mardi, avril 23, 2024

DOSSIER SUR LES MGF A KOLDA : La loi a poussé les exciseuses dans la clandestinité

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 Dans cette contrée du Fouladou, le droit à la santé de la fille et de la femme continue à être bafoué à cause de ces pratiques encouragées par les us et coutumes, l’ignorance et l’analphabétisme entre autres. Ainsi, tout l’arsenal juridique interdisant les mutilations génitales féminines ont fini par installer les exciseuses dans la clandestinité. Conséquences, des fillettes innocentes et sans défenses continuent à subir la loi des lames dans la forêt et parfois au berceau, ceci pour tromper la vigilance des acteurs de la lutte contre ces violences basées sur le genre. Toutefois, ces acteurs préconisent de mettre l’accent sur la  sensibilisation pour venir à bout de ces pratiques néfastes à la santé de la fille et de la femme au Fouladou.

 Les nombreuses campagnes de sensibilisation en faveur de la promotion du droit à la santé de la fille et de la femme n’ont pas eu  raison de l’excision et  des mariages précoces et forcés dans la région de Kolda. Même si, de l’avis des acteurs de la lutte contre ces violences faites aux femmes,  des avancées significatives sont notées compte tenu des déclarations d’abandon enregistrées dans les centres urbains et certains gros villages, la pratique de l’excision reste encore d’actualité notamment en zone rurale, ceci à cause de l’analphabétisme. C’est du moins ce que révèle Madame Awa Kandé Diao, Présidente du comité départemental de lutte contre les violences faites aux femmes, par ailleurs responsable du bureau genre à l’inspection d’académie de Kolda. Ces pratiques ont pourtant des conséquences fâcheuses sur la santé. A en croire le Docteur Mamadou Ba Boiro du cabinet Jamtan, les mutilations génitales féminines et les grossesses précoces constituent les principales causes des accouchements difficiles qui se compliquent,  à long terme chez certaines femmes,  par des fistules.

La loi interdisant l’excision peine à être appliquée

Ces pratiques néfastes à la santé de  fille sont pourtant condamnées par la loi. Des peines de deux à cinq ans d’emprisonnement sont prévues pour le mariage forcé sur une mineure,  contre une condamnation  de 6 mois à Cinq ans pour l’excision, renseigne Abdoulaye Diouf substitut du procureur de la République, près le tribunal régional de Kolda.

 Au Fouladou cette loi contre l’excision peine à être appliquée. Elle a d’ailleurs fini d’intaller les exciseuses dans la clandestinité, selon le coordonnateur régional de l’ONG Umbrella support unit qui lutte contre les mutilations génitales féminines dans la région. Ainsi, des fillettes innocentes et sans défenses continuent à souffrir de l’effet des lames dans la forêt et parfois au berceau, a fait savoir  Seydi Nanco. Une situation confirmée par le bureau genre de l’Académie de Kolda. La responsable régionale soutient que  la pratique de l’excision est encore d’actualité dans la région. Madame Awa Kandé précise que les exciseuses continuent d’opérer en cachette.

Difficultés et point de vue de la religion

Les difficultés rencontrées par les acteurs sur le terrain sont d’ordre sociologique. En effet, les femmes ont du mal à comprendre cette croisade menée contre la pratique de l’excision pendant que la circoncision est acceptée et encouragée partout, a expliqué Seydi Nanco, coordonnateur régional de l’ONG Umbrella Support Unit. Il s’y ajoute qu’aucune femme ne veut être traitée de « SOLIMA ». Un mot mandingue jugé péjoratif qu’on pourrait traduire par porteur de prépuce lorsqu’on parle de garçon non circoncis. Ce terme est malheureusement utilisé à tort pour les femmes non excisées. Ce qui de l’avis de certains acteurs de la lutte encourage la pratique. Ceci pour éviter les moqueries et d’être la risée des femmes excisées et initiées.

Du point de vue religieux, Le mariage forcé n’est pas permis par l’islam et rien n’oblige également les gens à pratiquer l’excision, a indiqué le Khalife général de Saré Mamady. C’est pourquoi, Chérif Léhéibe Aidara invite les fouladounabhé à se conformer à la loi interdisant ces pratiques ceci à cause des risques liés à la santé de la reproduction.

La sensibilisation comme solution pour éradiquer ces pratiques

Le substitut du procureur près le tribunal de Kolda explique l’existence de ces  poches de résistance par l’ignorance de la loi,  notamment en zone rurale. Ainsi, Abdoulaye Diouf invite les acteurs de la lutte contre ces violences faites aux femmes,  à mettre l’accent sur la sensibilisation. Dans ce sillage,  l’Etat du Sénégal et ses partenaires ont initié un livret intitulé argumentaire médical contre l’excision. Un document transcrit en langues nationales, qui va être mis à la  disposition des populations en vue de les sensibiliser davantage sur les dangers liés à cette pratique. La révélation est faite par Kalidou Sy, coordonnateur national de l’ONG TOSTAN. Pour la responsable du bureau genre de l’Inspection d’académie, l’école doit être au cœur de ce combat. A en croire Awa Kandé,  il urge d’aborder cette problématique selon l’approche droit pour sensibiliser les futurs parents.

ismaila.mansaly@koldanews.com

 

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