jeudi, mars 28, 2024

Entretien avec Ousmane Seck chanteur, et proche de Thione Seck

Ne ratez pas!

C’est avec le titre « Droit de l’Homme » que le leader du groupe Ouz band a marqué ses débuts dans le paysage musical. Même si certains l’avaient déjà découvert lors des premières parties de certains musiciens, c’est avec ce single que le grand public a découvert le frangin de Thione Ballago Seck. Dans une tenue traditionnelle toute blanche, Ousmane Seck a accueilli avec grande joie l’équipe d’EnQuête. De ses activités à la situation carcérale de son grand frère, le chanteur passe d’un instant de rire à des moments d’émotion… Ousmane Seck, chanteur:

Cela fait un moment qu’on ne vous voit plus, où étiez-vous ?
Je travaillais dans mon coin. Car si on veut faire un bon produit, il faut se cacher et travailler. Ainsi quand on sort un album, tout le monde saura que des efforts ont été consentis et des sacrifices faits. C’est comme cela que je conçois les choses. D’habitude, quand je sors un album je reste longtemps avant d’en sortir un autre. Je veux que mes albums fassent du chemin et soient bien consommés. D’ailleurs, les plus grands musiciens du monde adoptent cette stratégie. C’est le cas des artistes américains et anglais par exemple. Et à chaque fois qu’ils sortent leurs produits les gens le consomment. Mais malheureusement, c’est le contraire en Afrique. La durée de vie d’un album varie entre 1 et 2 ans. Après, l’album est rangé dans les tiroirs. C’est pour cela que je ne suis pas pressé.

Vous étiez en tournée Européenne alors que vous êtes absent au niveau national, qu’est-ce qui justifie ce choix de se produire à l’étranger ?
Nous avons nos propres réalités. Nous avons un public amateur. En d’autres termes, les produits qui sont mis au devant de la scène musicale sénégalaise en général ne sont pas de bonne qualité. A cela s’ajoute le fait que les Sénégalais ne savent pas consommer un album pendant une longue durée. Le succès, aussi éclatant soit-il, généralement est éphémère. C’est pour cela que certains artistes se précipitent pour mettre sur le marché de nouveaux produits afin qu’on ne les oublie pas. C’est à cause de cela que les albums se succèdent de manière fréquente. La concurrence y est donc pour beaucoup. Maintenant, si toi tu as ta logique ou une autre vision qui n’est pas la leur, il te faudra faire doucement, prendre du recul car le succès risque de ne pas faire long feu. L’artiste doit être conscient qu’il a une carrière à gérer. Par conséquent, il ne doit en aucun cas suivre ce qui se fait aujourd’hui. Il y a des artistes qu’on n’entend plus parce qu’ils ont mal géré leur plan de carrière. Ils veulent souvent être au-devant de la scène vaille que vaille. Ils veulent chaque mois sortir une nouvelle chanson pour marquer leur présence. Ce qui n’est pas mon cas. Personnellement, je prends tout mon temps pour bien faire les choses. S’agissant de la tournée, cela fait trois ans que je ne suis pas sorti du territoire national. J’ai pu faire ces concerts à l’étranger grâce à l’association sénégalaise nommée « Mbollo Inetiamé » basée en Italie. Elle a organisé un festival de deux jours auquel j’étais invité. J’hésitais entre partir ou rester au début. C’est après que ma femme et quelques membres de mon staff m’ont convaincu d’y aller pour renouer des contacts et rebondir sur le plan international. Lors de cette tournée, j’ai fait 4 prestations dont 3 en Italie et une en France. Alhamdoulilah, j’ai fait beaucoup de rencontres et de nouvelles opportunités s’offrent à moi aussi. Aussi court qu’a été le séjour, cela m’a permis d’acquérir une certaine expérience tout de même.
Mais est-ce que vous jouez dans des endroits de la place ?
Je joue presque tous les jours dans des clubs de la place. Auparavant, je jouais tous les mardis et mercredis au Madison. Mais actuellement, il y a quelques soucis au Madison sur lesquels je ne peux ni ne veux me prononcer. Parce que je n’étais qu’un simple employé du Madison. Alors je ne connais pas les vraies raisons de sa fermeture. Je peux juste dire que je ne joue plus là-bas. Par contre, je continue à jouer dans d’autres lieux à Dakar.

Aujourd’hui où en êtes-vous dans la prise en charge de votre carrière ?
Ma carrière évolue normalement. Je joue régulièrement. En ce moment, je suis en train de préparer le troisième anniversaire de mon groupe. Il y a un album en cours qui est en studio. Nous comptons aussi faire une autre tournée internationale avec mon groupe. Nous avons programmé d’organiser notre anniversaire le 11 décembre 2015, mais comme je viens d’une tournée de deux mois, j’ai été obligé de décaler la date.
Nous avons remarqué un certain ralentissement dans votre carrière alors que vous avez du talent et une expérience dans la musique, qu’est-ce qui ne marche pas ?
D’abord il faut savoir qu’au Sénégal, pour que les gens aient de vos nouvelles, il faut que vous soyez présent dans les médias et faire partie d’un label qui possède une télévision, un journal ou une radio. Mais il te faudra aussi te conformer aux règles de ce label qui te dira quoi faire et ce qu’il ne faut pas faire aussi. En général, un label a ses propres animateurs qui organisent les concerts pour leurs propres artistes. Donc, c’est évident que ce sont eux qu’ils mettent le plus au-devant de la scène. Dans mon cas, je fais ma propre promotion parce que je suis indépendant. Cependant, il y a des télés qui mettent au même pied tous les artistes. Il y a des télévisions et des radios qui ne font pas cette différence entre les artistes du groupe et les autres. Nous sommes au Sénégal et nous savons ce qui se passe dans le pays. Je rends grâce à Dieu, le talent est bien là. Si c’est de la connaissance également j’en ai pas mal. Donc il n’y a pas de raison pour que ça ne marche pas comme je le veux. Mais quelque part je comprends pourquoi les choses se passent d’une certaine façon. La seule chose qui peut expliquer cette situation est que je ne suis pas dans un label. Pour tout ce que je fais, il faut que je débourse de l’argent moi-même. Je ne suis pas comme les artistes pour qui on arrange tout. On fait tout pour eux. Je n’ai pas cette chance et je me contente de ce que j’ai. Je ne m’en plains pas.

Mais ne devriez-vous pas dépasser ce stade aujourd’hui ?
Même si cela ne marche pas comme je veux, les choses vont bien quand même. Parce que si faire une carrière, c’est se produire en live avec des prestations ici et là, je suis dans cela. Si aussi faire une carrière, c’est être présent dans les médias je peux y être. Seulement, je ne désire pas faire des sorties pour ne rien dire parce que trop de promotion tue aussi la communication. Au Sénégal, il est facile de mettre un artiste sous les feux des projecteurs pendant un bout de temps. Mais cela ne dure généralement que le temps d’une rose. Après on prend un autre artiste pour en faire autant. C’est pour cela que moi, j’ai opté d’y aller doucement. Je me contente de ce que j’ai mais je ne dors pas non plus sur mes lauriers. Et je n’attends aussi personne. Je suis dans mes activités et je suis bien patient parce la musique est un long chemin. J’ai vu beaucoup d’artistes qui se sont imposés aux médias et ils en ont subi les conséquences. Pour moi ce genre de chose est à éviter. Moi quand je décide de faire des sorties médiatiques c’est pour dire des choses importantes. J’ai beaucoup de choses à faire. Maintenant, cela va de soi, c’est mon avis, ça n’engage que moi.
Votre frère Thione Ballago Seck qui a joué un rôle capital dans votre carrière musicale a été incarcéré depuis juin dernier pour détention de faux billets de banque. Comment vivez-vous cela ?
On l’a tous appris au même moment et cela fait mal à tout le monde. L’incarcération de Thione Seck ne peut être que triste pour tous les Sénégalais eu égard à tout ce qu’il a fait dans la musique. Toutefois, l’on considère que c’est la volonté divine. Aussi, il y a toujours des hauts et des bas dans la vie et on l’accepte. Il y a la vie et la mort, le bonheur et la tristesse, l’échec et la réussite. Ainsi va la vie. Les choses se succèdent et ne ressemblent guère. On est appelé à vivre avec ces conditions. Il n’y a pas longtemps, des artistes nous ont quittés et personne ne peut dire que ce n’est pas la volonté divine. Ceux qui vivent toujours n’ont rien fait pour rester ici. Donc on doit tout remettre entre les mains d’Allah tout en comprenant que si on échoue ici, on réussira ailleurs. C’est le destin et tout croyant doit pouvoir accepter ce que Dieu a décidé. Maintenant, prions pour que le mal disparaisse à jamais. Thione Seck a un bon moral d’ailleurs ce que je dis, ce sont entre autres ses paroles à lui. Quand je lui rends visite, il me dit que c’est une chose qui devait arriver et que si ce n’était pas ce pour quoi il a été arrêté, ça allait être autre chose. Il croit fermement que ce qui lui arrive résulte de la volonté divine. Donc, rendons grâce à Dieu.

Le croyez-vous capable de ce dont on l’accuse ?
L’enquête est en cours et je ne peux pas répondre à la place de la justice. Nous sommes du même père et de la même mère donc, c’est le même sang qui coule dans nos veines. Ce qui lui arrive ne peut alors que me toucher au plus profond de moi même. Durant toute ma tournée européenne je n’ai pas vécu de grands moments de bonheur à cause de ce qui lui est arrivé. Cela me touche et touche tout le monde. Au cours de mes déplacements en Italie, en France, ici à l’aéroport de Dakar, des religieux et de simples Sénégalais dans l’avion m’ont approché pour compatir à ma douleur et celle de ma famille. Cela veut dire que tout le monde est avec nous et c’est assez signifiant. Des gens que je ne connais même pas m’appellent pour me dire qu’ils connaissent des marabouts qui peuvent prier pour que Thione rentre chez lui. Des gens qui se soucient de lui alors qu’ils ne le connaissent pas du tout, mais cela témoigne de l’amour qu’ils ont pour lui.

A l’image de Ballago, vous aussi avez un enfant chanteur. Où en est sa carrière ?
Mandiaye est avec moi à Ouz Band. Il fait les premières parties de mes soirées. Il fait son chemin, prions pour qu’il ait une bonne carrière parce qu’on est dans une famille griotte. Ce qu’il fait avec moi actuellement, c’est ce que je faisais avec la chanteuse Fatou Guewel, mes frères Mapenda et Thione Seck. Il assure mes premières parties. La musique ou la belle voix est un don que Dieu donne à l’être humain. Dans ma famille, tout le monde ne chante pas ou du moins tout le monde n’a pas une belle voix et ceux qui ont eu ce don en profitent.

Où en êtes-vous avec votre prochain album et à quoi est-ce qu’on peut s’attendre ?
Je ne peux pas me prononcer sur la date de la sortie de mon album actuellement parce que comme on dit « l’homme propose et Dieu dispose ». Mais en tout cas, la sortie se fera avant le troisième anniversaire et il y aura au minimum 14 ou 15 morceaux. On compte y intégrer des titres de Mandiaye Seck. C’est mon fils et je l’encadre. Puisqu’il a rejoint son père dans ce qu’il fait, c’est à moi de m’occuper de sa carrière. C’est pour cela que désormais on fera tout ensemble. Il me faut lui trouver un bon plan de carrière. L’album pourrait aussi comporter 20 morceaux. On ne sait jamais. Mais sachez tout de même que ce sera avant la date d’anniversaire et que ce sera du lourd.
Après votre duo avec la chanteuse Pierrette Adams, avez-vous eu une occasion de faire un autre duo avec un artiste africain ?
Oui il y a un artiste camerounais qui m’a appelé quand j’étais en France pour me dire qu’il voulait faire un duo avec moi. J’ai accepté car je me suis dit que mon featuring avec Pierre Adams a dû lui plaire pour qu’il me contacte. Mais depuis lors, je n’ai pas eu de ses nouvelles.

EnQuête

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