jeudi, mars 28, 2024

Le « Thiaff » et moi : un clin d’œil aux « esprits colonisés» sur la consommation locale

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Depuis l’enfance j’ai eu le gout du « thiaff » car il est souvent fabriqué par des mains d’expertes et vendus par nos « mamans du coins » dans le quartier. Sa fabrication nécessite un art , un dosage, une technique de présentation afin que l’odeur naturel qu’il dégage, t’envoute, t’attire et t’oblige à l’acheter

Ce « thiaff » m’a accompagné dans ma vie universitaire, mes révisions, des moments de ma vie. Comme l’adage le dit les meilleurs amis sont  les amis d’enfance et de souffrance. Comme je travaille à rester fidèle à mes amis je suis resté fidèle à mon « thiaff » au bureau, à la maison, dans les hôtels… Ainsi, j’envoie souvent  mes collègues, des amis à m’acheter du « thiaff » pour pouvoir passer la journée à travailler au bureau ou certains endroits cela entraîne d’habitude de petits sourires d’incompréhension, de moqueries, de gènes. D’autres même s’ils sont riches et s’ils achètent du « thiaff » on les dit qu’ils sont pingre « dafa naye » ou s’ils ont un statut dans la société (un mot à redéfinir au Sénégal) on dit qu’ils remettent en cause leurs personnalités « dal wathié personnalité bi ».

Oui nous pouvons s’attaquer la manière dont le thiaff est exposé, vendu ou le coté hygiénique. Mais il faut s’attaquer plus sur les idées reçues sur nos produits locaux qui doivent être destinée  à la consommation d’une catégorie de personne qualifiée de pauvre ou déconnecté, de badolo, des gens fauchés. A ce niveau le Thiaff, la patate douce, « le diabéré », « pain et acrra », « le nététo », le lalo n’échappent pas à ces dévalorisations. Par contre le moringa a pris sa revanche sur la progression de notre mode d’alimentation. Ce type de réflexion est la conséquence d’un « esprit colonisé », orienté vers l’extérieure, l’apparence et néfaste à la consommation des produits locaux. Ces « esprits colonisés » à la consommation locale méritent une opération de décolonisation mentale surtout  au niveau des classes dites intellectuelles et des « nandités ». Ainsi, faire le lien entre la consommation de nos produits locaux ou l’achat de nos produits au prés des petits commerces, des tables comme signe de galère, « de niakk de personnalité », de pingre ou un élément extraordinaire c’est très grave pour la survie de notre économie.  L’achat de ces produits locaux doit être normal quelque soit notre statut, le niveau de moyens pour booster la production locale et accroître les revenus de ces braves commerçants et commerçantes

Chacun à ses goûts c’est indiscutable. Mais nous devons avoir en esprit au sein de notre alimentation privilégié l’apport nutritionnel, l’accès (financière, distance, relation) et l’esprit de la valorisation des produits par la consommation locale. Le mal est profond car au delà de l’alimentation cette situation touche nos consommations vestimentaires, de matériels et même l’utilisation des ressources humaines. Au finish il ne faut pas dévaloriser mon « thiaff ».

 Maître Aboubacar CAMARA

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