jeudi, avril 25, 2024

Signes d’émergence économique à Kolda

Ne ratez pas!

Comment appréhender le Rush actuel des investisseurs vers le Fouladou ?

« En partant de sa situation géographique et de ses immenses ressources naturelles (sous sol très riche, bonne pluviométrie, forêt offrant du bois de VEN, de chauffage et du charbon etc.), la région de Kolda donne l’impression d’être le grenier de notre pays, un véritable eldorado ouvert aux investisseurs de tous bords. Ainsi, elle fait de plus en plus l’objet d’une attention particulière de la part de l’Etat et des partenaires au développement. Comment justifier ce regain d’intérêt dans une des régions les plus mal décentralisées au Sénégal ? Je vous invite à percer ce mystère en faisant une radioscopie sans complaisance de notre terroir à travers ses atouts et failles ».

Si vous avez cette capacité à vite remarquer les choses comme moi  simple koldois, ce qui n’est pas pour autant une qualité à magnifier à tout prix, vous tirerez tout de suite la leçon que le Fouladou depuis près de 5 ou 6 ans fait l’objet d’une ruée sans précédent notamment de la part des bailleurs, des ONG qui poussent comme des champignons ; dynamisme des acteurs, actions très intenses des associations de développement qui s’invitent de plus en plus aux instances de prise de décisions (Convention régionale des jeunes), Implication des jeunes dans la sphère politique, un secteur depuis longtemps considéré comme un « no man land » en raison des rapports de forces très chauds entre protagonistes, des mythe et de tout l’arsenal mystique qui entourait ce que l’occident considère comme le signe d’une maturité et de la bonne santé de la démocratie très chère aux peuples aujourd’hui, organisations communautaires de base, Mouvements féminins de plus en plus visibles, investissements et initiatives novatrices de fils de la région en vue, bref tout semble bouger et les frontières de la résistance culturelle au risque de s’écrouler connaissent en tout cas un chamboulement, mais est-ce au plus grand bonheur des Koldois ? Je vous laisse deviner ce qui suit et qu’importe la nature des réponses.

De toute évidence cette révolution silencieuse mérite bien des commentaires même si l’essentiel est ici de savoir si ce retour en grâce affectera les Koldois.

Globalement, les secteurs les plus stratégiques (éducation, infrastructures routières et transports, économie, promotion des droits de la femme et de l’enfant)  ont connu un coup de fouet avec pour conséquences une lente mais visible modernisation de la ville et à des degrés moindres de la campagne, une évolution de nos modes de vies qui chaque jour révèle d’autres facettes.

Comment donner la preuve de telles informations  à l’état d’hypothèses; deux méthodes à notre avis :

  • Consacrer une écoute attentive à la population ou disons simplement aux  Koldois lamda ou aux étrangers qui parfois se prononcent sur le nouveau visage de la cité de Koli Daado ;
  • Une observation minutieuse de la dynamique d’évolution de la ville qui constitue un autre baromètre pour mesurer le niveau de vie et la mobilité des populations. Ces explications sont à priori tellement littéralistes que vous me rétorquerez tout de suite qu’il n’ya rien de rationnel sur tous ces propos.

Ce qui est vrai mais précaution, parfois nos perceptions sont scientifiques et il ne m’appartient pas de vous apprendre que la science est par excellence subjective.

En attendant, je vous épargne de cette digression à la limite stérile mais, pour une lecture très simpliste de cet état de fait, nous pouvons dire qu’une telle configuration est sans risque de se tromper le signe virtuel d’une vitalité de la région, d’une mutation de son environnement mais surtout de son décollage socio économique, politique, social et culturel bref une preuve patente que l’ancien royaume de Moussa Molo Baldé chemine tout droit  vers l’émergence.

Aussi, nous n’avons pas la prétention de faire ici l’historique d’un tel changement mais par devoir de mémoire, nous avons obligation d’aider cette masse de populations à mieux saisir et analyser les transformations qui chaque jour défilent devant leurs yeux et dont elles sont pourtant les principales porteuses.

Les grandes interrogations que nous avons voulues posées à ce sujet sont entre autres:

  • Nos populations ont-elles conscience de cette dynamique d’évolution ?
  • Sont-elles touchées par ces changements dont nous chantons les louanges ?
  • Les mutations dont nous parlons ont-elles un effet induit sur l’assiette de la ménagère ou sur le chômage en général ?
  • Sommes-nous permis de parler de réduction du taux de chômage à cause de cette situation ?
  • Grosso Modo qu’est ce que les Koldois tirent ou ont tiré jusque là de ces énormes opportunités ?

Je ne prétends pas donner réponse à toutes ces questions qui nous interpellent tous. Elles constituent pour tout bon Koldois autant des questions de recherche que des axes d’une problématique, à analyser en profondeur.

Si vous voulez mon opinion sur tout cela, je résume cette situation en parlant d’évolution en dents de scie, autrement dit un choc de paradoxes parfois inexplicables. Faites un peu le tour de la ville ou de la région, votre première remarque sera certainement que la pauvreté est palpable dans le quotidien du langage populaire (difficultés pour beaucoup de ménages à respecter les trois indispensables au quotidien que sont : le petit déjeuner, le repas et le diner). La question de la sécurité alimentaire s’impose avec son cortège de soudures, la mendicité qui concernait une catégorie sociale bien déterminée de la population locale en l’occurrence les talibés est devenue la vache à lait pour jeunes et vieux quand l’agriculture que l’on accuse à tort et à travers d’être le nœud de la survie au Sénégal ne répond plus  à ses promesses faute de professionnalisme et manque d’appui et d’encadrement de la masse paysanne.

Or, il est établi que quand la marmite se vide, le tissu social se désagrège, les liens se distendent, la question de la survie devient notre unique préoccupation de jour comme de nuit, la famille perd ses repères les plus authentiques, ses fonctions (production, socialisation, économie etc.) s’envolent et on chemine tout droit vers ce que les psycho-éducateurs appellent le phénomène du « nid vide ». Dans le Fouladou authentique, non sans être témoins des faits, la petite histoire nous enseigne pourtant que la file de fumée qui s’échappe des cuisines et le retentissement sans arrêt des pilons accompagné du gazouillement des oiseaux étaient les signes d’une abondance prenez ce mot dans tous ses sens.

Sans me répéter, je reviens vous demander si le panier de Aicha ou le grenier de Samba se portent bien ? Nous avons voulu juste prendre cet exemple en guise d’illustration d’une situation plus générale et préoccupant au plus haut degré la population générale. En revanche, le revers existe. Pour illustration, nous avons le Millénium Challenge Account (MCA) connu presque de tous avec le projet de construction de la route nationale numéro 6 allant de Vélingara à Ziguinchor en passant par Kolda. Ce gigantesque joyau a aujourd’hui permis même s’il est à ses tout débuts à une frange très importante d’accéder à des emplois appropriés aux compétences locales (manœuvres, maçons, menuisiers, relais de sensibilisation des populations et autres métiers), un exemple d’action d’envergure qui valorise l’expertise locale et permettra à coup sûr à plusieurs ménages de garder le sourire ne serait-ce que pour deux ans.

Pour que ce mot que nous appelons Développement ait tout son sens, il faut que toutes actions envisagées soient portées par les bénéficiaires qui sont d’ailleurs les principaux acteurs ciblés et que l’on sente une réelle appropriation des activités de leur part. Est-ce vraiment le cas ? L’histoire nous édifiera.

Mais souvenons-nous de ces propos de Victor Hugo et faisons en une belle leçon de vie.

« Quand la mémoire va à la recherche du bois mort, elle apporte le fagot qui lui plait ».

« Réflexion à suivre dans les prochaines parutions »

Ghansou Diambang,
Sociologue et travailleur social
Enda Santé Kolda : 77 617 48 12

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