vendredi, avril 19, 2024

Cameroun: les panafricanistes d’Africans Rising s’inquiètent de la crise dans l’Ouest

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Il n’y a que 71 kilomètres entre Douala et Buéa mais cela peut prendre entre 2 et 4 heures pour faire le trajet en voiture. Mme Coumba Touré la coordinatrice du mouvement Africans Rising a vécu cette expérience lorsqu’elle s’est rendue dans l’ouest du Cameroun du 31 juillet au 2 août pour rencontrer des membres d’organisations de femmes et discuter de la crise dans ce pays d’Afrique centrale.

En raison de l’insécurité qui prévaut dans les deux provinces anglophones dans l’ouest du Cameroun depuis 2016, de nombreux checkpoints des forces de sécurité sont placés sur cette route qui va de Douala, la capitale économique du Cameroun ; à Buéa, la capitale provinciale du Sud-Ouest. Celle-ci a été déclarée capitale de « l’Ambazonie », l’Etat autoproclamé par les sécessionnistes anglophones qui n’est pas reconnu par la communauté internationale.

D’après Mme Touré, en raison des mesures sécuritaires prises dans les provinces anglophones, on a l’impression d’être dans un pays en état de siège. La coordinatrice d’Africans Rising a déploré qu’on n’évoque la crise au Cameroun que lorsqu’il y a des exactions perpétrées par l’armée ou des attentats commis par les rebelles séparatistes. Elle a demandé que les médias considèrent aussi la vie quotidienne des populations locales : d’après les Nations Unies, au 25 juin 2018, il y avait 160 000 déplacés internes. « Parmi ces déplacés figurent plus de 50.000 élèves et étudiants, désormais coupés de leur base et qui ne peuvent plus continuer leur scolarité. La situation de ces jeunes et leur avenir inquiètent particulièrement Africans Rising.» d’après le communiqué de presse.

Les troubles dans l’ouest affectent bien entendu aussi le bien-être de ces populations déplacées. Leurs activités agricoles sont perturbées et la malnutrition sévit. Selon les représentantes des organisations de femmes, l’aide humanitaire locale et extérieure ne couvre pas les besoins.

Lors du passage de la délégation d’Africans Rising à Buéa, une formation à la paix s’inspirant de ce qui s’est fait dans d’autres pays africains en conflit comme le Libéria a été dispensée. C’était en prélude au Sommet des Femmes pour la Paix qui a rassemblé une cinquantaine de Camerounaises d’origines diverses. Les invitations avaient été adressées à deux fois plus de personnes mais l’insécurité qui prévaut dans cette partie du pays a réduit drastiquement la participation.

Pour faire connaître la situation dans l’Ouest camerounais, Africans Rising a invité la presse à transmettre le message à l’opinion publique. C’était le 31 août, dans l’école de journalisme et communication EJICOM de Dakar. Mme Touré était accompagnée des activistes gambiens Amadou Janneh et Muhammed Lamin Saidykhan qui «se sont levés contre Yaya Jammeh et ils en ont payé le prix en faisant de la prison». M. Janneh a expliqué que les choses ont changé dans son pays grâce aussi à l’appui d’organisations de la société civile étrangères comme Africans Rising.

Il a été rappelé qu’avant les actuelles hostilités ouvertes, il y avait eu les manifestations pour protester contre la marginalisation alléguée des Anglophones en 2016, la longue coupure d’Internet dans les provinces de l’ouest en 2017 et ensuite la déclaration d’indépendance par des séparatistes.

La situation n’a cessé de se détériorer depuis et pour Farida Nabourema, chargée de la mobilisation à Africans Rising qui faisait partie de la mission à Buéa, il faut savoir qu’ « Au-delà des opérations militaires, il se joue un drame humain qui affecte particulièrement les populations civiles, les citoyens en milieu rural et tout ceci dans un silence absolu. Il est de notre devoir de mettre fin à cette tragédie qui ne dit pas son nom avant qu’il ne soit trop tard». M. Janneh a dit que l’objectif est de braquer le projecteur sur ce pays d’Afrique centrale.

L’élection présidentielle se tiendra le dimanche 7 octobre au Cameroun. L’actuel président Paul Biya qui est au pouvoir depuis 1982, brigue un 7e mandat.

Placide Muhigana
Journaliste et traducteur indépendant
placemuhigana@yahoo.fr

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