Le Fouladou est deuil avec le décès de Yéro Pira Baldé. Grâce aux différentes actions qu’il a menées sur le terrain, le défunt fut un des grands serviteurs non seulement de la communauté peulh mais aussi de l’ensemble des citoyens de la région de Kolda. Il laisse derrière lui un riche héritage culturel et littéraire.
C’est avec une très grande tristesse et une profonde consternation que les populations du Fouladou ont appris le rappel à Dieu de Yéro Pira Baldé ce 23 juin 2015 à 3h du matin à Dakar où il fut inhumé aux cimetières de Pikine. Né dans les années 1920 à Pira dans le département de Vélingara, le défunt entra en 1935 à l’école primaire de Kaoné, une localité proche de son village natal, ensuite au Collège Régional d’Enseignement de Sédhiou en 1939 et y obtint son CEP en 1943. En septembre 1943, YPB intègre l’école d’agriculture de Louga d’où il sortit major de sa promotion en 1946. Recruté comme moniteur d’agriculture au Cercle de Sédhiou, il perdit son emploi en 1949 suite à un différent avec les colons. Après, tout en exerçant divers emplois, à Dakar, il obtint son brevet d’étude en 1952. Puis, il devint instituteur adjoint temporaire et révocable à Pikine-Dagoudane. Soucieux de partager ses expériences et ses connaissances avec les siens du Fouladou, il obtint, en 1968, une affectation à l’école Yéro Takko Baldé (ex école 2) de Kolda dont il fut par la suite le directeur d’octobre 1972 jusqu’à son départ à la retraite en 1987. Parallèlement à sa fonction d’enseignant, YPB encadrait les jeunes Koldois dans le domaine du théâtre, comme ce fut le cas à Dakar, avec la création d’une troupe dans cette dite école au moment où ce genre littéraire n’était pas, tellement, développé dans la commune de Kolda. A la retraite, il ne cessait d’animer, parfois, des manifestations théâtrales. En outre, YPB fit de la promotion et du développement de la langue « pulaar » son combat permanent. Grâce aux résultats de ses recherches en « pulaar », il impressionna un grand nombre de peulhs d’ici et d’ailleurs. Sur ce, il ne laissait personne indifférent. Cependant, sur une vingtaine d’ouvrages en « pulaar » et en français écrits de sa main, seuls deux sont publiés. Il s’agit du « martyre du colonialisme » et d’un livre de grammaire « pulaar » en sus d’un recueil de poèmes et d’une pièce de théâtre de la même langue. Portant sur Alpha Molo Baldé, la dernière œuvre remporta le prix du chef de l’Etat en 1975.Selon l’inspecteur de l’éducation par ailleurs conseillé technique au ministère de l’environnement et du développement durable, Idrissa Baldé, YPB fut ‘un combattant pour l’alphabétisation’. A ce titre, il constitue, entre autre, avec feu Pathé Waré Baldé, El-Hadj Tanou Kandé, Mamadou Baldé dit Guido Légnol les pionniers de l’alphabétisation en « pulaar » dans le Fouladou sous la bannière de l’Association pour la Renaissance du Pulaar dont YPB en fut le premier président régional. A leur actif, plusieurs sites d’alphabétisation ont été créés dans le département voire dans la région de Kolda. Sur le plan politique, YPB fut un membre du PRA Sénégal, de l’UPS puis du PS avant de militer au PDS antérieurement à l’accession de ce parti au pouvoir en 2000. Fervent musulman, YPB fit son pèlerinage à la Mecque en 2003. Ce décès d’YPB est pour l’ensemble des peulhs du Fouladou et d’ailleurs une grande perte en ce qu’il était l’un des plus grands défenseurs de la langue « pulaar » et de la culture peulh aussi bien au niveau régional que national. Que la terre de Pikine lui soit légère et que le Tout Puissant l’accueille dans son Paradis.
source: Aliou DIAO
harouna.balde@koldanews.com