Serigne Dia dit Bombardier a encore surpris son monde samedi dernier au stade Demba Diop en battant le lutteur le plus populaire de l’arène Modou Lô et… de fort belle manière.
L’actuel roi des arènes a ainsi confirmé son statut de leader et réussi sa première sortie. Une chaise royale qu’il n’est pas prêt à céder au premier venu. En clair, le B52 de la lutte sénégalaise compte garder la couronne jusqu’à sa retraite. Concernant ses potentiels adversaires, Bombardier se dit prêt surtout pour Eumeu Séne mais aussi Gris Bordeaux et Tapha Tine.
Vous avez confirmé votre statut de leader dans l’arène samedi dernier contre Modou Lô. Un grand exploit pour les amateurs de lutte. Quel est alors votre sentiment après cette victoire ?
Avant tout je rends grâce à Dieu. Je remercie mes parents, mes amis et j’encourage Modou Lô. C’est un grand champion. Il n’a pas démérité. Il a fait preuve de courage même s’il a perdu le combat. Cette défaite ne doit nullement l’affecter alors. Car c’est la loi du sport. J’ai remporté la victoire et je remercie Le Tout Puissant.
Modou Lô vous a malmené lors de votre confrontation. Vous vous y attendiez ?
Absolument. Je savais que ce combat n’allait pas être facile pour moi. D’ailleurs je croyais que le combat allait durer plus longtemps que prévu. Je m’attendais aussi à la bagarre. Je m’étais cependant préparé en conséquence. C’est surement ce qui m’a permis de tenir le coup.
Pouvez-vous revenir sur le film du combat ?
Vous savez, je n’ai jamais douté de ma victoire dans ce combat. Je savais également que c’était un duel dangereux et risqué. Lorsqu’on arrive à un certain niveau dans la lutte, on dérange forcément. Et cela m’a un peu compliqué la tâche. Aussi souvent dans un combat entre deux lutteurs de poids différents, les amateurs ont tendance à soutenir le plus faible. Ce qui est normal. J’avais tout prévu.
La preuve, quand l’arbitre a donné le coup d’envoi, j’ai surveillé mon adversaire. Il a fait quelques déplacements pour me déstabiliser. Mais je suis resté serein. On a débuté les hostilités alors presque simultanément. L’arbitre est intervenu parce que j’étais touché. A la reprise, la bagarre a continué et c’est dans le troisième round que je l’ai battu. Ce qui m’a plu dans ce duel est que tout le monde croyait que ça allait finir dans la bagarre.
Finalement je l’ai battu dans la lutte pure. Je le dis et je le répète, je suis pétri de qualités. J’ai eu des échos comme quoi la prise que j’avais utilisée pour battre Baboye, si je le refais contre lui, il va passer dans les flancs pour me battre. Mais les gens ne savaient pas que mes sparring-partners avaient la même taille que Modou Lô. J’ai tout révisé et je crois l’avoir montré. Je savais qu’il s’attendait à cela et j’ai pris les devants.
Modou Lô vous a touché dans l’œil. Est-ce que cela n’a pas failli gâcher votre combat ?
On a dit lutte avec frappe. Tout est possible dans un sport de combat. On peut saigner, perdre une dent, être Ko. Tout peut arriver entre deux colosses qui se battent à mains nues. J’ai encaissé ce coup, mais cela ne m’a pas ébranlé. On voit pire dans les entrainements. Et cela fait partie de cette discipline. Si quelqu’un ne veut pas qu’on le frappe, il n’a qu’à changer de discipline.
Vous avez sans doute entendu beaucoup de choses avant le combat, du genre Modou Lô est très technique et mystique. Comment avezvous géré cette pression ?
J’ai un mental d’acier. Je l’avais dit lors de l’open-presse. Au Sénégal, dès qu’il y a un combat, on voit beaucoup de spécialistes. On a entendu du tout. Mais cela me laissait de marbre. Je suis imperturbable. Modou lo est certes un grand technicien et un lutteur très mystique, mais je ne suis pas n’importe quel lutteur aussi. Sur le plan mystique je ne crains personne. J’ai battu les plus grands techniciens de l’arène dans la lutte pure. Je n’ai jamais mis un lutteur Ko.
Vous avez remporté cette victoire pour faire taire vos détracteurs visiblement ?
Non ! Je ne lutte pas pour faire taire mes ennemis. Je me bats pour ceux qui m’aiment et me supportent. Quand on affronte un lutteur aussi populaire que Modou Lô, on entend du tout. Mais, je me souci plus de mon plan de carrière. Je ne m’attarde pas sur certains propos.
Avez-vous reçu le reste de votre avance ?
Je le dis et je le répète. Le promoteur a fait beaucoup d’efforts pour organiser ce combat, mais il reste encore. L’honneur qu’on a eu pour respecter notre part du contrat malgré toutes les peines du monde, il n’a qu’à faire pareil pour nous donner notre argent. Makhtar Diop a intérêt à tenir sa parole. Je l’avertis car je ne veux pas qu’on nous entende. Il n’a qu’à respecter ses engagements pour éviter tout malentendu.
D’après certains, vous êtes le bourreau de la nouvelle génération pour avoir battu Balla Gaye 2 et Modou Lô. Qu’en pensez-vous ?
(Rires). Cela n’engage que ceux qui le disent. Je les ai devancés dans l’arène, mais nous sommes de la même génération. Et je veux rivaliser avec les jeunes pour le reste de ma carrière.
Vous ciblez qui actuellement ?
Quels sont les combats que réclament les amateurs de lutte ?
Votre duel contre Eumeu Sène ?
La balle est dans son camp. Que les promoteurs discutent avec lui. Je suis prêt. Si cela ne dépendait que de moi, j’aurais une avance d’ici deux semaines. Je n’ai pas de problème d’adversaire. Il n’y a pas que lui. Il y a Gris Bordeaux, Tapha Tine et les autres.
Et Yakhya Diop Yékini ?
Il avait dit qu’il n’allait plus m’affronter. Donc, allez lui demander s’il veut toujours se mesurer à moi. Je vous donnerai ma position après sa réponse.
Pourtant, il est revenu sur ses propos. Il a dit qu’il veut vous affronter pour sauver la lutte. Êtes-vous partant alors ?
(Il coupe). La lutte marche sans lui. Cela fait trois ans qu’il n’a pas lutté et pourtant l’arène vibre toujours. Il n’est pas le sauveur de l’arène, sinon la lutte allait mourir depuis longtemps. On assiste à des combats alléchants sans Yékini. Donc il veut sauver sa peau, c’est tout. S’il retire publiquement ses propos, je saurai quoi faire.
Vous avez promis d’expliquer aux amateurs pourquoi ce combat vous tenait tant à cœur après le 25 juillet. C’était quoi au fait ?
Vous savez, Modou Lô n’était pas mon seul adversaire. Je luttais avec d’autres adversaires tapis dans l’ombre. Il y avait de mauvaises choses qui entouraient ce combat. C’est pourquoi je me suis entrainé comme un fou pour remporter la victoire.
Quand on est le » roi des arènes », on dérange. Il y a choses qui ne plaisent pas dans l’arène. Mais il faut être tolérant. Il faut aussi gérer toute énergie négative et avoir un esprit de dépassement.
Quand je l’avais acquis (le titre de roi des arènes) la première fois, j’étais jeune et je ne savais pas où mettre les pieds. Maintenant, j’ai grandi. Ce titre me tient à cœur et je veux partir en retraite avec.
Avez-vous effectué les contrôles antidopage samedi ?
Non, moi je ne l’ai pas fait. Moi, j’étais prêt comme je l’avais dit. Ce n’est pas un problème pour moi. Sur ce plan je n’ai pas de problème.
Actuellement vous êtes en vacances ou pas ?
Non. Moi, je n’ai pas de vacance.
Je n’ai pas le temps. Je vais me reposer pendant une semaine avant de reprendre les entrainements. Nous sommes des professionnels, il faut se maintenir et attendre des offres.
Avez-vous appelé Modou Lô ?
Pas encore, mais je vais le faire pour l’encourager et surtout le féliciter. C’est un guerrier. Il n’a pas démérité. Il a rempli sa part du contrat. Il a bien lutté, fait son show et ne m’a pas manqué de respect. C’est un lutteur que j’adore et que je respecte beaucoup. Il a du courage. Malgré son gabarit, il fait partie des Vip grâce à son travail.
Moi, je vais le câbler et s’il faut même se déplacer pour aller le voir, je le ferai. Il a encore de l’avenir dans l’arène. Il est jeune. Dans ces moments difficile, il doit avoir un mental d’acier. Il a amené beaucoup de force, mais c’était un jour sans pour lui. Qu’on ne cherche pas la petite bête pour expliquer cette défaite. Je lui conseille de reprendre ses entrainements afin de décrocher un autre combat.
Source : LeSoleil