lincoln Memorial où, le 28 août 1963, le Dr Martin Luther King avait prononcé le discours historique « I have a dream » (« Je fais un rêve »). La présence des forces de l’ordre était beaucoup plus réduite qu’elle ne l’avait été près de la Maison Blanche lors des manifestations des nuits précédentes. Les participants se sont dispersés avant qu’il ne fasse nuit, alors qu’une forte pluie commençait à tomber.

Los Angeles, une foule de centaines de personnes s’est tue et s’est agenouillée devant l’hôtel de ville, dans le quartier de Downtown, un geste devenu le symbole de la contestation née après la mort de George Floyd.

New York, le maire, Bill de Blasio, a été hué par des manifestants qui lui reprochent de tolérer des interventions policières de plus en plus musclées. Lors de la cérémonie dans le quartier de Brooklyn – organisée parallèlement à un hommage à Minneapolis –, le maire a eu beaucoup de mal à faire entendre son discours : la foule de plusieurs milliers de personnes criait « De Blasio Go Home ! » (De Blasio, rentre chez toi) ou « Vote them out ! » (Chassez-les du pouvoir !). Il est reparti peu après.

·       La caution des ex-policiers fixée entre 750 000 et 1 million de dollars chacun

Les manifestants avaient obtenu mercredi une première « victoire » sur le plan judiciaire. Comme ils le réclamaient, le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapolis a requalifié les faits en homicide volontaire, inculpant Derek Chauvin de « meurtre non prémédité » – un chef passible de 40 années de réclusion – et de complicité les trois autres agents présents. Jeudi, ces derniers ont comparu au tribunal pour que leur caution soit fixée : entre 750 000 et 1 million de dollars chacun.

·       Twitter désactive une vidéo de Trump

Twitter a désactivé, jeudi, une vidéo en hommage à George Floyd publiée sur le compte de campagne du président américain Donald Trump, citant une plainte relative aux droits d’auteur.

Dans la vidéo, la voix du président américain est diffusée sur un montage de photos et de vidéos des manifestations et des violences qui ont suivi la mort de Floyd. « Nous réagissons à une plainte concernant les droits d’auteur qui nous a été adressée par l’un des ayants droit ou par l’un de ses représentants », a expliqué un représentant de Twitter.

« Twitter et Jack [Dorsey, cofondateur de Twitter] censurent ce message inspirant et rassembleur », a réagi, sur la même plateforme, l’équipe de campagne de Donald Trump.

·       Plainte contre Trump après la dispersion de manifestants devant la Maison Blanche

Une plainte a été déposée contre Donald Trump après la dispersion violente lundi de manifestants pour permettre au président de poser, une bible à la main, devant une église toute proche de la Maison Blanche, a annoncé jeudi la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU. Les ministres américains de la justice et de la défense, ainsi que d’autres hauts responsables sont également visés par cette plainte, déposée par l’ACLU et d’autres organisations des droits civiques pour le compte de la branche de Washington du mouvement Black Lives Matter et d’autres manifestants.

« Ce qui est arrivé à nos membres lundi soir, dans la capitale de la nation, était un affront allant à l’encontre de tous nos droits », a déclaré April Goggans, de Black Lives Matter DC, citée dans le communiqué de l’ACLU. « Nous ne serons pas réduits au silence par les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc. C’est le moment d’être entendus. »

Le Monde

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