mardi, avril 16, 2024

Algérie: les étudiants contre un 5e mandat de Bouteflika

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Les étudiants algériens, notamment dans la capitale Alger, se mobilisent à leur tour mardi contre la perspective d’un 5e mandat du président Bouteflika, restant sourds à la demande du gouvernement de s’en tenir au seul verdict des urnes lors de la présidentielle du 18 avril.

En annonçant le 10 février sa décision de briguer un 5e mandat, le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999, a mis fin à de longs mois d’incertitude, mais a aussi déclenché une contestation inédite depuis des années de par son ampleur nationale, sa mobilisation et ses slogans visant directement le chef de l’Etat et son entourage.

Mardi matin, environ 500 étudiants se sont à leur tour regroupés aux cris de « Non au 5e mandat! », « Bouteflika dégage! », « Algérie libre et démocratique », à l’intérieur de la « fac centrale ».

Les agents de sécurité de l’université ont cadenassé les grilles pour empêcher les étudiants de sortir, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Policiers et étudiants sont des frères », ont aussi crié les étudiants aux membres des forces de l’ordre — certains arborant casques et boucliers anti-émeutes–, déployés en nombre dans la rue, de l’autre côté des grilles. De nombreux étudiants ont brandi des drapeaux algériens.

« Pour éviter la confrontation avec la police, les étudiants de plusieurs facultés d’Alger ont décidé de se rassembler dans l’enceinte de l’université », a expliqué à l’AFP Raouf, étudiant en master de journalisme, qui n’a pas donné son nom de famille.

« Les policiers n’ont pas le droit d’entrer » dans les universités, a-t-il rappelé.

– « Pas en mon nom » –

Aucun journaliste n’a été autorisé à pénétrer à l’intérieur de la « fac centrale », a fait savoir à une équipe de l’AFP un responsable de la sécurité.

De nombreux autres rassemblements ont dans le même temps été rapportés par des médias ou sur les réseaux sociaux, dans l’agglomération d’Alger et plusieurs villes du pays.

Une centaine d’étudiants venus d’autres campus défilaient dans le centre-ville de la capitale, sans que la police n’intervienne.

Environ 500 étudiants en journalisme se sont eux réunis sur leur campus, tandis que quelques centaines d’autres étaient regroupés à l’extérieur, selon une journaliste locale sur place.

Les étudiants de la faculté de médecine d’Alger, à environ 5 km du centre, ont pour leur part été strictement cantonnés sur leur campus par la police.

En régions, des manifestations –dont il n’était pas possible de déterminer l’ampleur dans l’immédiat– avaient lieu à Constantine (400 km à l’est d’Alger), Tizi Ouzou (100 km à l’est d’Alger), Ouargla (est) ou encore Annaba (nord-est), d’après le site d’information TSA (Tout sur l’Algérie).

A Alger, un impressionnant dispositif policier avait été déployé en matinée dans le centre-ville, et de nombreux véhicules des forces de l’ordre étaient garés sur les axes adjacents à l’université.

« Pas en mon nom! », est un des mots d’ordre de la contestation de mardi qui a été lancée sur les réseaux sociaux après le soutien affiché par 11 associations estudiantines à la candidature de M. Bouteflika.

– « Démonstration de force » –

« Nous organisons une démonstration de force afin de montrer que ces 11 associations n’ont pas parlé en notre nom », a expliqué à l’AFP Hakim 23 ans, étudiant en génie civil à l’université des sciences et technologie de Bab Ezzouar (USTHB), à une quinzaine de km de la capitale.

Des enseignants et universitaires avaient appelé leurs collègues à se joindre aux étudiants mardi. « Nous avons le devoir d’incarner la voix du peuple qui se lève contre un système politique devenu une véritable menace pour notre avenir et la stabilité du pays », avaient-ils expliqué.

Lundi, les autorités ont répondu pour la première fois aux protestataires: elles ont écarté implicitement l’hypothèse d’un renoncement d’Abdelaziz Bouteflika en affirmant que les « urnes trancher(aie)nt ».

« Les élections auront lieu dans moins de deux mois et chacun choisira librement », a commenté le Premier ministre Ahmed Ouyahia, alors que le délai de dépôt des candidatures expire dimanche à minuit.

Il a également mis en garde les Algériens « contre les risques de dérapages sérieux ».

Ces derniers jours, face à la contestation, plusieurs membres du camp présidentiel ont agité plus ou moins explicitement le spectre de la « décennie noire » de guerre civile en Algérie (1992-2002), à laquelle M. Bouteflika est largement crédité d’avoir mis fin.

Réélu sans discontinuer depuis 1999, M. Bouteflika n’apparaît plus que très rarement en public depuis qu’il a subi un accident vasculaire cérébral en 2013.

Plusieurs étudiants rencontrés par l’AFP à la veille de cet appel à manifester avaient résumé lundi leur état d’esprit en soulignant n’avoir « connu que M. Bouteflika comme président ».

Mardi, Reporters sans frontières (RSF) a de son côté accusé les autorités de chercher à « museler » les médias, en évoquant « interpellations, agressions, interdiction de couvrir, confiscation de matériel, pressions sur les médias publics et ralentissement du réseau internet » depuis le début des manifestations. RTL

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