vendredi, mars 29, 2024

Affaire Pétro-Tim : le cirque du procureur à la périphérie des blocs de pétrole

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Le Sénégal est en ébullition. Depuis au moins trois ans, le procureur disposait de tous les renseignements utiles dénonçant le scandale du pétrole sénégalais, pour ordonner des enquêtes. Les révélations d’Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko, Mamadou Lamine Diallo ou Birahim Seck le lui permettaient. Mais il n’a rien fait. Il aura fallu que BBC révèle le même scandale pour qu’il ordonne des enquêtes. Ce qui donne l’impression d’un cirque.

Serigne Bassirou Guèye s’est prononcé, hier et pour la première fois, sur le scandale à 10 milliards révélé par BBC et qui mouille Aliou Sall, frère du chef de l’Etat sénégalais. La principale information à retenir de son exposé est l’appel à témoins devant la Division des investigations criminelles (Dic) de la Police et la Section des recherches (Gendarmerie), lancé à l’endroit des experts pétroliers et de tous ceux qui pourraient contribuer à la manifestation de la vérité. Tout cela pour permettre à la Justice sénégalaise d’avoir des éléments d’appréciation sur le scandale allégué par nos confrères de l’autre bout du monde. Voilà comment la Justice sénégalaise a décidé d’ouvrir des enquêtes dans l’affaire Aliou Sall, suite à l’enquête de 11 mn de BBC intitulé Scandale à 10 milliards de dollars. Or, le média britannique n’apprend rien de nouveau qui n’ait été révélé et dénoncé par les leaders politiques, membres de la société civile et journalistes sénégalais, documents à l’appui. C’est un fait. Incontestable d’ailleurs. Et pour cause.

Pourtant, le maître des poursuites disposait depuis longtemps déjà de plusieurs pistes pour ordonner des enquêtes sur l’implication réelle ou supposée du frère cadet du président de la République, Aliou Sall, et sur le contrat nébuleux signé par Macky Sall avec Petro-Tim, au début de son mandat. On se demande comment le procureur peut occulter toutes les dénonciations documentées, avec des preuves à l’appui, faites antérieurement à l’éclatement du scandale par Abdoul Mbaye. Il avait alerté très tôt, mais aucune suite n’a été réservée à ses propos. Pas même ses lettres ouvertes adressées au président de la République, sa lettre de saisine adressée au président de la République pour que des investigations soient menées en ce sens. Et ces dénonciations n’émanent pas de n’importe qui. Elles viennent d’un ancien Premier ministre qui a été au coeur de l’action et qui détient des informations capitales à prendre au sérieux sur la question. C’est également lui qui a été le premier chef de gouvernement sous le régime de Macky Sall. Il a donc assisté au processus d’attribution du permis à Petro-Tim pour l’exploitation du pétrole découvert aux larges de Saint-Louis et de Cayar.

C’est clair : Abdoul Mbaye savait bien ce qu’il dénonçait. Personne n’est mieux placé que lui pour porter de telles violations à la connaissance au chef de l’Etat, pour avoir contresigné les deux contrats de recherche entre l’Etat et Petro-Tim. Et ce n’est pas seulement lui qui a eu à porter de tels faits à la connaissance de l’autorité judiciaire. Ousmane Sonko, leader de Pastef, a même écrit un livre pour dénoncer les pratiques scandaleuses qui encadrent la gestion des ressources naturelles sénégalaises. Trafic d’influence, conflit d’intérêt, prise illicite d’intérêts, fraude fiscale, concussion et trahison… tout a été dit et écrit par Sonko. Aucun sérieux n’a été accordé à ses dires plutôt considérés comme des paroles d’opposant. D’ailleurs, l’intéressé n’a pas manqué de le souligner dans ses réactions d’hier (voir par ailleurs) sur la sortie du procureur.

Mais le procureur a également passé sous silence les mêmes griefs portés à sa connaissance par Mamadou Lamine Diallo du mouvement Tekki, Birahim Seck de la société civile ainsi que des journalistes sénégalais basés ici et ailleurs. En vérité, tout ce que BBC a révélé dans son enquête diffusée le 3 juin dernier a déjà été révélé par les médias et acteurs de la société civile et homme sénégalais sans que leurs propos ne fassent le même écho. Autant dire que, à la place d’une conférence de presse, on a eu droit à un cirque.

Walfnet

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