jeudi, mars 28, 2024

La saison des amours chez les politiques

Ne ratez pas!

En affirmant publiquement qu’il n’était pas préoccupé par un second mandat, le Président de la République semble confesser la faiblesse des résultats de son action à la tête de l’Etat car un tel discours est prématuré pour un mandat dont la moitié n’a pas encore couru et pourrait ressembler à un aveu d’impuissance sinon plus grave d’échec. Ce message s’il est mal perçu par les populations pourrait signifier à leurs yeux qu’il n’a pas les solutions à leurs problèmes avec tous les problèmes que ces derniers ont trouvés à ses solutions.

En attendant, la plupart des politiciens ont raté ce rendez vous crucial d’être aux cotés et à l’écoute de leur peuple dans des moments difficiles et de désarroi causés par les inondations.

Pourtant, montant au créneau, le premier ministre avait annoncé de manière très médiatisée, l’opération « fendi ». Soulager ou essayer de soulager temporairement les populations sans eau, noyées dans les eaux.
Toutefois, Il faut se rendre à l’évidence. On n’efface pas par des motopompes trente années d’habitat anarchique, sans plan directeur d’urbanisme, sans lotissement, sans assainissement, juste une occupation anarchique des sols.

L’Etat ne fait que payer son laxisme et ses carences en matière d’habitat social et d’urbanisation. Malgré la croissance démographique très poussée en milieu urbain, notamment à Dakar, toutes les politiques d’habitat social ont été abandonnées au profit de l’immobilier lucratif et spéculatif qui n’est accessible qu’aux nantis et aux élites.

Ces derniers ont spolié le peuple, car connaissant bien les rouages et les modes d’appropriation des terres. Ils se sont partagés à leur manière le peu de réserves foncières qui restaient dans la capitale, lieu de convergence de toutes les couches sociales. Ils y sont parvenus soit par leur position privilégiée dans l’appareil d’Etat ou par les pressions de leur corporation sur l’Etat. Une petite revue permet de constater que le domaine privé de l’Etat a pour l’essentiel bénéficié à des politiciens, à des ministres, à des hauts fonctionnaires et cadres de l’Etat et leurs alliés. Si théoriquement, ces terres sont accessibles à tout le monde sur simple demande, dans la réalité, il y a un système de distribution et de partage dont le secret reste à dévoiler. Ils ne se sont pas seulement contentés de prendre les terres des zones urbaines, ils sont partis se tailler de vastes champs dans les zones rurales toujours avec la bénédiction du même Etat.

Ils ne restaient donc aux pauvres, aux et aux démunis que de lotir les zones inondables et les zones non constructibles. Le drame social que nous vivons avec des populations dans les eaux depuis des années en est issu.
Aussi, on peut se demander si l’opération « fendi » touchera et asséchera des quartiers depuis des années sous l’eau comme Gounass, Yeumbeul etc. Une politique ponctuelle de relogement risque de n’être qu’une panacée là ou il faut veiller à ce que le droit de pouvoir accéder à un logement décent soit effectif en instituant une véritable politique d’habitat social mais surtout une politique pour toutes les bourses. Cela suppose vaincre le jeu des intérêts avec des mesures politiques draconiennes,
Promouvoir l’habitat pour tout le monde, mettre fin à la spéculation foncière, contrôler et plafonner le prix des loyers sont des voies qu’il est impératif d’explorer. On ne peut pas décemment permettre à certains de s’enrichir sur la misère et la détresse de leurs concitoyens et accepter que l’Etat ne serve que ceux qui devaient le servir.

Aussi l’opération « fendi » sera dans tous les cas une réponse conjoncturelle à un problème structurel et donc n’apportera qu’une apparence de solution dont les limites ont pris date pour la prochaine saison de pluie. En attendant, les populations baignent dans les eaux sur fond de pénurie du même liquide précieux. La situation difficile vécue dans la capitale du fait du manque d’eau potable, montre à quel point il est urgent pour des raisons de sécurité nationale de maîtriser l’approvisionnement en eau.
Pendant que le peuple souffre, nos vaillants politiciens ont d’autres préoccupations. Comme la saison des amours chez les animaux, c’est le temps des querelles politiques et politiciennes.

Le PDS vient de déterrer la hache de guerre et promet d’occuper la rue, le contexte étant favorable pour agréger les revendications sociales de tous les bords. Les stigmates des inondations ne sont pas près de disparaître et la prochaine rentrée scolaire et universitaire ne sera pas des plus paisibles, toutes les organisations estudiantines ayant décidé de s’opposer à la hausse des droits d’inscription, les syndicats d’enseignants réclament dans le même temps le respect de différents protocoles d’accord.

Le gouvernement va devoir donc faire face à un front social grandissant et à un front politique qui entend tirer parti de la situation. Maintenir une pression et une tension sociale jusqu’aux élections locales qui prendront l’allure d’un référendum est une stratégie qu’on peut aisément deviner et qui permettra de réduire à néant la coalition BBY ou plutôt ce qu’il en reste. En effet, incontestablement, les prochaines élections locales prendront l’allure d’un référendum et c’est une opportunité pour prendre une longueur d’avance sur la route vers le cap 2017 et affaiblir la majorité présidentielle.

C’est ce que Idrissa Seck en fin stratège politique a compris en ayant su quitter la coalition BBY tout en s’attirant la compréhension des autres alliés.
En effet, en confessant publiquement le malaise au sein de Benno, Cheikh Tidiane Gadio outre qu’il lui fournit une excuse politiquement valorisante, vient de tirer une salve meurtrière sur la coalition BBY. C’est une voix de plus pour dire tout haut ce que beaucoup d’alliés pensent tout bas. Mais la véritable question est de savoir qui veut vraiment de cette coalition.
En vérité, la rupture au sein de BBY a déjà eu lieu. On est plutôt dans la recomposition. Il ne reste que le parti socialiste parmi les alliés significatifs, mais si la rumeur savamment distillée selon laquelle Youssou NDOUR serait le candidat promu et soutenu en secret par le Président à la mairie de Dakar n’est pas démenti, il faudra bien que le parti socialiste se détermine, d’autant plus que des voix discordantes émanent de ses flancs pour fustiger le rôle de figurants assignés aux membres de la coalition et que les comptes de la défaite à la dernière présidentielle ne sont pas encore soldés. La rivalité apparente et tue entre le premier édile de la ville de Dakar et l’actuel secrétaire général au sein de cette formation politique ne suffira peut être pas toujours à juguler l’implosion. Il y ‘a comme une sorte de malaise sur fond de crise larvée au parti socialiste. Il y a en vérité de le PS de la coalition et le PS qui s’affrontent en sourdine sur fond de frustation contenue des seconds.

Pourtant une simple interrogation du passé permettrait de comprendre la posture actuelle du Président Macky SALL. Il suffit de puiser dans le registre des souvenirs. Maître Abdoulaye Wade, dans la même situation avait rappelé à sa manière aux alliés en 2001 que c’est lui qui avait été élu et qu’on ne peut pas co-présider un Etat. Il avait offert à ses alliés une sinécure à travers la CAP 21 et avait poussé vers l’opposition ceux qui prétendaient vouloir continuer un rôle majeur.

Le Président Macky Sall serait il en train à sa manière de dire et de faire la même chose avec beaucoup plus de tact et de diplomatie. Tout semble l’indiquer, ce qui est sûr c’est qu’il ne prendra pas le parti de la rupture comme il ne retiendra personne. Les jeunes loups aux dents longues de son parti s’en chargeront et si cela ne suffit pas, sa coalition initiale viendra à la rescousse.
C’est en cela qu’il faut saluer la clairvoyance du Professeur Ibrahima Fall quand il dit que BBY a atteint son objectif et a perdu sa raison d’être même si on peut lui rétorquer qu’elle permet aussi à certaines personnes d’être tout simplement.

La recomposition se fait plutôt autour de l’opposition politique, et comme on ne dit jamais en politique, toutes les combinaisons sont possibles. Le seul principe des alliances politiques est axé sur les intérêts politiques du moment. Hier pour Macky contre Wade, aujourd’hui contre Macky sans savoir encore pour qui. La ligne du conflit sera tracé, au-delà des partis, entre ceux qui ont des intérêts pour rester et ceux qui ont des intérêts pour partir de la coalition. On aurait pu dire autrement entre ceux qui ont commencé à conjuguer leur carrière politique au passé, et ceux qui veulent avoir un avenir politique.

Samba Ly

Derniereminute.sn

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