samedi, avril 20, 2024

VIOLENCE FAITE AUX FEMMES AU FOULADOU :Le silence de ces victimes qui souffrent au quotidien 

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Difficile d’avoir des statistiques sur les violences faites aux femmes au Fouladou. Et, pourtant, au quotidien, les femmes subissent de plein fouet des souffrances de tout genre. Les femmes victimes se signalent rarement au tribunal. Elles préfèrent souffrir quotidiennement… en silence.
Au nom de la fatalité, du destin imposé par le Tout puissant, l’essentiel des femmes victimes de violences confinent à souffrir… en silence jusqu’à la fin de leur séjour sur terre. Elles croient également à un éventuel coup du sort pour échapper à cette douleur en permanence. Les maux des femmes du Fouladou sont de plusieurs ordres. Les violences physiques sont les plus visibles et les plus faciles à vérifier, mais parfois même elles souffrent de coups et blessures qui conduisent à la mort. Quid des violences sexuelles, de viols, d’attouchements, de mariages précoces, entre autres, mais aussi et surtout de violences psychologiques dans leur vie conjugale? Evoluant dans un contexte social défavorable, les femmes du Fouladou sont souvent battues par leur mari. Il est d’ailleurs rare de voir des femmes ayant vécu plus de dix ans de mariage sans jamais avoir subi des coups de leurs époux. Frapper sa femme était depuis toujours une attitude naturelle.

Cependant, les lignes commencent à bouger, mais très lentement, selon Mamadou Baldé, enseignant à la retraite. «Aujourd’hui, les jeunes femmes ont plus de chance avec le partage de l’information. Elles savent qu’on peut aller se plaindre au tribunal en cas de violence. C’est du nouveau. Ici la femme ne pouvait se plaindre qu’auprès de ses parents ou de ses beaux-parents», renseigne-t-il.

Face aux violences, la règle: s’abstenir et supporter

Les récits sur la torture faite aux femmes sont nombreux. Le dernier cas le plus célèbre remonte au 31 mars dernier à Saré Samba Téning, dans le département de Médina Yéro Foulah où Mouminy Diallo avait frappé à mort son épouse, Sira Mané pour une banale histoire de visite à sa famille. Mouminy est aujourd’hui dans les liens de la détention préventive, en attendant son jugement.

Une autre Dame de la commune de Kolda qui avait porté plainte contre son époux pour l’avoir torturée sur les parties intimes dans la chambre conjugale, vient de renoncer à la plainte après avoir discuté avec son oncle. Elle pardonne et ne souhaite pas que la presse s’en mêle. Et, pourtant, elle ne parvient pas encore à marcher correctement et n’est pas allée à l’hôpital, de peur que son époux ne soit arrêté après dénonciation par les autorités sanitaires.

Une violence privée étouffée comme toujours en famille. Elle ne sera jamais répertoriée par une quelconque structure. Son cas est loin d’être isolé. Au Fouladou, ce sont les plaintes pour coups et blessures par les femmes qui constituent l’exception. il es très rare de voire une femme porter de telles informations auprès des tribunaux de peur de devenir la «risée» de la société, «d’empester» l’environnement social de ses enfants, et au-delà même de sa famille, ses parents. Et, souvent, ces femmes sont très mal vues par leurs voisines, leurs sœurs, adeptes du «mougne et du maslaa» (endurance et négociation en Wolof).

Les beaux-frères, la psychose des épouses d’expatriés

La violence psychologiques est encore plus répandue et très mal prise en charge. Des femmes souffrent en silence dans les familles. Victimes de brimades au quotidien, des dénigrements et autres quolibets moqueurs des plus forts. Les récentes vagues d’émigrations ont répandu cette violence des femmes dont les conjoints sont à l’extérieur. Elles sont soumises à des pressions par les frères et autres parents du mari absent. C’est le cas de Sira, dont l’époux est en Espagne.

Elle ne souhaite aujourd’hui qu’une seule chose, divorcer. «Mon mari est en Espagne, mais il envoie la dépense quotidienne à son grand-frère qui partage l’argent avec sa maman. Moi, je ne reçois que trois morceaux de savon par mois. Je ne parviens même pas à communiquer avec mon mari. Son frère a fini de pourrir nos rapports en lui faisant croire que je ne suis pas tranquille et que je ne fais que circuler la nuit à Kolda. Mon mari ne me parle plus au téléphone et croit à tout ce qu’on lui raconte sur moi», confesse-t-elle.

Le cas de Sira est partagé par beaucoup d’autres femmes obligées de subir la méchanceté des belles-mères ou les affres d’un beau-frère qui surfe sur la jalousie du mari pour l’éloigner de sa femme. Pire, il y a des femmes qui sont harcelées sexuellement par les frères de leur époux. A l’image de Coumbel, nom d’emprunt. «Le grand-frère de mon époux a tenté plusieurs fois de me violer dans ma chambre. J’en ai parlé à leur maman qui a appelé mon époux pour lui dire que je risque de gâter les relations avec son frère à cause de cette fausse histoire. Depuis maintenant quatre mois, personne ne me parle dans la famille», révèle-t-elle.

Exiger le remboursement de la dote pour «garder» sa femme

Il y a aussi d’autres cas de violence liés toujours à l’ignorance, mais aussi à la pauvreté. Nombreuses sont des femmes obligées de rester dans les liens du mariage car les parents n’ont pas les moyens de rembourser la dote. Ce sont des cas douloureux. En effet, l’époux de la femme qui demande la divorce réclame le remboursement de la dote versée ou, le cas échéant, garder forcément la femme contre sa volonté. Il s’y ajoute les nombreux cas de mariages et grossesses précoces et les attouchements sexuels souvent réglés dans les familles.

Abdou Diao

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