jeudi, mars 28, 2024

GUEST EDITO Jeu de la barbichette Par Amadou DIOUF

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Le départ d’Idrissa Seck, poussé à la porte pour délit d’opinion, de « Bennoo Bokk Yaakaar » a renforcé la position des grandes formations politiques que sont l’Alliance des forces de progrès (AFP) et le Parti socialiste (PS) dans la coalition présidentielle. L’arme de l’exclusion pour tenir en respect ses alliés n’est plus opérante car le Président Macky Sall ne peut plus se permettre de se débarrasser des partis les plus lourds, électoralement s’entend, de « Bennoo Bokk Yaakaar ». Moustapha Niasse (13,20 %) et Osmane Tanor Dieng (11,30 %) sont arrivés respectivement troisième et quatrième au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. Mais à la différence d’Idrissa Seck qui a voulu abattre ses cartes au grand jour, l’AFP et le PS finassent avec le chef de l’Etat qui, pour sa part, cherche à stabiliser son régime. C’est le jeu de la barbichette.

En effet, les Socialistes et les Progressistes sont conscients que le Président Macky Sall ne peut pas se passer d’eux s’il veut garder sa majorité parlementaire. Surtout après le départ de « Rewmi » d’Idrissa Seck de la coalition présidentielle. L’APR et ses soutiens de « Macky 2012 » ne comptent que 65 députés, loin de la majorité absolue (76 députés) requise pour faire passer une loi à l’Assemblée nationale. Le Président Macky Sall est donc obligé de composer avec le PS et l’AFP s’il ne veut pas s’exposer à une crise institutionnelle qui résulterait de sa séparation avec ces deux formations politiques. Une situation qui déboucherait forcément sur des élections législatives anticipées.

En outre, même s’ils évitent le sujet arguant que leur priorité est d’accompagner le Président Macky Sall dans sa mission, les Socialistes et les Progressistes déroulent subrepticement et avec beaucoup d’entregent un agenda secret pour l’élection présidentielle de 2017. En effet, ils préparent leurs potentiels candidats en les écartant de la gestion du gouvernement afin de les épargner à l’avenir de devoir être comptable du bilan du Président Macky Sall. Même si leurs partis respectifs ne sauraient s’en dédouaner si le compagnonnage se poursuit avec le chef de l’Etat. Mais il ne faut pas perdre de vue que la présidentielle est une élection uninominale, c’est le rendez-vous d’un homme avec son peuple.

Au PS, on compte sur deux jokers : Khalifa Sall et Me Aïssata Tall Sall respectivement maire de Dakar et de Podor. Leurs réalisations dans leurs localités seront déterminantes pour eux. Sauf qu’à ce propos, le maire de Dakar semble avoir une longueur d’avance sur son éventuelle rivale eu égard au poids économique et démographique de la capitale. Les actes qu’il y pose auront forcément plus d’impact sur l’ensemble de la population sénégalaise dont tous les segments se retrouvent à Dakar. Khalifa Sall a réussi à débarrasser le centre-ville de la capitale de ses marchants ambulants là où même le Président Abdoulaye Wade avait échoué. Ce qui lui vaut une sympathie de plusieurs de ses compatriotes malgré la frustration des déguerpis. Mais il ne faut pas croire que les chances de Me Aïssata Tall Sall sont nulles face à Khalifa Sall. Bien au contraire. L’édile de Podor peut toujours faire valoir ses réalisations dans sa ville comme le stade municipal qu’elle vient d’inaugurer. Avocate émérite, elle a également du charisme. Et à l’heure où au Sénégal les femmes sont promues de plus en plus aux plus hautes fonctions, elle a une bonne carte à jouer dans le gotha des femmes-leaders du Sénégal.

Au niveau de l’AFP, tous les observateurs sont unanimes que Malick Gakou est le dauphin de Moustapha Niasse. Sa sortie du gouvernement semble être dictée par une logique de préparation pour la présidentielle de 2017. Ministre du Commerce, on se souvient qu’il n’avait pas hésité à défier Abdoul Mbaye suite au différend entre les meuniers et les boulangers sur le prix de la farine avant de rendre le tablier quand le chef de l’Etat a tranché en faveur de son Premier ministre. Qui plus est, Maclick Gakou est très apprécié dans la banlieue de Dakar où il est devenu l’incontestable « roi ». Adulé par les sportifs, notamment les lutteurs, adoubé par les musiciens qui rivalisent d’imagination pour chanter ses louanges, Gakou, comme on l’appelle affectueusement, semble imbattable dans la banlieue. Et par effet de ruissellement, sa cote de popularité a maintenant gagné les coins les plus reculés du pays. En fait, à travers les lutteurs et les musiciens, qui ont des inconditionnels partout au Sénégal, il a gagné la sympathie de bon nombre de ses compatriotes.

Cependant, les Progressistes et les Socialistes ont besoin de temps pour mener à bien leur projet. Ils vont devoir affiner davantage l’image de présidentiable de leurs potentiels candidats à la prochaine présidentielle, mais surtout réussir à créer en interne un consensus autour d’eux. Ce qui n’est pas une sinécure à cause des contradictions internes et des appétits des uns et des autres. De son côté, le Président Macky Sall a encore besoin de l’AFP et du PS pour stabiliser son régime. Mais il est clair qu’il les jettera par-dessus bord le jour où il en aura l’occasion. Peut-être pas tous les deux partis en même temps eu égard à la configuration de l’Assemblée nationale.

Le compagnonnage entre le chef de l’Etat et ses alliés Socialistes et Progressistes n’est donc par une idylle. Il est commandé par le contexte politique actuel, mais l’affrontement est inévitable même si on préfère le différer de part et d’autre. Non sans affûter les armes.

Source: rewmi.com

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