Malgré une moins-value de 65 milliards sur les recettes escomptées de ce semestre écoulé, Macky Sall a décidé de solder 40 milliards de la dette intérieure qui étouffe certaines Petites et moyennes entreprises depuis plus de 17 mois.
Le président de la République, Macky Sall a décidé de solder 40 milliards de dettes pour permettre aux entreprises sénégalaises de souffler. Une aubaine qui tombe entre les mains des entrepreneurs dans un contexte où les clignotants étaient en orange, manquant de passer au rouge. La situation morose de l’économie nationale avait même amené plus de 500 Petites et moyennes entreprises à passer la clé sous le paillasson, avec comme corollaire des milliers de pères de famille en chômage, des ménages qui volent en éclats à la pelle, une jeunesse désœuvrée qui n’a plus que ses biceps pour agresser. Des chefs d’entreprise ne pouvaient plus emprunter les rues qui mènent vers les banques, parce que n’étant plus solvables. Entre le marteau de leurs fournisseurs et l’enclume des banques, les créateurs d’emplois et de richesses ne savaient plus où donner de la tête. C’est dans un tel contexte que le chef de l’Etat a décidé de leur tendre la perche pour un montant de 40 milliards de nos francs. Ce qui n’est pas un geste dérisoire. Car cet acte du président de la République intervient au moment où l’Etat du Sénégal qui misait sur plus de 790 milliards, au cours du premier semestre, dans le cadre de son budget 2013, a connu une moins-value de 65 milliards. Les services de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) apprennent qu’à la date du 30 juin 2013, les recettes fiscales et non fiscales se chiffraient à 725,48 milliards de FCfa, soit donc une moins-value de 65 milliards FCfa. Un argument que l’Etat pouvait bien utiliser pour reporter le paiement de la dette intérieure. Mais le Président Sall a préféré délester le Trésor public de 34 milliards en attendant de dégainer très prochainement 6 milliards. Objectif : payer une partie de la dette intérieure, donner une bouffée d’oxygène aux entreprises pour les amener à participer à la relance de l’économie et faire taire le slogan devenu populaire : «Dëkk bi dafa Macky» (le pays va mal).
Tous les économistes s’accordent à magnifier ce geste présidentiel. Meïssa Babou, professeur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), est convaincu que ce geste du chef de l’Etat arrive à point nommé. «Cela va permettre aux entreprises de souffler. 40 milliards, c’est une manne financière qui aidera les chefs d’entreprise à retrouver le souffle», confie Pr Babou. «Plusieurs entreprises prennent leurs fonds de roulement qui peut-être des capitaux propres ou un emprunt à la banque, pour financer un projet. Et souvent, ces entreprises attendent plusieurs mois sans être payées», poursuit l’économiste, citant les cas d’étudiants dans les établissements privés et les Petites et moyennes entreprises (Pme) qui finissent par étouffer ou fermer boutique. «Par conséquent, estime Pr Meïssa Babou, le fait d’apurer ou alors de solder cette dette permettra aux entreprises de payer leurs fournisseurs ou crédits bancaires. Cela va naturellement permettre aux entreprises de survivre, et de façon générale, à l’économie de faire un petit bond.» Quid de l’opportunité du geste dans un contexte morose à tous points de vue ? L’économiste lâche tout de go : «L’Etat a senti les problèmes que vivent les entreprises, il fallait donc faire un geste pour permettre à toutes ces unités de rebondir pour éviter des faillites en cascade, car les entreprises n’ont pas suffisamment de réserves et les banques ne peuvent plus leur faire confiance.» Toujours selon Pr Meïssa Babou, en mettant sur la table 40 milliards de FCfa pour solder la dette intérieure, le Président Macky Sall va aider les entreprises à rembourser et à bénéficier encore de la confiance des banques, à faire face à leurs multiples charges, notamment les salaires.
L’OBS via derniereminute.sn