vendredi, avril 19, 2024

Une salle de prière musulmane ravagée par un incendie à Ajaccio

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Une salle de prière musulmane d’Ajaccio a été ravagée très tôt samedi matin par un incendie très probablement d’origine criminelle, un acte condamné sévèrement par les autorités de l’île et le gouvernement, qui a assuré « sa détermination » pour rechercher les auteurs.

Le sinistre s’est déclenché vers 04H30 et a été découvert vers 05H00 dans cette salle de prière située à l’entrée d’Ajaccio, dans le quartier de Mezzavia, l’une des deux plus importantes de la commune. Les pompiers ont pu rapidement maîtriser l’incendie.

Les murs noircis de l’édifice situé derrière le stade de football de l’équipe du Gazélec Ajaccio tenaient encore debout samedi, a constaté une correspondante de l’AFP, mais l’ensemble, désormais interdit d’accès par la police, était très fortement endommagé.

L’enquête ouverte pour dégradation par incendie a été confiée à la police judiciaire et aux enquêteurs de la sécurité publique.

Très tôt, le procureur de la République à Ajaccio, Eric Bouillard, a indiqué que la piste criminelle était privilégiée, ce qu’a confirmé dans un communiqué le préfet de Corse Christophe Mirmand, qui avait évoqué samedi matin sur place « des traces d’hydrocarbures » découvertes lors des premiers relevés.

Les enquêteurs corses ont reçu en milieu d’après-midi le renfort d’une équipe technique spécialisée de Marseille pour mener des investigations supplémentaires.

– « détermination du gouvernement » –

Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fait part de sa « solidarité aux musulmans de Corse ». « Si l’origine criminelle est confirmée elle donnera lieu à la recherche active des auteurs, qui devront répondre de cet acte inacceptable devant la justice. Le ministre de l’Intérieur rappelle la détermination du gouvernement à assurer la protection de tous les lieux de culte, et à assurer la liberté de culte partout sur le territoire », a-t-il ajouté.

« Les dégâts sont très, très importants », a déploré auprès de l’AFP Abdallah Zekri, le président de l’Observatoire contre l’islamophobie, qui « condamne avec force cet acte vil et odieux ».

Le bâtiment sert régulièrement à accueillir des jeunes pour des cours de soutien, a expliqué à l’AFP un fidèle, déplorant que « 140 enfants » ne pourront pas être reçu dimanche.

En fin de matinée avait été installé une petite pancarte sur la clôture entourant l’édifice, écrite en arabe. « Il s’agit d’une invocation quand il arrive un malheur », a expliqué un autre habitué de la mosquée.

M. Zekri demande aux autorités « en qui (il a) toute confiance » de « faire toute la lumière sur cet évènement afin d’éviter l’escalade de la violence ». « Il y a des gens qui veulent à tout prix mettre en péril le vivre-ensemble », a-t-il regretté, tout en appelant au calme.

Les dirigeants de l’île, le président autonomiste de l’exécutif Gilles Simeoni et le président indépendantiste de l’Assemblée territoriale Jean-Guy Talamoni, ont fait part dans un communiqué commun de leur « consternation ».

« S’en prendre à un lieu de culte est un acte incompréhensible et inacceptable, contraire aux valeurs fondamentales du peuple corse, et notamment à la tradition multiséculaire de tolérance religieuse héritée de Pasquale Paoli (philosophe et homme politique considéré comme le père de l’identité corse, ndlr) », ont-ils ajouté.

– « Actes intolérables » –

Ce sinistre survient quelques mois après les débordements racistes et antimusulmans qui avaient accompagné les manifestations ayant suivi l’agression de pompiers attirés dans un guet-apens dans le quartier populaire des Jardins de l’Empereur le soir de Noël à Ajaccio.

Une salle de prière musulmane, située à proximité des Jardins de l’Empereur, avait notamment été saccagée et des exemplaires du Coran partiellement brûlés. Des slogans comme « Arabi fora » (les Arabes dehors, ndlr) ou « On est chez nous » avaient été scandés au cours de ces défilés dans le quartier populaire.

Après ces incidents, quelques actes antimusulmans ou racistes avaient encore été enregistrés dans les semaines suivantes, notamment le dépôt d’une dépouille de sanglier devant une salle de prière musulmane, et des graffitis « les Arabes dehors » au bord des routes.

Dans un communiqué, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a de son côté condamné « avec la plus grande vigueur ces actes intolérables qui visent des lieux de culte, lieux de prière et de sérénité ».

Le CFCM s’est dit « profondément choqué par cette nouvelle attaque qui intervient quatre mois après le saccage d’une autre mosquée à Ajaccio au mois de décembre dernier » et « exprime son total soutien aux responsables et aux fidèles de la mosquée d’Ajaccio ».

Source: RTLInternational

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